Coopération algéro-nigériane : Bâtir des passerelles avec l’Afrique subsaharienne
La coopération algéro-nigériane connait une dynamique soutenue. Cette dernière s’est traduite par la mise en place d’un groupe parlementaire d’amitié, la signature d’un accord bilatéral en 2022 portant création d’un Conseil d’affaires pour développer des projets dans divers domaines ainsi que la conclusion de mémorandums pour la réalisation du projet du gazoduc transsaharien, la route transsaharienne et la dorsale transsaharienne à fibre optique liant Alger à Abuja.
La coopération entre les deux pays a connu un développement rapide ces dernières années, notamment à travers un intense échange de visites, la création de mécanismes bilatéraux, et la conclusion d’accords permettant à ces deux grands pays africains qui partagent les mêmes visions sur les questions régionales et internationales de renforcer leur partenariat économique et de réaliser des projets stratégiques pour l’intégration continentale. Il faut savoir que les deux pays jouissent d’une position stratégique et géopolitique en Afrique. L’Algérie et le Nigeria disposent de richesses en ressources naturelles qui favorisent la construction d’un partenariat solide avec des projets communs en vue de renforcer la coopération économique et de promouvoir les échanges commerciaux. L’intense activité officielle marquée par un échange de visites de délégations ministérielles, de parlementaires et de chefs d’entreprises entre les deux pays favorise les mécanismes de coopération et les grands projets structurants mis en place par les deux pays. Ce rapprochement politique entre les deux pays est conforté aussi par d’autres visites de délégations officielles et d’affaires, notamment celles effectuées par des ministres en charge des secteurs économiques, de responsables d’entreprises, en plus de l’importante visite qu’effectuera, à partir de ce dimanche et jusqu’au 21 mai, une délégation de l’Institut nigérian des études politiques et stratégiques nigérian (NIPSS). La coopération bilatérale repose également sur le fait que l’Algérie et le Nigeria sont membres de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Plusieurs accords ont été conclus entre les deux pays. Intéressée par le domaine des services, le numérique et l’économie de la connaissance, l’Algérie ambitionne d’investir le marché nigérian et peut répondre aux exigences du marché nigérian en exportant divers produits tels que les produits agricoles, pharmaceutiques, industriels et du textile. Entre l’Algérie et le Nigeria les relations commerciales ont connu une évolution. Le volume des échanges entre les deux pays a connu une croissance importante, s’élevant à 111,35 millions de dollars en 2022, contre seulement 1,8 million de dollars en 2021.
TSGP : un œuvre africaine majeure
En matière d’énergie, le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab et le ministre d’Etat nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva, ont tenu, au cours de l’année 2022, plusieurs réunions dans le cadre du projet du gazoduc Algérie-Niger-Nigeria (Trans-Saharan Gas-Pipeline, TSGP), en plus d’une concertation permanente dans le cadre de l’alliance Opep+ et l’Organisation des producteurs africains de pétrole (APPO). A propos du TSGP, et afin de sceller l’accord pour la réalisation de ce méga projet qualifié par le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, « d’œuvre africaine majeure », un mémorandum d’entente a été signé en juillet dernier à Alger à l’issue de la 3e réunion ministérielle tripartite Algérie-Niger-Nigeria. Pour rappel, le TSGP devant relier le marché européen aux champs gaziers du Nigeria via l’Algérie et le Niger en traversant les territoires de trois pays- Nigeria (1.000 km), le Niger (850 km) et l’Algérie (2.300 km) est d’une longueur de 4.200 km. Les études de réalisation de ce gazoduc sont à un « stade très avancé ». Il ne reste que 1.800 sur 4.000 km à réaliser de cette structure, comme l’affirme Arkab. Outre ces accords, l’Algérie et le Nigeria se sont engagés à réaliser d’autres projets importants. Il s’agit de la route transsaharienne et la dorsale transsaharienne à fibre optique. D’une longueur de près de 10.000 kilomètres, dont plus de 8.000 km sont actuellement bitumés et livrés, la route transsaharienne traversera 6 pays, à savoir l’Algérie, la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Nigéria. La transsaharienne est entrée dans sa « dernière phase » de réalisation, a précisé la Banque africaine de développement (BAD), dans un récent rapport, qualifiant cette route « d’essentielle à l’avènement de la ZLECAF ». L’autre projet de la dorsale transsaharienne à fibre optique s’agit d’une ligne réalisée en parallèle avec la route transsaharienne. Elle s’étale sur une longueur de 4.500 kilomètres. Ces projets structurants, initiés dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) de l’Union africaine (UA), devaient contribuer à concrétiser une véritable intégration africaine. Les deux pays se sont engagés d’apporter tout leur soutien à la réalisation de cette dorsale, lors de la dernière session du Comité chargé de la réalisation de cette liaison, tenue en juillet dernier.
Hocine Fadheli