Sahara occidental : Sanchez se retourne contre le Makhzen
Le soutien supposé du chef du gouvernement espagnol aux prétentions marocaines sur le Sahara occidental n’aura pas duré. A la tribune de l’ONU, Pedro Sanchez a assuré que l’Espagne est favorable à solution politique « acceptable par les deux parties » pour le conflit au Sahara occidental, de même qu’il a affiché le soutien de l’Espagne à l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan di Mistura.
C’est un nouveau camouflet pour le Makhzen lequel voit les manœuvres qu’il a lancées pour faire admettre ses prétentions sur le Sahara occidental échouer lamentablement. C’est ainsi que le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, lequel a un temps cédé au chantage du régime marocain pour rompre avec la position historique de l’Espagne pour soutenir les causes marocaines, revenir sur ce soutien et appuyer une solution onusienne du conflit au Sahara occidental. Un appui qui n’aurait de toutes les manières pas dû remis en cause à aucun moment par le gouvernement Sanchez, au regard de la position dominante au sein de la classe politique espagnole à ce propos.
Lors de son intervention lors du débat général de la 78e session de l’Assemblée générale (AG) de l’ONU, Sanchez a plaidé pour “une solution politique” au conflit en cours autour du Sahara occidental, une solution qui soit “acceptable par les deux parties”. Il a mis l’accent sur le soutien de son pays à “une solution politique acceptable par les deux parties, dans le cadre de la charte de l’ONU et des décisions du Conseil de sécurité”. Sanchez a, également, exprimé le soutien de l’Espagne aux efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général (SG) de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan di Mistura, qualifiant ses efforts d’”action décisive” pour parvenir à une solution au conflit en cours au Sahara occidental.
Il est utile de rappeler dans ce contexte, que le Makhzen a annoncé en mars 2022 que le chef du gouvernement espagnol avait adressé une lettre au palais royal dans laquelle Sanchez apportait son soutien au plan d’autonomie marocain. Une position qui non seulement constituait une rupture avec la position historique de l’Espagne concernant le Sahara occidental, mais s’opposait aux résolutions onusiennes et les principes du droit international concernant ce dossier. Bien que le gouvernement espagnol n’ait jamais authentifier le contenu de cette lettre, le fait que Sanchez n’ait jamais démenti concernant les allégations du régime marocain a constitué un précédent en soi. Un précédent qui a jeté un froid dans les relations entre l’Algérie et l’Espagne, mais qui a provoqué une vive indignation au sein de la classe politique espagnole. La position de Sanchez qui a dévié de celle qui était connue de l’Espagne vis-à-vis du Saharaoccidental, a été qualifiée de “scandale historique”, notamment par la classe politique et la société civile en Espagne, d’autant que son pays a préservé, en sa qualité d’ancien colonisateur du Sahara occidental pour une longue période, une sorte d’impartialité à l’égard du conflit dans la région et qui est classé parmi les territoires non-indépendants, en se pliant aux pressions du régime du Makhzen. La droite espagnole, laquelle se positionne actuellement pour former un gouvernement qui doit succéder à celui de Sanchez, a d’ailleurs vivement critiqué l’attitude de Sanchez et son revirement dans le dossier sahraoui à l’époque de même qu’elle a toujours affiché son soutien à la résolution de la question sahraoui dans le cadre onusien.
Ce nouveau revers pour le régime marocain intervient au moment où l’administration américaine mène une action soutenue pour parvenir à une solution onusienne du dossier sahraoui. C’est dans ce contexte que Washington a affiché son plein soutien à l’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, a fait pression sur le régime marocain pour permettre à Staffan de Mistura d’effectuer une visite dans les territoires occupées au début de ce mois de septembre pour la première fois.
Lyes Saidi