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Le ministre des Affaires étrangère en mission de médiation dans la crise au Niger : L’Algérie déploie sa diplomatie

L’Algérie offre ses bons offices pour calmer les esprits et éviter une escalade militaire au Sahel. Elle déploie sa machine diplomatique pour contre les velléités des va-t’en guerre et qui poussent vers une intervention militaire au Niger. Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a ainsi entamé une mission de médiation après de trois pays de la Cédéao, afin de parvenir à un règlement diplomatique de la crise actuelle.

« Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ahmed Attaf, chargé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, entamera, à partir d’aujourd’hui, des visites de travail en République fédérale du Nigeria, en République du Bénin et en République du Ghana, pour effectuer des concertations avec ses homologues de ces pays, membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) », a indiqué hier un communiqué du MAE. La même source souligne que les concertations porteront sur « la crise au Niger et les moyens de la prendre en charge, à travers la contribution à une solution politique qui évitera à ce pays et à la région tout entière les retombées d’une éventuelle escalade de la situation ». Il s’agira donc de promouvoir le recours à des solutions diplomatiques auprès des membres de la Cédéao et d’infléchir certaines positions. Il est utile de rappeler dans ce contexte que la Cédéao a donné son vert pour le déploiement d’une force d’attente dans la perspective d’une intervention militaire afin de rétablir le président nigérien renversé par un coup d’État le 26 juillet dernier.

Il est vrai que l’Algérie qui a une longue expérience en ce qui concerne les médiations dans le conflit notamment en Afrique notamment avec le rôle qu’elle jouée dans la résolution du conflit frontalier entre l’Érythrée et l’Éthiopie ou encore dans la signature de l’accord de 2015 pour la paix et la réconciliation au Mali, a dès le début de la crise proposé sa médiation dans la résolution de la situation au Niger. L’Algérie se pose d’ailleurs comme l’acteur le plus à même à mener une médiation dans le conflit, au regard de son poids sur le continent, mais aussi de ses positions objectives et conformes au respect de la légalité. En effet si l’Algérie a, dès le coup d’État, souligné son attachement à retour à l’ordre constitutionnelle au Niger et a insisté sur la nécessité de résoudre la crise par des moyens diplomatiques et pacifiques et son rejet de toute intervention militaire au Niger. Le 6 août, le président Abdelmadjid Tebboune a indiqué, lors d’une rencontre avec des représentants des médias que l’Algérie refuse « catégoriquement toute intervention militaire » extérieure au Niger, avec lequel notre pays partage 1.000 KM de frontières. Il « n’y aura aucune solution sans nous. Nous sommes les premiers concernés », avait-il ajouté. Le président de la République a d’ailleurs souligné qu’une intervention militaire constitue non seulement « une menace directe pour l’Algérie », mais aussi pour le l’ensemble de la région du Sahel minée par la propagation des groupes terroristes et les réseaux criminels. Il a d’ailleurs souligné l’exemple de la Libye et les conséquences de l’intervention étrangère menée contre ce pays sur l’ensemble de la région.

Aujourd’hui, la situation au Niger connaît des développements dangereux favorisés par les actions des va-t’en guerre qui cherchent à tout prix au lancement d’une intervention militaire contre le Niger, malgré l’opposition à laquelle la démarche fait face. Samedi, le ministère des Affaires étrangères avait souligné que « l’intervention militaire au Niger se précise », a dit regretter « profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l’ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin ». L’Algérie « demeure, en effet, animée d’une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n’ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n’ont pas été épuisées », avait-il ajouté avant de lancer un appel à la retenue et à la raison avant « que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables ».

Cependant, et alors que des faits laissant penser à la volonté de Paris de s’impliquer militairement dans la région et de pousser vers une intervention, afin de préserver ses intérêts au Niger, impose une réaction immédiate. D’où la médiation lancée par Alger, pour inciter les acteurs de la crise à la retenue et à réfléchir aux conséquences de l’escalade dans la région. Lundi soir, la Radio algérienne a indiqué, en citant des sources concordantes, que l’intervention militaire au Niger serait imminente et que la France a introduit auprès de l’Algérie une demande de survol de son territoire par des avions militaires français. Une demande qu’Alger a refusé catégoriquement, en parfait accord avec ses positions qui rejette l’intervention militaire au Niger. Mais que le Maroc a accepté. Bien que des sources anonymes françaises aient tenté de démentir l’information, celle-ci s’appuie sur les éléments objectifs qui soutiennent la volonté de Paris de s’impliquer dans le conflit et de soutenir une intervention militaire au Niger. Ainsi, dans une intervention sur les ondes de la chaine radio Ifrikya FM, le docteur Ahmed Bensaada a confirmé que la demande de l’État-major français a bel et bien été adressée aux autorités algériennes en vue d’une intervention militaire contre le Niger. L’écrivain et chercheur à l’Ecole polytechnique de Montréal, précise en outre que cela devait concerner exactement quatre avions militaires et un avion ravitailleur, d’où l’intention qu’il était bien question d’une attaque militaire contre ce pays voisin. L’intervenant rappelle que le Niger « fournit 30% de son uranium pour faire tourner les centrales nucléaires françaises qui produisent 60% à 70% de l’énergie électrique en France, alors que l’électrification au Niger ne dépasse pas les 17% », avant de s’étonner que ce même Niger reste classé, en terme d’indice de développement humain, parmi les derniers pays au monde, il est devancé juste par le Tchad et le Sud-Soudan.

Lyes Saïdi

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