Assassins et complices !
Les États-Unis ont une nouvelle fois usé de manière abusive de son véto pour empêcher l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité pour imposer un cessez-le-feu à Ghaza. Une position qui reflète non seulement le soutien de l’administration Biden à l’occupation israélienne en Palestine, mais sa complicité dans le génocide systématique des Palestiniens. Une position qui suscité une vague d’indignation internationale, mais qui met une lumière l’échec du système multilatéral et relance le débat sur la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, une instance hautement anti-démocratique.
Encouragée par l’impunité que lui assure son allié américain, l’occupation israélienne s’est de nouveau lancée dans une vague de destructions et de génocide de civils sans précédent. Entre vendredi et hier samedi. Au moins 133 personnes ont été tuées dans les attaques intensifiées de l’armée israélienne contre la bande de Gaza au en 24 heures, a annoncé samedi le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère a déclaré dans un communiqué que « 259 autres personnes ont également été blessées à la suite des bombardements israéliens au cours des dernières 24 heures ». Selon le communiqué, « 71 morts et 160 blessés sont arrivés à l’hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah, au centre de la bande de Gaza, au cours des dernières 24 heures. « 62 morts et 99 blessés sont arrivés au complexe médical Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, suite aux raids israéliens continus. »
Au total, les bombardements de l’occupant sioniste ont fait 17.487 martyrs, pour plus des deux tiers des femmes et des moins de 18 ans. Selon l’ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par l’agression dans le territoire, où 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont fui leur foyer. Après deux mois d’agression et de bombardements, le chef de l’ONU Antonio Guterres a déclaré que « la population de Ghaza regarde vers l’abîme ». « Les gens sont désespérés, effrayés et en colère », a-t-il déploré vendredi, soulignant que « tout cela se déroule dans un contexte humanitaire cauchemardesque ». Et la situation ne risque pas de changer au regard de l’impunité dont jouit l’occupant grâce au soutien des Etats-Unis particulièrement.
Vendredi, les USA ont usé de leur véto contre une résolution sans précédent au Conseil de sécurité devant imposer le cessez-le-feu à Ghaza. Une résolution qui avait pourtant reçu l’accord de 13 membres du Conseil de sécurité, alors que le Royaume uni s’est abstenu. Une position qui a suscité une vive indignation. Ainsi, le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré que l’usage du veto US pour empêcher la résolution était une démarche « agressive et immorale ». Le président palestinien a tenu les États-Unis « pour responsables de l’effusion de sang des enfants, des femmes et des personnes âgées palestiniennes dans la bande de Gaza, en raison de leur politique honteuse de soutien à l’occupation et de l’agression barbare israélienne contre le peuple palestinien. »
Et de poursuivre : « La politique américaine fait des États-Unis un partenaire dans le crime de génocide, de nettoyage ethnique et de crimes de guerre commis par les forces d’occupation israéliennes contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Al Qods. » Les ONG ont également dénoncé avec force cette démarche. Avril Benoit, directrice exécutive de Médecins sans frontières aux Etats-Unis, a estimé que cela rend Washington « complice du massacre » dans l’enclave palestinienne. « Alors que les bombes continuent de tomber sur les civils palestiniens et de provoquer des destructions généralisées, les États-Unis ont une fois de plus utilisé leur pouvoir pour faire obstacle à la tentative du Conseil de sécurité de l’ONU d’exiger un cessez-le-feu à Gaza », a rapporté Benoit. Elle a ajouté : « En mettant son veto à la résolution, les États-Unis sont les seuls à voter contre l’humanité, ce qui les rend complices du massacre de Gaza. » Benoit a souligné que « le veto américain contredit fortement les valeurs que (Washington) prétend défendre ».
« En continuant à fournir une couverture diplomatique aux atrocités en cours à Gaza, les États-Unis signalent que le droit humanitaire international peut être appliqué de manière sélective et que la vie de certaines personnes est moins importante que celle des autres », a expliqué Benoit. Benoit a ajouté : « Les États-Unis continuent de fournir un soutien politique et financier à Israël, qui poursuit ses opérations militaires malgré les lourdes pertes civiles » à Gaza.
Pour sa part, l’association caritative britannique, « Save The Children », a critiqué vendredi le gouvernement britannique pour ne pas avoir voté en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza au Conseil de sécurité de l’ONU, l’accusant de complicité dans à quoi les enfants de Gaza seront confrontés. Dans un post publié sur X, l’ONG a déclaré que le Premier ministre Rishi Sunak et son gouvernement avaient choisi de «tourner le dos» une fois de plus aux enfants de Gaza. Et d’ajouter: « En ne votant pas pour un Cessez-le-feu immédiat, au Conseil de sécurité de l’ONU, le Royaume-Uni est complice de l’horreur que les enfants vont endurer dans les heures, jours et semaines à venir ».
Il est utile de rappeler que la complicité des États-Unis ne s’illustre pas seulement par sa couverture diplomatique, mais par une participation active au massacre en fournissant les munitions et obus à l’occupation israélienne qui pilonne sans cesse l’enclave. D’ailleurs Amnesty international a annoncé avoir rassemblé des preuves démontrant l’usage de munition US dans le meurtre d’au moins 47 personnes civils membres de deux familles à Ghaza, au moment au Joe Biden demande au congrès l’autorisation de fournir plus de munitions à l’entité sioniste.
La position américaine a également été condamné par la Russie et la Chine. Selon le site officiel du ministère russe des Affaires étrangères, l’ambassadeur adjoint russe à l’ONU, Dmitri Polianskiï, a affirmé: « Nous n’exagérerons pas si nous disons qu’aujourd’hui est l’un des jours les plus sombres de l’histoire du Moyen-Orient. Une fois de plus, les Etats-Unis font obstacle au processus visant à parvenir à un cessez-le-feu (à Ghaza), condamnant à mort des dizaines de milliers de civils en Palestine ». « Les Etats-Unis interdisent au Conseil de sécurité d’intervenir pour résoudre la crise à Ghaza et les résultats de cette diplomatie sont un cimetière pour les enfants palestiniens à Ghaza », a déploré le diplomate russe. La Chine a déclaré que le veto américain à était « décevant et regrettable ». « Il est extrêmement décevant et regrettable qu’un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza ait fait l’objet d’un veto », a déclaré Zhang Jun, représentant permanent de la Chine auprès de l’ONU, sur X. «Même si la résolution a fait l’objet d’un veto, l’opinion majoritaire de la communauté internationale est claire : un cessez-le-feu humanitaire immédiat est la priorité absolue», a-t-il souligné, ajoutant: «Nous ne nous arrêterons pas mais continuerons à déployer nos efforts pour sauver des vies, pour faire respecter la justice et perpétuer la paix». De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé ses regrets face à l’échec du Conseil de sécurité de l’ONU à adopter un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu à Gaza en raison de l’utilisation du veto par les États-Unis. « En raison du veto des États-Unis, aucune décision n’a été prise sur le cessez-le-feu à Gaza. Il est essentiel que le Conseil de sécurité de l’ONU soit réformé » a-t-il clamé.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré pour sa part dans un message sur les réseaux sociaux : « Le Conseil de sécurité a malheureusement été empêché de prendre la position politique et morale correcte pour mettre fin à cette agression insensée ».
Mise en garde contre « une explosion régionale »
Enfin, l’Iran a mis en garde contre « la possibilité » d’ »une explosion incontrôlable » au Moyen-Orient après le véto des Etats-Unis. « Tant que l’Amérique soutiendra les crimes du régime sioniste et la poursuite de la guerre (…) il y a la possibilité d’une explosion incontrôlable de la situation dans la région », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian au cours d’une conversation téléphonique avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, selon un communiqué du ministère publié samedi. Ce texte, qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre et une abstention (Royaume-Uni), avait été préparé par les Emirats arabes unis après l’invocation sans précédent par Antonio Guterres de l’article 99 de la Charte des Nations unies permettant d’attirer l’attention du Conseil sur un dossier qui « pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales ». « L’utilisation de l’article 99 est une action courageuse de votre part pour préserver la paix, et elle est soutenue par l’opinion mondiale », a dit M. Amir-Abdollahian à M. Guterres.
Lyes Saïdi