Un nouveau bloc maghrébin en gestation : Relancer l’action maghrébine
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a s’est exprimé samedi soir, lors d’un entretien avec des représentants de médias nationaux, sur plusieurs questions internationales et régionales. De la Palestine au Sahara occidental en passant par la situation au Sahel et les défis régionaux, le Président Tebboune a réaffirmé les positions de principes de la diplomatie algérienne, de même qu’il a souligné la nécessité de relancer l’action maghrébine pour faire face aux défis régionaux pressants.
Le président de la République a ainsi été interrogé sur la réunion tripartite qui s’est tenue en marge du sommet du GECF début mars à Alger et qui a permis d’engager un processus qui doit permettre de mettre en place un processus de coordination avec la Tunisie et la Libye, mais aussi avec la Mauritanie. Un nouveau bloc maghrébin que les pays de la région entendent créer et qui vise à relancer l’action maghrébine commune et à coordonner les efforts en vue d’unifier la voix de ces pays sur de nombreuses questions internationales, sans exclure aucune partie. En ce sens le président de la République souligné qu' »en raison du vide actuel, en l’absence d’une action maghrébine commune », il a été décidé d' »organiser des rencontres maghrébines sans exclure aucune partie », ajoutant que « la porte est ouverte à tous ». Il a « souhaité que cet espace soit une initiative bénéfique pour les pays de la région en rassemblant et en unifiant leurs voix sur les questions qui les concernent, d’autant plus que nous partageons quasiment les mêmes problématiques », a-t-il dit. « Ce bloc n’est dirigé contre aucun autre Etat et la porte est ouverte aux pays de la région », a-t-il ajouté, jugeant « inacceptable » d’isoler qui que ce soit. Le Président Tebboune est en outre revenu sur les développements au Mali et au Niger, affirmant que l’Algérie ne s’est jamais imposée à ces pays avec lesquels elle a toujours entretenu des relations de « bon voisinage », et ce, depuis son indépendance. A chaque fois qu’un conflit a éclaté au Mali voisin, l’Algérie est intervenue pour réconcilier les parties, « ce qui a amené l’Organisation des Nations unies à nous demander de coordonner la réconciliation entre les parties maliennes ». Le président de la République a souligné que si les parties au Mali ou au Niger déclinent aujourd’hui l’aide de l’Algérie, elles sont libres de gérer les affaires de leurs pays, réaffirmant que l’Algérie n’a jamais été un Etat colonial ou exploiteur des richesses ou des pays, mais elle agit « partant du principe que nous sommes des pays frères ». Et de rappeler qu’il était même prévu de créer des zones franches avec ces pays, outre les domaines de la formation dans l’Armée et des étudiants. « Toute personne douée de sens peut mesurer la gravité et les répercussions de l’ingérence étrangère, mais on ne peut imposer, ni blâmer nos frères pour leurs choix », a-t-il estimé, relevant que « l’expérience confirme que toute ingérence étrangère dans la région éloigne toute perspective de solution ». Soulignant que certaines parties cherchent à imposer leurs agendas dans la région, le président de la République a réaffirmé que « l’Algérie n’a jamais représenté un danger pour ses voisins ». « J’atteste que l’Algérie n’a jamais eu de convoitises et n’a jamais exercé de pression sur nos frères au Mali », a soutenu le président de la République, expliquant que « pour l’Algérie, la conciliation et la réconciliation nationale entre les parties dans ce pays étaient l’unique solution ». Et d’ajouter que dans le cadre de ses démarches, l’Algérie n’a ménagé aucun effort pour « défendre l’intégrité territoriale du Mali et l’unité du peuple malien et continue, à ce jour, d’œuvrer dans ce sens ». Après avoir souhaité que ces pays puissent régler leurs problèmes et venir à bout du phénomène du terrorisme, le président de la République a assuré que l’Algérie sera toujours prête à les soutenir en toutes circonstances dans le cadre du bon voisinage. Evoquant la question du Sahara occidental, le président de la République a affirmé qu’elle était « une cause juste inscrite à l’agenda des Nations Unies », soulignant que son règlement « n’est pas dirigé contre nos frères au Maroc ou quiconque, mais il s’agit d’une question de décolonisation ». «
Par ailleurs, le président de la République a qualifié les agissements d’un pays arabe à l’encontre de l’Algérie d’actes « illogiques ». Il a précisé à propos de ce pays que « tous les frères arabes témoignent que nous n’avons utilisé aucun langage violent », affirmant que l’Algérie considère toujours ce pays -dont il n’a pas cité le nom- qui a des agissements hostiles envers elle, comme « un pays frère », espérant que ce pays cessera ces comportements. « L’Algérie ne s’inclinera devant personne » a-t-il affirmé, appelant ce pays à « tirer des leçons des grandes nations que nous respectons et qui nous respectent ». « Se trompe celui qui croit pouvoir imposer à l’Algérie ce qu’il impose à d’autres nations », a-t-il assuré, soulignant que l’Algérie avait sacrifié « 5 millions et 630 mille martyrs pour sa souveraineté, et que l’enseignement était clair à travers l’histoire du pays des martyrs ». Le président de la République a, dans le même contexte, a rappelé l’utilisation par ce même pays de fonds dans les événements qui se déroulent dans les pays du voisinage, l’exhortant à éviter la fitna.
Il faut que la Palestine devienne membre à part entière de l’ONU
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a également réitéré le soutien de l’Algérie à la cause palestinienne. « L’Algérie lutte depuis quatre ans sans relâche pour l’établissement d’un Etat palestinien indépendant », a-t-il rappelé. « La bataille que l’Algérie mène actuellement indique qu’il est grand temps que la Palestine devienne membre à part entière des Nations Unies, même si elle est occupée », a soutenu le président de la République, ajoutant: « la Palestine sera membre des Nations Unies et nous ne quitterons pas le champ de bataille jusqu’à la réalisation de cet objectif ». « C’est le principe de l’Algérie, indépendamment de ce que disent les autres, et grâce à notre crédibilité, la Palestine obtiendra la qualité de membre permanent, après être devenue un membre observateur », a encore ajouté le président de la République. Amener l’occupant sioniste « à cesser son génocide dans toute la Palestine et non seulement à Ghaza, c’est le moins qu’on puisse faire, d’autant que c’est le bien qui l’emporte sur le mal avant même d’être une victoire pour l’Algérie ou l’Afrique », a soutenu le président de la République. Les grandes puissances disposant du pouvoir de coercition doivent imposer à l’entité sioniste le respect de la résolution du Conseil de sécurité onusien concernant le cessez-le-feu à Ghaza, a-t-il insisté, affirmant que les développements à Ghaza « ont mis à nu la politique de deux poids, deux mesures adoptée dans le traitement des questions internationales ». Et de rappeler que le Conseil de sécurité de l’ONU qui a échoué, depuis le début de l’agression sioniste contre la bande de Ghaza, il y a environ 6 mois, à adopter une résolution exigeant le cessez-le-feu, « a réussi pour la première fois grâce à l’initiative de l’Algérie et à l’appui des frères africains ». « Peu importent les motifs, il n’y a pas de crime plus odieux que de larguer des bombes de 10 quintaux, chacune, sur des habitations et des civils, tout en adoptant une politique de famine et d’attaques contre les hôpitaux », a déploré le président de la République soulignant que l’humanité n’a jamais été témoin de tels crimes depuis la Première Guerre mondiale, d’où l’impératif « d’éveiller la conscience humaine ». « Il ne s’agit pas d’une cause arabo-musulmane, mais plutôt d’une question humanitaire ».
Hocine Fadheli