L’adhésion de la Palestine à l’ONU bloquée par le véto américain/ Bendjama : « Nous reviendrons plus forts »
Les États-Unis ont, une nouvelle fois usé de leur véto au Conseil de sécurité de l’ONU pour protéger leur allié israélien. Ils ont bloqué le projet de résolution introduit par l’Algérie au nom du groupe arabe à l’ONU et qui recommande l’adhésion de la Palestine à l’ONU en tant que membre à part entière. L’initiative algérienne est cependant loin d’être un échec. Sa résolution a recueilli 12 votes favorables contre deux abstentions et un vote contre des Américains. Cela adresse un message clair : le monde veut la paix en Palestine et il est temps de réparer l’injustice que les Palestiniens subissent depuis 75 ans. Cela ne mettra pas fin non plus aux efforts de l’Algérie en faveur de cette adhésion, et qui promet qu’elle reviendra avec le soutien de l’AG de l’ONU pour relancer le processus.
L’Algérie mène tambour battant la bataille pour l’adhésion de la Palestine à l’ONU en tant que membre à part entière. Une adhésion qui permettrait de rendre irréversible la légitimité de l’État de Palestine et favoriserait la solution de à deux États. C’est dans ce contexte que l’Algérie a introduit, jeudi, au nom du groupe arabe à l’ONU, un projet de résolution au Conseil de sécurité qui recommande à l’Assemblée générale des Nations Unies « d’admettre l’État de Palestine à l’Organisation des Nations Unies. Selon la charte des Nations unies, c’est l’AG de l’ONU qui admet les nouveaux membres de l’ONU. Cela doit cependant être précédé par une recommandation du Conseil de sécurité. L’Algérie a présenté son projet de résolution comme une chance pour la paix. Et pour passer elle devait réunir au moins 9 voix sur 15 au Conseil de sécurité, sans véto d’un membre permanent. Le texte a reçu 12 vote favorable contre deux abstentions et une contre de la part des Etats-Unis qui a usé de son véto pour bloquer la résolution. L’initiative algérienne est cependant loin d’être un échec, car le vote adresse un message clair : le monde veut la paix en Palestine et il est temps de réparer l’injustice que les Palestiniens subissent depuis 75 ans. Cela ne mettra pas fin non plus aux efforts de l’Algérie en faveur de cette adhésion, et qui promet qu’elle reviendra avec le soutien de l’AG de l’ONU pour relancer le processus.
Dans ce cadre, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies, l’ambassadeur Amar Bendjama, a affirmé, à l’issue du vote : « Nous reviendrons plus forts avec le soutien de l’Assemblée générale et des membres des Nations Unies. Ce n’était aujourd’hui qu’une autre étape dans le cheminement vers l’adhésion à part entière de la Palestine ». Le diplomate algérien a appelé « ceux qui n’ont pas pu soutenir l’admission de l’Etat de Palestine aujourd’hui à le faire la prochaine fois », estimant que « le soutien écrasant à l’admission de l’Etat de Palestine envoie un message on ne peut plus clair : l’Etat de Palestine a une place légitime parmi les membres des Nations Unies ». Il a rappelé, à cette occasion, les propos du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui a assuré que « les efforts de l’Algérie ne cesseront pas jusqu’à ce que l’Etat de Palestine devienne membre à part entière des Nations Unies ».
De son côté, le représentant permanent de l’Etat de Palestine auprès des Nations unies, Riyad Mansour, a indiqué que « l’échec du Conseil de sécurité à adopter la résolution en faveur de l’adhésion de la Palestine en tant que membre à part entière aux Nations unies ne brisera pas la volonté et la détermination des Palestiniens », affirmant que « l’Etat palestinien est un impératif qui existe ». « C’est un pas attendu depuis 1947, un pas nécessaire vers le renversement de l’injustice historique infligée au peuple palestinien depuis la décision de division, et la Nakba, pour rétablir la confiance dans la légitimité internationale et le droit international, dans cette Organisation et dans sa Charte », a-t-il souligné. Il a également affirmé, dans le même contexte, qu' »avec l’adhésion de la Palestine, l’espoir d’un règlement pacifique du conflit était l’une des manifestations de notre droit à l’autodétermination, qui était une consécration irréversible de la légitimité de l’Etat de Palestine : la protection et la préservation de la terre de l’Etat de Palestine afin qu’elle ne soit pas présentée comme un cadeau ou divisée comme un reste ». « De plus, l’adhésion de la Palestine aux Nations unies était un investissement et une base pour les droits de la paix, notre adhésion à part entière aux Nations unies ne diminue pas les droits d’un Etat membre, ni ne menace ou nie l’adhésion de l’un d’eux », a-t-il ajouté. Avant de poursuivre : « Votre soutien à l’adhésion à part entière de l’Etat de Palestine nous a mis sur une voie d’espoir et l’échec de l’adoption de la résolution ne brisera pas notre volonté, ne nous dissuadera pas et ne vaincra pas notre détermination. L’Etat de Palestine est un impératif qui existe. Ils le voient comme lointain et nous le voyons comme proche et nous sommes honnêtes. » Et de conclure : « Notre droit à l’autodétermination n’a jamais fait l’objet de négociations. C’est un droit naturel, historique et légal de vivre dans notre patrie de Palestine, en tant qu’Etat indépendant, libre et souverain, qui est inaliénable et qui n’est pas lié au temps ou au moment. Il s’agit d’un droit inhérent, permanent qui ne reporte pas, ne suspend pas et est imprescriptible ».
De nombreux pays et organisations ont condamné le véto américain, dont la Syrie qui a indiqué que « le fait d’entraver, par les Etats-Unis, le Conseil de sécurité d’assumer sa responsabilité historique de soutenir les droits légitimes du peuple palestinien, représente un autre stigmate de honte qui s’ajoute à leur (les USA, ndlr) registre plein de comportements portant atteinte aux principes de l’action internationale collective ». L’Iran aussi a qualifié d' »irresponsable » et de « non constructif » le vote des Etats-Unis, bloquant la candidature palestinienne à l’adhésion à part entière à l’ONU. De son côté, l’Egypte, qui a exprimé ses profonds regrets, a affirmé que « vouloir faire obstacle à la reconnaissance du droit du peuple palestinien n’est pas conforme à la responsabilité juridique et historique qui incombe à la communauté internationale de mettre fin à l’occupation et de parvenir à une solution finale et juste à la question palestinienne ». Le Caire a exhorté la communauté internationale à reconnaître l’Etat palestinien et à « assumer la responsabilité requise dans les circonstances actuelles pour redonner l’espoir de relancer le processus de paix, sur des bases sérieuses, conduisant à l’établissement d’un Etat indépendant, un Etat palestinien viable et contigu, sur les frontières de 1967, avec El Qods-Est pour capitale ». Même son de cloche chez l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Parlement arabe et le Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (CCG) qui ont énergiquement condamné le véto américain au Conseil de sécurité.
Hocine Fadheli