ContributionDébats

Quel avenir pour l’Afrique au sein de l’économie mondiale ? (Première partie)

Par Abderrahmane Mebtoul

Professeur des universités, expert international

Pour éviter toute mauvaise interprétation, les données chiffrées économiques doivent être insérées dans le cadre de la dynamique sociale, l’Économique étant avant tout Politique.

Tout processus de développement doit avoir pour finalité l’amélioration de la situation sociale de la majorité des citoyens : brandir le PIB, une balance commerciale excédentaire, le niveau de réserves de change est une condition nécessaire mais non suffisante, si on assiste à la détérioration du niveau de vie des populations frappées par l’inflation et le chômage, tout comme il existe un lien dialectique entre sécurité et développement

1.-La situation de l’économie mondiale et de l’Afrique

Selon le FMI, la croissance mondiale se maintiendra à 3,2 % en 2024 et 2025, le même rythme qu’en 2023. La légère accélération dans les pays avancés (où la croissance devrait passer de 1,6 % en 2023 à 1,7 % en 2024 et à 1,8 % en 2025) sera neutralisée par une légère décélération dans les pays émergents et les pays en développement (4,3 % en 2023 à 4,2 % en 2024 et 2025). La croissance mondiale devrait s’établir à 3,1 % d’ici 5 ans, le niveau le plus faible enregistré depuis plusieurs décennies. L’inflation mondiale devrait régulièrement reculer de 6,8 % en 2023 à 5,9 % en 2024, puis à 4,5 % en 2025. Les pays avancés trouveront leur niveau cible plus rapidement que les pays émergents et les pays en développement. Globalement, l’inflation hors énergie et alimentation devrait ralentir plus progressivement. L’économie mondiale a fait preuve d’une résilience étonnante, en dépit des relèvements considérables de taux par les banques centrales pour rétablir la stabilité des prix. Selon la Data World Bank de juillet 2023, nous avons pour le PIB en milliards de dollars le classement suivant pour les 10 premiers pays : 1.-USA 25.462 milliards de dollars- 2.- Chine 17963 milliards de dollars –3.- Japon 4261 milliards de dollars –4.-Allemagne 4072 milliards de dollars –5.-inde 3385 milliards de dollars –6.-Royaume Unis 3070 milliards de dollars – 7 -France 2782 milliards de dollars – 8.- Russie 2240 milliards de dollars –9.- 2139 –-10.-Italie 2010 milliards de dollars . Sur un PIB mondial en 2022 101.300 milliards de dollars , le total des 10 premiers pays ont un PIB de 67.384 milliards de dollars soit près de 66,51% du PIB mondial. Et si l’on ajoute les 15 suivants donc pour 25 pays nous avons 82,57% , plus de 168 pays se partageant 17,43% montrant l’importance de l’inégalité des richesses au niveau mondial, la Chine plus les USA donnent un PIB de 43425 milliards de dollars soit 42,86% du PIB mondial encore que la population pour reprendre la même année 2022, des USA était estimée en 2022 à 333 millions et celle de la Chine à 1,41 milliard . Cependant, si l’on prend le PIB par habitant nous avons pour les 10 premiers en dollars courants : 1.Luxembourg 127.579 dollars 2.-Norvège 106.328 dollars – 3-Irlande 103.175 dollars 4–Suisse 92.371 dollars – 5-Qatar 84.424 dollars – 6-Singapour 82.807 dollars 7–USA 76.348 dollars – – 8.-Danemark 66.516 dollars – 9.-Australie 65.526 dollars – 10 -Pays-Bas 56.489 dollars – 11.- Suède 55.689 dollars 12-Canada 55085 dollars -(…) 14-Autriche 52264 dollars – 15- les Émirats arabes unis 51305 dollars. Certains pays sont loin derrière comme la Finlande 50655 dollars – Belgique 50114 dollars – Allemagne 48636 dollars – Nouvelle Zélande 4720 dollars, le Royaume Unis 45294 dollars – France 42409 dollars – et la Chine 12720 dollars.

Pour l’Afrique, qui couvre 30,353 millions de km 2 avec une population estimée à 1,494 milliard d’habitants au 01 janvier 2024, elle représentera entre 2040/2050 le quart de la population mondiale. Comme rappelé précédemment, le PIB de l’Afrique en 2023 est estimé à 2.700 milliards de dollars environ 2,7% du PIB mondial , l’équivalent de celui de la France qui a une population de 68 millions d’habitants. Les échanges commerciaux intra-africains ont enregistré une croissance de 18,6% en 2022, à 193,17 milliards de dollars en 2023, selon la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), le commerce intra-régional a ainsi représenté 15% du total des échanges commerciaux du continent. Les échanges commerciaux intra-africains ont enregistré une croissance de 18,6% en 2022, à 193,17 milliards de dollars en 2023, selon la Banque africaine d’import-export (Afreximbank). Le commerce intra-régional a ainsi représenté 15% du total des échanges commerciaux du continent. Le rapport souligne également qu’un important potentiel reste inexploité dans ce domaine dans la plupart des sous-régions du continent. Les exportations du continent ont totalisé 724,1 milliards de dollars en 2022 (+26,8% par rapport à 2021), alors que ses importations se sont établies à 706 milliards de dollars (+15,5%) . Afreximbank fait cependant remarquer que les exportations africaines se caractérisent par une forte prédominance des matières premières alors que les exportations de produits manufacturés restent concentrées dans un nombre limité de pays et de secteurs. Le poids de l’Afrique dans la production et les échanges de marchandises reste cependant marginal étant à l’origine de seulement 1 % de la production mondiale et de 4 % des échanges de marchandises. En plus, 80 % des exportations africaines concernent des matières premières. En reprenant les mêmes comparaisons en référence à l’année 2022 ( source FMI), pour le PIB courant nous avons :1.- Nigeria 473 milliards de dollars -2.-Egypte 471 milliards de dollars – 3.-Afrique du Sud 422 milliards de dollars – 4.-Algérie 190 milliards de dollars 5. – Maroc 150 milliards de dollars – 6.-Angola 135 milliards de dollars – 7.- Kenya- 126 milliards de dollars – 8.- Ethiopie 117 milliards de dollars – 9.-Tanzanie 85 milliards de dollars – 10 Ghana – 74 milliards de dollars – 11.- Côte d’Ivoire 70 milliards de dollars –12 RDC 64 milliards de dollars soit un total pour ces douze pays 2377 soit 95% sur les 2500 de PIB , 2,5% du PIB mondial en 2022 et trois pays Nigeria, Egypte et Afrique du Sud 1366 milliards de dollars soit 54,64% .Comme pour les pays développés le classement change si l’on prend le PIB par tête d’habitant encore que cet agrégat voile les disparités des revenus par couches sociales dont la concentration au profit souvent d’une minorité. Pour les 10 premiers pays nous avons pour 2022, ces données devant évoluer selon le FMI pour 2024 : 1.-Seychelles 13250 dollars -2.-Maurice 10256 dollars -3.-Gabon 8820 dollars -4.-Bostwana 7738 dollars -5.-Guinée Equatoriale 7182 dollars -6.- Afrique du Sud 6766 dollars -7.-Libye 6716 dollars -8.-Algérie 5320 dollars -9..-Egypte 4295 dollars 10 Eswatini 3986 dollars . Cependant pour 2024 selon le Fonds Monétaire International (FMI) pour les prévisions de 2024, (rapport d’avril 2024) , données actualisées, la première place c’est l’Afrique du Sud avec PIB 373 milliards de dollars suivi de l’Egypte, avec un PIB de 347,60 milliards de dollars, l’Algérie occupant le 3ème rang, avec un PIB de 266,80 milliards de dollars et le Nigeria avec un PIB qui était de 375 milliards de dollars en 2023 devrait tomber à 253 milliards de dollars en 2024, ces quatre pays devraient représenter plus de 40% du PIB de l’Afrique qui compte 55 pays montrant d’importantes disparités , existant des Afriques et non une Afrique. Certains pays, notamment le Nigeria, le Gabon, le Tchad, la République démocratique du Congo, l’Algérie, la Libye sont spécialisés dans le pétrole, le gaz et les matières premières, qui connaissent une forte demande et un prix élevé sur le marché mondial leur permettant une relative aisance financière, mais dépendant des cours mondiaux À l’inverse, des pays comme le Bénin, le Malawi, l’Ile Maurice, le Swaziland, l’Ethiopie, le Togo, le Mali, qui sont pénalisés dans des produits dont les prix sont volatils ce qui accentuent la misère et les flux migratoires. La structuration par région selon le FMI pour 2024 donnerait pour l’Afrique du Nord du fait que les conditions météorologiques défavorables et les défis macroéconomiques qui se succèdent maintiendraient la croissance de la région à 3,9 % , avec une légère amélioration à 4,1 % en 2025. L’Afrique de l’Est continuera de porter l’élan de croissance du continent, avec une croissance prévue de son PIB de 5,1 % en 2024 et de 5,7 % en 2025, soutenue par de solides investissements stratégiques visant à améliorer la connectivité internet et à approfondir le commerce intrarégional ; la croissance de l’Afrique centrale devrait ralentir à 3,5 % en 2024, mais la reprise prévue de la consommation privée et l’augmentation des investissements miniers et des exportations pourraient contribuer à porter la croissance à 4,1 % en 2025 ; la croissance de l’Afrique australe restera faible, en progression de 2,2 % en 2024 et 2,6 % en 2025 et celle de l’Afrique de l’Ouest devrait accélérer pour atteindre 4 % en 2024 et 4,4 % en 2025. Selon le FMI, le retrait annoncé du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) jette une ombre sur la durabilité des gains dans un contexte d’incertitude croissante. Nous avons donc ce constat un continent riche mais une population majoritairement pauvre avec des rivalités des grandes puissances pour contrôler ses richesses. Car la carte du monde semble se reconstruire autour des ressources naturelles rares. L’Afrique compte 24 pour cent des terres arables mondiales, d’où les rivalités des grandes puissances notamment le trio Europe/Chine /USA, la Russie étant bien dotée relevant d’enjeux géostratégiques travers son bras armée Wagner. Selon la Commission économique des Nations unies, l’Afrique est riche en ressources naturelles ,représentant à l’échelle mondiale, 40 % des réserves d’or, 30 % des réserves de minerais dont 30 % des réserves mondiales en pétrole, en gaz , 54 % des réserves mondiales de platine, 78 % de celles de diamant, 40 % de celles de chrome et 28 % de celles de manganèse. Cela explique les différentes rencontres USA/ Afrique, Chine/ Afrique, Europe/Afrique, Russie /Afrique, ainsi que d’autres pays comme les rencontres Japon/ Afrique, Turquie/ Afrique qui s’insèrent dans le cadre d’une lutte pour la reconfiguration géostratégique du monde. Étant illusoire en ce XXIème siècle de raisonner en termes d’États-Nations, toute politique locale doit prendre en compte les nouvelles mutations mondiales. La Chine est devenue la dernière décennie, un partenaire commercial en croissance de l’Afrique. Le commerce bilatéral a totalisé 283 milliards de dollars en 2022, soit une hausse de 14,8% sur un an , encore que l’Europe reste dominant la valeur des échanges ayant augmenté en 2021 pour atteindre 288 milliards d’euros, contre une valeur de 225 milliards d’euros en 2020, où la montée des prix des matières premières et donc des exportations énergétiques vers l’Europe a permis à l’Afrique d’enregistrer un excédent commercial de 18,1 milliards de dollars en 2022. Mais plus de 65 % des marchandises importées dans l’Union depuis l’Afrique étaient des produits de base, tels que des produits alimentaires et des boissons, des matières premières et de l’énergie, et que 68 % des marchandises exportées de l’Union vers l’Afrique en 2021 étaient des produits manufacturés, montrant que cette structure commerciale reflète le déséquilibre structurel du continent africain qui reste encore au bas des chaînes des valeur mondiales. Pour les USA après le sommet USA/Afrique, constatant le retard pris notamment avec la Chine, en 2023, des accords commerciaux records avec l’Afrique, ont été enregistrés d’un montant total de 14,2 milliards de dollars et près de 550 nouveaux accords commerciaux et d’investissement ont été signés, représentant une augmentation de 67 % par rapport à 2022. Mais bon nombre d’autres pays courtisent l’Afrique dont les pays du Golfe, la Turquie où pour ce pays le volume commercial passant de 5,4 milliards de dollars en 2003 à 40,7 en 2023 .Cependant les différents trafics entravent fortement à la fois la sécurité et le développement de l’Afrique notamment au niveau de l’espace sahélien

L’espace sahélien miné par les trafics

Les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent, notamment la pénétration de l’islamisme radical à ne pas confondre avec l’Islam religion de tolérance. Il ne faut pas non plus oublier qu’il existe des influences religieuses autour de la conception de l’Islam qui influencent largement les dirigeants politiques au niveau du Sahel. Nous avons assisté dans la région à de profondes mutations de la géopolitique saharienne après l’effondrement du régime Libyen et les tensions au Mali. De plus en plus nombreux, des migrants subsahariens s’installent désormais dans les pays du Maghreb avec l’intensification de la contrebande. Bien avant et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi, le Sahel est l’un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Kadhafi disparu, ce pays n’ayant jamais eu d’Etat au sens hegelien du terme, le pouvoir s’étant appuyé sur des relations tribales, ,des centaines de milliers d’armes, dont 15 000 missiles sol-air qui étaient dans les entrepôts de l’armée libyenne, ont équipé les milices au fur et à mesure de leur avancée dont une partie a été accaparé par de différents groupes qui opèrent au Sahel, auxquels il faut ajouter les armements introduits massivement en Libye puis au Sahel dans une contexte de déstabilisation de la Libye et de l’ensemble de la région. D’où l’urgence de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l’ensemble des pays de la zone en plus des institutions internationales, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d’armes ou de drogue, menaçant la sécurité régionale surtout récemment avec la venue de djihadistes d’Irak et de Syrie. Il s’agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l’application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l’hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique. De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d’agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. Sur le court terme, les tensions dans la région, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à la frontière en Tunisie ont imposé à l’Algérie des dépenses supplémentaires s’expliquant en partie par l’insécurité régionale, d’où l’importance à l’avenir de mutualiser les dépenses afin de ne pas freiner le développement. Ce qui m’amène à analyser les différents trafics aux frontières au nombre de sept.

Premièrement, nous avons le trafic de marchandises . Pour l’Algérie par exemple, il existe des trafics via les réseaux de contrebande de différentes marchandises subventionnées comme le lait et la farine achetés en devises fortes, le trafic de carburant représenterait un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Trésor public, c’est énorme. Cela est lié globalement à la politique des subventions généralisées sans ciblage et à la distorsion des taux de change par rapport aux pays voisins. Mais le trafic important est celui de faux médicaments générant environ 200 milliards de dollars de retombées économiques par an, contre 75 milliards en 2006, rapportant jusqu’à 500 fois leur mise initiale aux mafias du faux médicament, selon l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments. En cinq ans, le nombre de signalements d’incidents liés à la prise de médicaments contrefaits a augmenté de 60%, selon le Pharmaceutical Security Institute, une ONG de santé publique. La copie touche toutes les sortes de médicaments : les « princeps », qui sont couverts par un brevet, aussi bien que les génériques, les molécules les plus coûteuses des traitements contre le cancer aussi bien que des antidouleurs très abordables. Et le médicament le plus contrefait reste le Viagra, la petite pilule bleue de Pfizer. Avec des conséquences sanitaires gravissimes : plusieurs centaines de milliers de personnes périssent dans le monde chaque année à cause de faux médicaments.

Deuxièmement, nous avons le marché «noir» des armes et de leurs munitions, issu nécessairement du marché «blanc» puisque, rappelons-le, chaque arme est fabriquée dans une usine légale, une thématique qui permet de comprendre les volontés de puissance des divers acteurs géopolitiques à travers le monde. Tandis que le trafic de drogues est réprimé internationalement, le trafic d’armes est réglé par les Etats qui en font leurs bénéfices. La vente d’armes s’effectue régulièrement entre plusieurs partenaires privés et publics. Sur un total des dépenses militaires mondiales s’élève à 2443 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 6,8 % par rapport à 2022, le marché international du trafic d’armes est évalué à 1 200 milliards de dollars par an.

Troisièmement, nous avons la montée en puissance du trafic de drogue où les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. Afin de sécuriser le transit de leurs marchandises, ces narcotrafiquants recourent à la protection que peuvent apporter, par leur parfaite connaissance du terrain, les groupes terroristes et les différentes dissidences, concourant ainsi à leur financement. Dans le monde chaque année, le chiffre d’affaires du trafic de drogue s’élève à près de 250 milliards de dollars.

Quatrièmement, nous avons la traite des êtres humains qui est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l’exploitation sexuelle ou à l’exploitation par le travail à ne confondre avec les flux migratoires encore qu’existent des liens. Mais contrairement à une idée faussement répandue véhiculée par les pays développés, qui d’ailleurs pompent l’élite de l’Afrique, la vidant de sa substance, l’ampleur de la migration circulaire au sein du continent africain dépasse de loin celle de la migration internationale ; plus de 80 % des réfugiés africains ayant trouvé asile dans d’autres pays africains. Selon le Rapport sur la migration en Afrique 2021 de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM, l’Afrique australe devant connaître la plus forte augmentation de la mobilité transfrontalière avec entre 200 000 et 800 000 personnes susceptibles de se rendre dans un pays voisin d’ici 2050. Mais la migration la plus importante en Afrique a toujours lieu à l’intérieur des pays, le plus souvent des zones rurales vers les zones urbaines . Cela est accentué par les conflits internes , comme par exemple en 2023 du conflit entre factions militaires au Soudan qui a entraîné six millions de déplacements et bien d’autres pays comme en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et en Somalie. Le changement climatique qui serait selon l’ONU à l’origine de 10% de l’ensemble des migrations transfrontalières en Afrique d’ici le milieu du siècle, a entraîné une réduction de 34 % de la croissance de la productivité agricole en Afrique subsaharienne depuis 1961 ; ce qui contribue à une insécurité alimentaire sans précédent sur le continent ces dernières années les rapports internationaux estimant que 35 % de la population de l’Afrique subsaharienne vit dans la pauvreté, ce qui crée une pression énorme sur les membres des ménages ayant un revenu pour qu’ils trouvent un emploi afin de répondre aux besoins essentiels. Quant au trafic de migrants, c’est une activité bien organisée dans laquelle des personnes sont déplacées dans le monde en utilisant des réseaux criminels, des groupes et des itinéraires. En soulignant que les transferts de fonds vers le pays d’origine généralement pauvre et en incluant les travailleurs légaux le montant officiel des envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire s’est élevé à environ à 860 milliards de dollars en 2023, mais les revenus criminels générés par le trafic des êtres humains sont estimés à 10 milliards de dollars/an rien que le long des deux routes principales utilisées pour ce trafic – respectivement de l’Afrique de l’Est, du Nord et de l’Ouest vers l’Europe et de l’Amérique du Sud vers l’Amérique du Nord, et que le montant global dépasserait les 32 milliards de dollars .Selon, l’ONU, le trafic de migrants, en tant que forme de criminalité organisée, toucherait 49,6 millions de personnes dont 70% de femmes, permettant un gain 3 milliards de dollars par an et que la traite des êtres humains fait chaque année des millions de victimes dans le monde, avec un profit annuel estimé à 32 milliards de dollars par Grow Think Tank.

Cinquièmement, nous avons le trafic de ressources naturelles qui inclut la contrebande de matières premières telles que diamants et métaux rares (provenant souvent de zones de conflits). La criminalité environnementale concerne également le trafic d’espèces sauvages et de bois et on estime la valeur totale entrant sur le marché à environ 100 millions de dollars par an.

Sixièmement , nous avons la cybercriminalité, qui est liée à la révolution dans le domaine des systèmes d’information et peut déstabiliser tout un pays tant sur le plan militaire, sécuritaire qu’économique. Il englobe plusieurs domaines exploitant notamment de plus en plus internet pour dérober des données privées, accéder à des comptes bancaires et obtenir frauduleusement parfois des données stratégiques pour le pays. Le numérique a transformé à peu près tous les aspects de notre vie, notamment la notion de risque et la criminalité, de sorte que l’activité criminelle est plus efficace, moins risquée, plus rentable et plus facile que jamais. Selon Cybercriminalité, les individus ont perdu entre 208/2019 perdent 318 milliards de dollars chaque année à cause de la cybercriminalité. Plus de 71 millions de personnes en sont victimes par an Globalement, on estime que le coût des cyberattaques en 2025 dépassera les 1000 milliards de dollars (9.3 billions d’euros), selon Cybersecurity Ventures favorisé par l’intelligence artificielle. Ainsi, le coût moyen d’une atteinte à la protection des données des PME peut varier entre 120 000 et 1.24 millions de dollars (110 000 euros et 1,15 million d’euros). Les recherches menées par la société de données blockchain ont permis de constater qu’en 2023, les crypto-criminels ont réussi à blanchir 22,2 milliards de dollars de gains illicites contre le record absolu de 31,5 milliards de dollars en 2022.

 Septièmement, en synthèse de tous ces trafics, nous avons le blanchiment d’argent qui est un processus durant lequel l’argent gagné par un crime ou par un acte illégal est lavé. Il s’agit en fait de voiler l’origine de l’argent pour s’en servir après légalement. Les multiples paradis fiscaux, des sociétés de clearing (aussi Offshore) permettent de cacher l’origine de l’argent. Le blanchiment d’argent est une pratique qui permet aux criminels de s’enrichir en finançant des activités illégales telles que les ventes d’armes et de stupéfiants, le trafic d’êtres humains, la contrebande, les malversations, les délits d’initié, la corruption et les opérations frauduleuses. Outre les groupes criminels organisés, les blanchisseurs d’argent professionnels ont pour vocation de fournir des services de blanchiment pour le compte de tiers.   Même si l’ampleur du blanchiment d’argent dans le monde est difficile à évaluer, ces opérations représentent entre 2 et 5% du PIB total mondial selon l’Office des Nations Unies contre les drogues et le crime (ONUDC).  Selon une enquête réalisée en 2020 , du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), déjà à l’origine des Panama Papers, les grandes banques mondiales auraient participé au blanchiment de 2000 milliards de dollars pendant plus de deux décennies. La mise en circulation des fonds blanchis dans le système financier légal s’effectue par le biais d’un processus de blanchiment d’argent généralement organisé en trois étapes, à savoir : premièrement, le placement  : l’argent sale est introduit dans le système financier ; deuxièmement,  l’ empilement  : les fonds illicites circulent pour dissimuler leur origine  et troisièmement, l’ intégration/l’extraction  : l’argent est réintroduit dans l’économie légitime via des investissements « propres » . Tenant compte de nos analyses précédentes, qui interpellent tant la communauté internationale que les dirigeants de l’Afrique où en ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté à due à une répartition inéquitable des richesses mais aussi à la gouvernance, des plus discutable, qu’exercent les élites politiques des pays du continent Afrique, je préconise dix actions afin de régénérer le continent Afrique dont le fondement est une bonne gouvernance et la valorisation du savoir

* Cette présente contribution relate mon intervention à ALTERNATV ATV Québec/ Canada 28 juillet 2024 15h30 Montréal – 20h30 heure algérienne qui a duré 1h30 disponible sur YouTube https://www.youtube.com/live/9yrHB-EqdXE?si=Le_vG5dEFFq6ugED sur le thème stratégique « l’avenir de l’Afrique au sein de l’économie mondiale , face aux convoitises des grandes puissances et les différents trafics au niveau de la région sahélienne et leurs impacts sur la sécurité et le développement » , conférence qui fait suit suite à mes différentes conférences largement publiées au niveau national et international, données durant les cinq dernières années à l’Ecole supérieure de Guerre – ESG, à l’institut militaire de prospectives IMPED, à l’Etat- major de la gendarmerie nationale, à la DGSN, au sénat français et devant les ambassadeurs accrédités à l’Alger au siège de l’Union européenne, en trois parties interdépendances, premièrement, l’ Afrique au sein de l’économie mondiale, deuxièmement les différents trafics facteur de déstabilisation de l’Afrique au niveau de la région sahélienne et troisièmement les dix axes directeurs du développement de l’Afrique 2025/2030/2040 .

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