Présidentielle du 7 septembre: Une campagne électorale à l’ère du numérique !
À l’approche de l’élection présidentielle algérienne du 7 septembre, les candidats rivalisent d’ingéniosité pour conquérir le cœur des électeurs. Fini le temps où les meetings et le porte-à-porte suffisaient : en 2024, la campagne se joue aussi – et surtout – sur la toile.
Les équipes de campagne l’ont bien compris : pour séduire l’électorat algérien, il faut être présent sur tous les fronts. « Nous misons sur la complémentarité entre médias traditionnels et plateformes de réseaux sociaux », explique à l’APS Samir Aggoune, coordinateur de la communication pour le candidat Abdelmadjid Tebboune. Une stratégie qui semble faire l’unanimité parmi les prétendants à la magistrature suprême. Avec près de 25 millions d’utilisateurs algériens, les réseaux sociaux sont devenus incontournables. « C’est un moyen rapide et efficace d’atteindre les jeunes, qui représentent plus de 70% de la population », souligne pour sa part le Pr Laïd Zeghlami, expert en sciences de l’information. Facebook, Instagram, TikTok : chaque plateforme a ses codes, et les équipes de campagne ont dû s’adapter. L’un des grands avantages des réseaux sociaux est leur capacité à créer du lien. « L’interactivité nous permet d’avoir une idée précise des attentes et des préoccupations des citoyens », se réjouit M. Aggoune.
Certains candidats vont même plus loin : le MSP a mis en place un site web où les électeurs peuvent poser leurs questions et obtenir des réponses instantanées grâce à l’intelligence artificielle, la technologie ChatGPT notamment. Exit les longs discours pompeux : sur les réseaux sociaux, il faut être concis et percutant. « La matière publiée sur ces plateformes est différente de celle publiée dans les médias traditionnels, que ce soit en termes de contenu ou de sémiologie de l’image », explique M. Aggoune. Videos courtes, infographies, stories : les équipes de campagne rivalisent de créativité pour capter l’attention des internautes.
Si le numérique a pris une place prépondérante, les candidats n’en oublient pas pour autant le terrain. Bains de foule, visites de marchés, rencontres avec les citoyens : ces moments de proximité restent essentiels pour créer un lien direct avec les électeurs. La différence ? Ces activités sont désormais relayées en temps réel sur les réseaux sociaux, amplifiant leur impact. De son côté, Walid Zanabi, directeur de campagne adjoint du candidat du Front des forces socialistes, M. Youcef Aouchiche, a affirmé que la direction de campagne « attache une importance capitale à la communication, au vu de son rôle dans le façonnement de l’opinion publique et dans l’influence des choix, notamment politiques ». « C’est pour cette raison qu’un pôle dédié à la communication a été créé avec un département consacré à la communication numérique », a-t-il expliqué. Ce pôle « diffuse le programme électoral du candidat du FFS via tous les supports de communication, notamment les nouvelles technologies, sans pour autant renoncer aux supports traditionnels », a-t-il précisé, soulignant que la direction de campagne utilisait les réseaux sociaux et le site web du candidat pour communiquer sur tous ses meetings et activités et pour répondre aux préoccupations des citoyens.
Cette diversification des outils de campagne reflète l’évolution de la société algérienne. Entre tradition et modernité, les candidats tentent de toucher toutes les franges de la population. « Notre objectif est de permettre aux citoyens d’avoir une vision exhaustive du programme électoral », résume M. Aggoune.
À J-10 de l’élection, une chose est sûre : cette campagne présidentielle 2024 restera dans les annales comme celle qui a fait entrer l’Algérie de plain-pied dans l’ère de la communication politique 2.0.
Chokri Hafed