La vigne fait école à Oran : Quand les champs deviennent salles de classe

Imaginez un instant une salle de classe à ciel ouvert, où les rangs de pupitres sont remplacés par des rangées de ceps de vigne, et où le tableau noir cède la place à un paysage verdoyant. Bienvenue à « l’École au champ », une initiative originale lancée dans la wilaya d’Oran qui fait souffler un vent nouveau sur la viticulture locale. Lancée au début de la saison agricole 2023-2024 par la Station de protection des végétaux (SPV) de Misserghine, cette école d’un nouveau genre, également connue sous le nom de « Champ-école » (Farmers in Fields School), a déjà donné des résultats plus que prometteurs. Mourad Belayachi, président du Conseil professionnel de la filière viticole de la wilaya d’Oran, ne tarit pas d’éloges sur cette expérience : « Elle a donné des résultats probants dans le domaine du développement de la viticulture et des mécanismes d’accompagnement et de développement des performances des professionnels de la filière. » La ferme viticole « Belkalfat Abdelaziz », située dans la commune d’El-Ançor, s’est transformée en véritable campus pour les viticulteurs de la région. Mais pas seulement ! De nouveaux investisseurs spécialisés dans l’arboriculture fruitière ont également pu mettre un pied dans les vignes pour enrichir leurs connaissances.

Loin des cours magistraux traditionnels, les « étudiants » de l’École au champ ont eu droit à un programme sur mesure. Au menu : l’entretien des vignes, le traitement des maladies cryptogamiques (un terme qui ferait presque passer l’oïdium pour une maladie exotique), et la lutte contre les insectes nuisibles. De quoi donner du fil à retordre aux parasites les plus coriaces !

Les cours, dispensés par des ingénieurs de la SPV de Misserghine, ont abordé des thématiques variées, allant de la taille de la vigne à l’analyse écologique de l’exploitation agricole, en passant par la fertilisation du sol. Les apprentis viticulteurs ont même appris à devenir de véritables Sherlock Holmes du végétal, avec des cours sur le « diagnostic » précoce des pathologies végétales. Cette formation pratique n’aurait pas été complète sans la présence de représentants d’entreprises spécialisées dans le domaine. L’occasion pour les participants de se familiariser avec les dernières innovations du secteur et peut-être de dénicher l’outil qui révolutionnera leur travail quotidien. Si l’on en croit les prévisions de la Direction des Services agricoles (DSA) de la wilaya d’Oran, cette formation porte déjà ses fruits. En effet, on s’attend cette année à une récolte de 29 000 quintaux de raisin, contre 23 000 l’année précédente. De quoi faire pétiller les yeux d’Abdelkader Bendjenna, président du bureau de viticulture et de l’arboriculture fruitière de la DSA. Avec ses 598 hectares dédiés à la viticulture, dont 479 consacrés au raisin de table, la wilaya d’Oran s’affirme comme un acteur important de la filière. L’École au champ pourrait bien être le coup de pouce qui manquait pour faire de cette région un véritable eldorado du raisin. Le succès de l’École au champ ne devrait pas rester confiné aux frontières de la wilaya d’Oran. On murmure déjà que d’autres régions s’intéressent de près à cette approche novatrice. Qui sait, peut-être verrons-nous bientôt fleurir des écoles similaires dans d’autres coins du pays, transformant les champs en véritables laboratoires à ciel ouvert. En attendant, les viticulteurs d’Oran peuvent se targuer d’être à la pointe de l’innovation pédagogique. Une chose est sûre : dans cette école pas comme les autres, on apprend autant qu’on cultive, et on cultive autant qu’on apprend. Une recette qui promet une belle vendange de connaissances et, espérons-le, de délicieux raisins pour les années à venir.

S.M.