Le Maroc, plaque tournante du trafic de drogue international: Le Makhzen au cœur des réseaux criminels
Une série de révélations explosives et de rapports accablants mettent en lumière l’implication profonde du régime marocain dans un vaste réseau de trafic de drogue s’étendant de l’Afrique à l’Europe. Le scandale « Escobar du Sahara » et les déclarations d’un haut responsable du ministère de l’Intérieur marocain lève le voile sur la nature du régime marocain, un narco-État devenu le fer de lance d’un commerce illicite aux ramifications tentaculaires.
L’affaire « Escobar du Sahara », qui secoue actuellement le royaume, a révélé l’existence d’un réseau complexe impliquant des personnalités de premier plan du régime. El Hadj Ahmed Ben Ibrahim, surnommé « le Malien », figure centrale de ce trafic, entretient des liens étroits avec de hauts responsables politiques et sécuritaires. Parmi les 28 accusés dans ce procès retentissant, on trouve l’ancien président du club Wydad de Casablanca, Said Naciri, et l’ex-député Abdenbi Bioui. Leur implication illustre l’étendue de la corruption du Makhzen.
Des rapports médiatiques locaux ont révélé qu’Escobar du Sahara est une création du Makhzen, qui a transformé cet ancien berger en un baron de la drogue, responsable du trafic de cocaïne, bénéficiant de la protection du régime, malgré les mandats d’arrêt émis contre lui par Interpol. Les observateurs de ce scandale, qui documente l’implication du Makhzen dans l’inondation du monde avec des tonnes de drogue, estiment que ces procès ne sont que de façade. Ils soulignent que la justice du Makhzen a ouvert ce dossier sous pression, après que la presse internationale a dévoilé les détails de ce scandale transcontinental, notamment avec l’existence de mandats d’arrêt internationaux.
Plus inquiétant encore, des sources anonymes au sein du ministère de l’Intérieur marocain, cité par le journal espagnol « El Independiente », affirment que les services de renseignement militaires supervisent directement le trafic de stupéfiants. Les bénéfices colossaux générés alimenteraient une « caisse noire » servant les ambitions expansionnistes et colonialistes du royaume, notamment dans le conflit du Sahara occidental et ses manœuvres à l’international. Nul besoin de rappeler que ces maneouvres sont assises sur la corruption.
Selon ces révélations, le trafic de drogue est devenu un véritable instrument de la politique étrangère marocaine. Les fonds illicites servent à corrompre des institutions et des responsables politiques en Europe, en Afrique et en Amérique latine, dans le but de rallier des soutiens à la position marocaine sur le Sahara occidental. Le scandale du Morroco Gate qui a révélé la corruption de députés européens a bien mis en avant les pratiques criminelles du régime marocain.Le régime a également mis en place des réseaux sophistiqués pour acheminer la drogue vers l’Europe et le Sahel. Des cargaisons de poulpe en provenance des côtes sahraouies sont ainsi utilisées pour dissimuler les stupéfiants à destination de l’Espagne. D’autres routes passeraient par la Mauritanie, dissimulant la drogue dans des chargements de fruits, légumes et produits manufacturés.
L’occupation du Sahara occidental est d’ailleurs au coeur de ce dispositif criminel. Les ports du territoire occupé sont utilisés par le régime pour réceptionner la cocaïne en provenance d’Amérique latine, avant son acheminement vers l’Europe par la mocro-maffia via les réseaux de trafic de cannabis. Les figures politiques pro-marocaines dans la région financent leurs activités grâce aux revenus du trafic, avec la bénédiction des services de renseignement marocains.
Une menace croissante pour l’Europe et l’Afrique
Ce trafic à grande échelle représente une menace réelle pour l’ensemble de la région et suscite d’ailleurs d’inquiétude de l’ONU. Le dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) confirme l’ampleur de la menace. Le Maroc est identifié comme la principale source de résine de cannabis dans la région, avec une production atteignant 901 tonnes en 2022. Il en est de même pour les drogues dures. Les saisies de cocaïne au Sahel ont connu une augmentation spectaculaire, passant d’une moyenne annuelle de 13 kg sur la période 2015-2020 à 1466 kg en 2022. Cette hausse vertigineuse témoigne de l’intensification du trafic et du rôle croissant du Maroc comme plaque tournante. L’ONUDC souligne l’émergence de nouvelles routes maritimes reliant directement le Maroc au golfe de Guinée, signe d’une diversification des itinéraires. Cette évolution pourrait renforcer les liens entre les réseaux criminels marocains et ceux d’Afrique de l’Ouest, amplifiant la menace pour toute la région. Le rapport de l’ONUDC met également en lumière la complicité d’un large éventail d’acteurs dans la facilitation du trafic : hommes politiques, membres des forces de sécurité et du pouvoir judiciaire. Cette corruption systémique permet aux trafiquants de contourner les contrôles et d’échapper aux poursuites. Le journal espagnol « El Espanol » a même révélé l’implication de la marine royale marocaine dans des opérations d’introduction de stupéfiants en Espagne. Au-delà de son impact géopolitique, ce trafic représente une menace sanitaire majeure pour les populations du Maghreb et du Sahel. L’ONUDC alerte sur la hausse inquiétante de l’usage d’opioïdes dans la région, en particulier le tramadol. L’Afrique concentrerait 97% des saisies mondiales de ce médicament détourné de son usage thérapeutique. La facilité d’accès à ces substances, favorisée par les réseaux de distribution mis en place par le Maroc et ses alliés criminels, risque d’engendrer une véritable épidémie d’addiction, avec des conséquences dévastatrices.
Face à l’ampleur de la menace, la passivité de la communauté internationale interroge. Les liens étroits entretenus par le Maroc avec certaines puissances occidentales, notamment la France, explique une certaine complaisance à l’égard du royaume. Pourtant, l’implication du régime marocain dans ce trafic à grande échelle représente un danger clair et immédiat pour la sécurité européenne. L’afflux de drogue favorise le développement de réseaux criminels sur le sol européen, alimentant la violence et la corruption. Pour les pays du Maghreb et du Sahel, la menace est encore plus aiguë. Le trafic de drogue contribue à la déstabilisation de régions déjà fragilisées, alimentant les groupes armés et sapant les efforts de développement.
Chokri Hafed