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Malgré les turbulences du marché pétrolier  : L’OPEP+ maintient le cap

Le comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) de l’OPEP+, réuni hier, a décidé de maintenir la politique de production de pétrole inchangée, tout en insistant sur la nécessité d’un respect strict des quotas par ses membres. Cette décision intervient dans un contexte de volatilité accrue des prix du pétrole, oscillant entre inquiétudes géopolitiques et craintes de ralentissement économique.

Le groupe OPEP+, qui rassemble les 13 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et 10 producteurs alliés menés par la Russie, maintient ainsi sa ligne directrice établie fin 2022. Actuellement, l’alliance réduit sa production de 5,86 millions de barils par jour (bpj), soit environ 5,7% de la demande mondiale. Ce volume conséquent témoigne de la volonté du cartel de soutenir les cours, dans un marché pétrolier sous pression. La récente chute des prix en septembre, qui a vu le baril passer sous la barre symbolique des 70 dollars pour la première fois depuis 2021, avait déjà conduit l’OPEP+ à reporter d’octobre à décembre une augmentation prévue de 180 000 bpj. Cette hausse s’inscrit dans le cadre d’un plan plus large visant à lever progressivement les réductions volontaires les plus récentes d’ici 2025.

Cependant, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient avec une escalade des tensions sans précédent ont depuis fait remonter les cours au-dessus de 75 dollars le baril. Une situation illustre la complexité du marché pétrolier, volatile.

Au cœur des discussions du JMMC se trouvait la question du respect des engagements de réduction par les pays membres. Le communiqué publié à l’issue de la réunion souligne « l’importance cruciale de parvenir à une pleine conformité et compensation ». Deux pays en particulier sont sous surveillance : l’Irak et le Kazakhstan. Ces nations ont promis des « réductions compensatoires » de 123 000 bpj en septembre, et davantage dans les mois à venir, pour compenser leur surproduction passée. Dans ce contexte, le ministre de l’Énergie et des Mines,Mohamed Arkab a souligné lors de la réunion que « le JMMC a observé avec satisfaction qu’une grande majorité des pays de l’OPEP+ respecte pleinement les niveaux de production requis ». Il a néanmoins rappelé « l’importance, pour tous les pays signataires de la Déclaration de Coopération, de poursuivre leurs efforts et de compenser les surplus produits au cours des mois précédents ». Arkab a également dressé un tableau lucide de la situation actuelle du marché pétrolier : « Depuis le début de l’été, le marché est marqué par une volatilité excessive, des inquiétudes persistantes quant à la croissance économique mondiale et un ralentissement notable de la demande en produits pétroliers, alors même que les stocks mondiaux demeurent élevés et que le marché pétrolier reste correctement approvisionné ». Cette analyse met en lumière les défis auxquels l’OPEP+ est confrontée. D’un côté, le groupe doit gérer une offre abondante et des stocks élevés, qui exercent une pression à la baisse sur les prix. De l’autre, il doit composer avec une demande incertaine, freinée par les perspectives de ralentissement économique mondial. Dans ce contexte délicat, l’OPEP+ adopte une posture de vigilance accrue. Le communiqué indique que « le Comité évaluera continuellement les conditions du marché », tandis que M. Arkab annonce que « les membres du JMMC ont convenu de maintenir un contact étroit, de continuer à échanger régulièrement des points de vue et de rester particulièrement attentifs aux évolutions susceptibles d’affecter les fondamentaux du marché au cours des prochaines semaines ».

La décision de l’OPEP+ de maintenir sa politique actuelle, tout en insistant sur le respect des quotas, reflète sa volonté de stabiliser le marché pétrolier dans un environnement incertain.

Dans ce contexte, la flexibilité et la réactivité de l’OPEP+ seront des atouts essentiels. La prochaine réunion ministérielle du groupe, prévue le 30 novembre 2024, sera l’occasion d’évaluer l’efficacité de la stratégie actuelle et, si nécessaire, de l’ajuster aux nouvelles réalités du marché.

Sabrina Aziouez

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