Paiements numériques: Un texte pour la protection des consommateurs en préparation

Abdelhamid Boulouadnine, directeur général du crédit et de la réglementation bancaire à la Banque d’Algérie, a annoncé en marge de la Conférence internationale de haut niveau sur les paiements numériques l’élaboration imminente d’un cadre réglementaire visant à protéger les consommateurs des services financiers innovants. Ce texte, dont la promulgation est prévue avant la fin de l’année, témoigne de la volonté des autorités de créer un environnement sécurisé pour le développement des services financiers numériques. La Banque d’Algérie, consciente des défis inhérents à cette transition numérique, s’attache à trouver un équilibre entre innovation et sécurité. M. Boulouadnine a souligné le rôle crucial des banques centrales dans l’encouragement d’une « innovation responsable », tout en préservant la stabilité du secteur bancaire et la confiance des consommateurs. Il a insisté sur la nécessité de cadres réglementaires à la fois souples et clairs, pour ne pas entraver le développement du secteur financier. La protection des données personnelles figure également parmi les priorités. La création de l’Autorité nationale de protection des données à caractère personnel (ANPDP) et l’adoption de lois spécifiques témoignent de cette préoccupation. Ces mesures visent à créer un environnement de confiance propice au développement des transactions électroniques.

Parallèlement, Nabil Dhihia, directeur général adjoint du Centre de compensation interbancaire, a dévoilé un projet ambitieux de système de paiement électronique instantané. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à améliorer l’inclusion financière, faciliter l’accès aux services bancaires et réduire les coûts des transactions. Le système permettrait aux commerçants de recevoir instantanément le montant des transactions, contrairement au délai actuel qui peut atteindre 72 heures.

Ces développements s’accompagnent d’une réflexion approfondie sur les enjeux et les opportunités liés à l’innovation financière. Les experts présents à la conférence ont souligné l’importance cruciale des technologies, notamment dans les services bancaires mobiles, pour stimuler l’inclusion financière et la compétitivité économique. L’économiste Nazim Sini a notamment mis en avant le rôle du téléphone mobile comme vecteur d’inclusion financière, particulièrement pour les populations vulnérables. Le contexte international souligne l’urgence de ces avancées pour l’Algérie. Alors que 75% de la population mondiale dispose désormais d’un compte bancaire, contre seulement 49% en 2014, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord accuse encore un retard significatif. Pour combler cet écart, les experts recommandent d’encourager l’adoption des technologies financières, de lutter contre la bureaucratie et d’améliorer les infrastructures de communication. L’open banking et le paiement instantané ont été au cœur des discussions comme leviers potentiels de cette transformation. Tarek Ben Bahmed, du ministère de l’Économie de la connaissance, des startups et des micro-entreprises, a appelé à une évaluation minutieuse des options disponibles pour adapter ces innovations au contexte algérien, en prenant en compte les aspects législatifs et réglementaires.

Lyna Larbi