Travail et sécurité sociale: Les équilibres de CNR, enjeu majeur pour 2025
Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Fayçal Bentaleb, a présenté devant la commission des finances de l’Assemblée nationale les orientations budgétaires de son secteur pour 2025, révélant les défis majeurs auxquels font face les systèmes de protection sociale et de retraite. Le budget global du secteur s’élève à 836,209 milliards de dinars en autorisation d’engagement, une enveloppe substantielle dont la répartition témoigne des priorités gouvernementales : 42,23% sont consacrés au système de protection sociale, tandis que 56,84% sont destinés au soutien et à la promotion de l’emploi. Les programmes d’administration générale et d’inspection du travail se voient attribuer des parts plus modestes, respectivement 0,49% et 0,44% du budget total.
L’équilibre financier des organismes de sécurité sociale constitue un enjeu crucial pour 2025. Les prévisions des prélèvements non fiscaux destinés à leur financement s’élèvent à 2029,175 milliards de dinars, un montant qui reflète l’ampleur des besoins de financement du système. Pour assurer la pérennité de ces organismes, particulièrement la Caisse Nationale des Retraites (CNR), le projet de loi de finances 2025 introduit plusieurs mesures structurantes. Parmi les dispositifs innovants visant à consolider l’équilibre financier de la CNR figure l’autorisation d’investir les excédents de trésorerie des organismes de solidarité sociale. Cette mesure témoigne d’une volonté de diversifier les sources de financement et d’optimiser la gestion des ressources disponibles. En parallèle, le gouvernement a décidé de renforcer la contribution de solidarité sur les marchandises importées destinées à la consommation, qui passe à 3% au profit de la Caisse Nationale des Retraites, créant ainsi une nouvelle source de revenus substantielle. Ces mesures s’inscrivent dans un contexte où le système de protection sociale fait face à des pressions croissantes, notamment avec l’allocation chômage qui compte désormais plus de 2 024 952 bénéficiaires. Ce dispositif, bien qu’essentiel sur le plan social, représente une charge significative pour les finances publiques. Toutefois, il s’accompagne d’efforts de formation et d’insertion professionnelle, comme en témoignent les 322 368 bénéficiaires ayant suivi une formation professionnelle, une approche qui vise à terme à réduire la pression sur le système de protection sociale en facilitant le retour à l’emploi. La modernisation du secteur, à travers la transformation numérique, apparaît comme un levier stratégique pour optimiser la gestion des ressources et améliorer l’efficacité administrative. Le développement de solutions techniques innovantes et l’interconnexion des différents organismes devraient permettre une meilleure maîtrise des coûts et un suivi plus rigoureux des dépenses. Les députés ont néanmoins soulevé des préoccupations quant au contrôle a posteriori de l’exécution budgétaire, soulignant la nécessité d’établir des indicateurs de performance plus précis pour évaluer l’efficacité des dépenses publiques dans ce secteur stratégique. Cette demande de transparence accrue reflète l’importance cruciale d’une gestion optimale des ressources pour maintenir l’équilibre financier du système de protection sociale.
Les objectifs fixés pour 2025 s’articulent autour de plusieurs axes stratégiques : la promotion de l’emploi et la régulation du marché du travail selon une approche économique efficiente, le renforcement de la politique sociale de l’État à travers le soutien continu à l’allocation chômage, et le maintien de l’équilibre financier du système de sécurité sociale, particulièrement en ce qui concerne les pensions de retraite. Le secteur entend également intensifier le contrôle des relations de travail et promouvoir le dialogue social ainsi que l’activité syndicale.
Salim Amokrane