Nouvelle Agence budgétaire : Une vision stratégique pour 2035
L’Algérie engage une transformation profonde de sa gouvernance financière avec la création de l’Agence nationale des grands équilibres du budget de l’État, de la prospective et de la planification. Cette institution ambitieuse, directement initiée par le président Abdelmadjid Tebboune, représente un tournant majeur dans la stratégie économique et budgétaire du pays. Lors d’une intervention récente sur les ondes de la radio nationale, Kamel Maraghni, directeur général des prévisions et politiques au ministère des Finances, a détaillé les contours et les objectifs de cette nouvelle agence, dont la mission principale sera de développer une planification budgétaire prospective avec une vision claire jusqu’en 2035.
L’originalité de cette agence réside dans sa capacité à repenser globalement l’approche budgétaire nationale. Contrairement aux mécanismes traditionnels, elle ne se contentera pas d’une gestion administrative annuelle, mais proposera une vision stratégique à long terme. Ses missions principales comprennent une planification détaillée des budgets sectoriels, un suivi précis de leur exécution, l’établissement d’indicateurs économiques précis pour chaque secteur et la garantie des grands équilibres économiques et financiers nationaux. Cette approche s’inscrit parfaitement dans la mise en œuvre de la loi organique 18-15 relative aux lois de finances, qui consacre le passage d’un modèle budgétaire basé sur les moyens à un modèle axé sur des objectifs concrets et mesurables.
La loi de finances 2025, récemment adoptée par le Parlement, constitue la première traduction concrète de cette nouvelle vision stratégique. Elle intègre des mesures particulièrement ambitieuses destinées à répondre aux défis économiques et sociaux actuels. Le texte prévoit notamment un soutien significatif au pouvoir d’achat des citoyens, un accompagnement renforcé de l’investissement et un élargissement de l’assiette fiscale, et ce, sans création de nouveaux impôts. Sur le plan financier, le gouvernement a prévu des dépenses de transfert conséquentes, s’élevant à près de 5 872 milliards de dinars, principalement orientées vers la subvention des produits de grande consommation. La numérisation apparaît comme un autre axe stratégique majeur de cette transformation. Khaled Dahmani, directeur des politiques budgétaires, a insisté sur l’importance des plateformes numériques comme « Jibayatic » et « Moussahamatic » dans l’amélioration de la transparence financière et la lutte contre la fraude fiscale. Ces outils digitaux permettront de moderniser en profondeur les systèmes de gestion et de contrôle financiers.
L’originalité de l’approche réside également dans la volonté de faire fonctionner cette agence de manière collaborative et interactive avec l’ensemble des secteurs socio-économiques. Il ne s’agira pas d’un organisme technocratique déconnecté des réalités économiques, mais d’une structure dynamique capable d’intégrer les spécificités et les enjeux de chaque secteur. Sa création représente ainsi une étape cruciale dans la modernisation de la gouvernance financière algérienne, proposant une vision stratégique ambitieuse qui place la prospective, la planification et l’efficacité budgétaire au cœur des préoccupations nationales. Cette réforme s’inscrit dans une démarche de long terme, visant à doter l’Algérie d’outils de pilotage économique plus performants et plus adaptés aux défis du XXIe siècle. Elle témoigne de la volonté des autorités de rationaliser la dépense publique, de stimuler l’investissement et de construire une économie plus résiliente et diversifiée.
Sabrina Aziouez