Accord commercial agricole UE/Maroc annulé par la CJUE : Le syndicat agricole espagnol exhorte l’UE à le « suspendre immédiatement »
Le coordonnateur des organisations agraires et d’élevage espagnols (COAG), Andrés Gongora, a exhorté l’Union européenne (UE) à « suspendre immédiatement » l’accord commercial agricole liant l’Union au Maroc, fustigeant le délai de grâce de 12 mois prévu dans l’arrêt de la Cour de justice de l’UE qui a invalidé définitivement cet accord.
La récente décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) marque un tournant historique dans la reconnaissance internationale de la cause sahraoui, réaffirmant avec force la légitimité du combat du peuple pour son autodétermination. En annulant les accords de pêche et d’agriculture entre l’UE et le Maroc, la Haute Juridiction européenne a officiellement reconnu l’illégalité de l’exploitation par l’occupation marocaine des ressources du Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique. Cette décision est bien plus qu’un simple arrêt commercial : c’est une victoire symbolique pour le Front Polisario et les Sahraouis qui, depuis des décennies, luttent contre l’occupation marocaine. Voici la version intégrant les propos entre guillemets :
Andrés Gongora, responsable du COAG, a souligné que « la campagne espagnole est redevable aux Sahraouis et au Front Polisario » pour cette victoire juridique. Il a affirmé sans détour que « ces accords ont démontré que le Maroc n’est pas le partenaire fiable que le gouvernement espagnol aimerait présenter comme tel. Au contraire, c’est un État qui utilise toutes ses armes pour ses propres intérêts et qui ne se soucie de rien, y compris des questions de droits de l’homme ». « Si la Cour a jugé que l’accord n’est pas légal, l’UE ne peut pas fermer les yeux et maintenir un accord illégal en vigueur pendant encore 12 mois, uniquement pour favoriser certaines sociétés transnationales », a-t-il déclaré, lors d’une conférence organisée, lundi, au Congrès des députés (chambre basse espagnole). La Cour a explicitement condamné les accords commerciaux conclus sans le consentement du peuple autochtone, établissant un précédent juridique crucial qui replace la question du Sahara occidental au cœur des débats internationaux sur l’autodétermination. L’arrêt va au-delà d’une simple annulation technique : il reconnait que le Maroc ne peut légitimement exploiter des ressources dans un territoire dont la souveraineté reste contestée. Cette décision impose désormais une transparence totale, obligeant l’étiquetage explicit des produits originaires du Sahara occidental. Les juges européens ont ainsi créé un mécanisme juridique permettant de rendre visible l’invisibilité historique subie par le peuple sahraoui. Andrés Gongora a révélé l’existence d’une « mégalopole de la tomate » à Dakhla, dans les territoires occupés, « exploitée par cinq grands groupes d’entreprises, dont certains appartiennent à Mohamed VI et à l’ancien ministre de l’Agriculture du Maroc ». Le COAG préconise « la vigilance face aux tentatives de contournement par le Maroc », tout en appelant « les consommateurs européens à privilégier les produits respectueux des normes éthiques », faisant du choix d’achat un levier d’action.
Chantage marocain
Le syndicat a dénoncé le pillage des ressources naturelles, accusant le Maroc d’user de « chantage » et d’utiliser les cartes du « terrorisme, l’immigration et la drogue » pour « obtenir des compensations ». Cette décision judiciaire représente donc bien plus qu’un simple contentieux commercial : c’est une réaffirmation solennelle du droit à l’autodétermination, un coup d’arrêt à des décennies d’exploitation économique et une reconnaissance internationale de la légitimité de la cause sahraoui. La Cour a clairement statué que les produits importés doivent indiquer le Sahara occidental comme pays d’origine, soulignant qu' »en tant que produits importés dans l’Union européenne, les melons et les tomates récoltés au Sahara occidental doivent indiquer leur pays d’origine » et que « mentionner le Maroc plutôt que le Sahara occidental induirait les consommateurs en erreur ».
Lyes Saïdi