Dans la continuité d’une fraternité politique et historique
Le Président sud-africain Cyril Ramaphosa effectue dès aujourd’hui une visite d’État qui cristallise une relation historique profonde et des enjeux géopolitiques stratégiques.
Comme l’indique le communiqué officiel de la Présidence de la République : « A l’invitation du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, le président de la République d’Afrique du Sud, pays frère, M. Cyril Ramaphosa, entamera, jeudi 5 décembre 2024, une visite d’Etat en Algérie ». Cette rencontre s’inscrit dans la continuité d’un parcours diplomatique singulier, façonné par des décennies de solidarité, de lutte contre le colonialisme et d’engagement pour la justice internationale. Les liens entre l’Algérie et l’Afrique du Sud transcendent les simples relations interétatiques pour devenir une fraternité politique et historique profondément ancrée. Cette visite représente plus qu’un protocole diplomatique traditionnel : elle symbolise la convergence de deux nations ayant traversé des expériences de résistance coloniale et de reconstruction nationale. L’histoire partagée remonte aux moments cruciaux de la lutte contre l’apartheid, où l’Algérie a offert un soutien indéfectible au mouvement de libération sud-africain, accueillant notamment Nelson Mandela, qui considérait l’Algérie comme une terre ayant « fait de lui un homme ». Cette solidarité historique continue d’irriguer les relations contemporaines entre les deux pays. Aujourd’hui, l’Algérie et l’Afrique du Sud se positionnent comme des acteurs majeurs de la scène internationale, défendant conjointement les valeurs d’un monde multipolaire, du droit international et du règlement pacifique des conflits. Leur engagement commun pour les causes palestinienne et sahraouie témoigne d’une vision géopolitique alignée, centrée sur la justice et la souveraineté des peuples. La visite de Ramaphosa intervient dans un contexte international complexe, où les deux nations cherchent à renforcer leur coopération économique et stratégique. Les perspectives de collaboration sont multiples : exploration des opportunités d’investissement, dynamisation des échanges commerciaux, coordination diplomatique dans les enceintes internationales. La récente création d’une ligne aérienne directe Alger-Johannesburg, la signature d’un mémorandum entre les chambres de commerce et l’établissement d’un groupe parlementaire d’amitié illustrent cette volonté de construire un partenariat ambitieux. Les travaux de la Commission bilatérale de haut niveau, programmés durant cette visite, devraient permettre de consolider ces perspectives.
Une alliance stratégique
Le contexte géopolitique actuel renforce la pertinence de cette alliance : face aux défis mondiaux, l’Algérie et l’Afrique du Sud entendent promouvoir une vision africaine autonome et solidaire. Leur convergence sur des dossiers internationaux sensibles, comme la reconnaissance des crimes israéliens à Ghaza par la Cour pénale internationale, démontre leur capacité à peser collectivement sur les dynamiques mondiales. Le geste symbolique de nommer le nouveau stade de Baraki en l’honneur de Nelson Mandela illustre la dimension historique et affective de cette relation. La visite de Ramaphosa s’annonce donc comme un moment stratégique, combinant héritage historique, enjeux économiques contemporains et ambitions diplomatiques communes. Elle traduit la volonté de deux nations de construire une relation de long terme, fondée sur des valeurs de résistance, de dignité et de coopération Sud-Sud. Les discussions devraient porter sur des thématiques aussi diverses que la coopération économique, la sécurité continentale, les investissements croisés et les stratégies de développement. L’objectif est clairement de consolider un partenariat qui dépasse les traditionnelles relations diplomatiques pour devenir un véritable axe de transformation continentale. Cette rencontre au sommet symbolise ainsi la capacité de l’Afrique à construire des alliances stratégiques autonomes, loin des schémas post-coloniaux, et à affirmer sa voix sur la scène internationale. L’Algérie et l’Afrique du Sud se positionnent comme des locomotives d’une intégration africaine renouvelée, porteuse d’espérance et de perspectives de développement endogène.
Hocine Fadheli
