Avoirs libyens gelés : Une victoire pour la diplomatie algérienne
L’Algérie vient de marquer un succès diplomatique majeur aux Nations Unies en obtenant une avancée historique sur la question des avoirs libyens gelés. Lors de la dernière séance du Conseil de sécurité consacrée à la Libye vendredi, la diplomatie algérienne a réussi à faire adopter une décision permettant à l’Autorité libyenne d’investissement de réinvestir ses avoirs gelés dans les institutions financières internationales, une première depuis leur gel. Cette victoire diplomatique s’inscrit dans la continuité de l’engagement historique de l’Algérie aux côtés de son voisin libyen. Présidant actuellement le Conseil de sécurité, l’Algérie a su mettre à profit cette position pour faire avancer ce dossier sensible qui préoccupe depuis longtemps les autorités libyennes. La résolution adoptée comprend deux avancées majeures : d’une part, elle autorise la réinjection des avoirs gelés dans le circuit financier pour en préserver la valeur, et d’autre part, elle impose désormais au Comité des sanctions d’informer systématiquement la mission libyenne à l’ONU de toute correspondance concernant ces avoirs. S’exprimant au nom du Groupe A3+ (Algérie, Somalie, Sierra Leone et Guyana), l’ambassadeur Amar Bendjama, représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, a souligné l’importance de ces décisions tout en exprimant une « vive préoccupation » quant à « l’érosion continue des avoirs libyens gelés, en raison de leur mauvaise utilisation et gestion par certaines institutions financières internationales qui devraient être tenues responsables ». Il a notamment insisté sur le fait que « le peuple libyen doit bénéficier d’indemnisations et de réparations complètes, pour ces violations ».
Le diplomate algérien a également salué l’évolution positive concernant « la radiation de certaines personnes et entités de la liste des sanctions, car ne répondant plus aux critères pour y figurer ». Cette nouvelle transparence dans la gestion des avoirs, avec l’information systématique de la mission libyenne, constitue selon lui « une amélioration supplémentaire qui renforcera l’efficacité et la transparence de notre action en tant que membres du Conseil ».
Au-delà de la question des avoirs gelés, l’Algérie maintient sa position historique en faveur d’une solution politique inclusive en Libye. Le Groupe A3+, sous son impulsion, a réaffirmé son « engagement ferme en faveur d’un processus politique dirigé et contrôlé par les Libyens, sous l’égide des Nations unies ». Cette position fait écho aux déclarations répétées du président Abdelmadjid Tebboune, qui plaide constamment pour une solution inter-libyenne passant par l’organisation d’élections légitimes. Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf a d’ailleurs rappelé l’engagement de l’Algérie à défendre le droit des Libyens à sortir de la crise sans ingérence étrangère, appelant à l’organisation d’élections libres et transparentes. Cette position s’accompagne d’une demande ferme de « retrait immédiat des forces étrangères, des combattants étrangers et des mercenaires », ainsi que du « respect total de l’unité, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Libye ». Ce succès diplomatique renforce la position de l’Algérie comme acteur régional majeur, capable de peser sur des dossiers sensibles tout en maintenant une ligne politique cohérente basée sur le respect de la souveraineté des États et le rejet des ingérences étrangères. Il démontre également la capacité de la diplomatie algérienne à obtenir des résultats concrets sur la scène internationale, particulièrement lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts des pays de la région.
Chokri Hafed