Sahara occidental : La CEAS dénonce l’expulsion de deux militants et un journaliste espagnols de la ville de Dakhla occupée
La Coordination des associations de solidarité avec le Sahara (CEAS-Sahara) a dénoncé l’expulsion de deux militants espagnols et un journaliste espagnols de la ville sahraouie de Dakhla occupée par les forces d’occupation marocaines. Les trois hommes se trouvaient à Dakhla dans le cadre d’une mission d’observation visant à évaluer la situation critique des droits de l’homme à laquelle est confrontée la population civile sahraouie dans les territoires occupées du Sahara occidental. En plus de leur arrivée dans la ville sur un vol opéré par Ryanair, ils avaient également pour but de dénoncer l’illégalité de cette compagnie aérienne, que CEAS-Sahara estime comme complice de l’occupation. Le régime d’occupation marocain a transformé le Sahara Occidental occupé en la plus grande prison à ciel ouvert du monde, expulsant systématiquement les journalistes et les observateurs internationaux qui osent dénoncer la grave situation des droits humains sur le territoire. Cette dernière expulsion s’ajoute à une longue liste de pratiques répressives qui visent à faire taire toute tentative de rendre visible la réalité de la population sahraouie. À la lumière de ces événements, la CEAS-Sahara a déposé une plainte formelle auprès du ministère espagnol des Affaires étrangères, exigeant de ce dernier de déposer une plainte officielle auprès des autorités marocaines. L’organisation a exprimé sa solidarité avec les personnes expulsées et réaffirmé son engagement à défendre les droits de l’homme au Sahara occidental, notamment au moment où la MINURSO n’a pas de composante pour la surveillance des droits de l’homme à l’instar des autres missions de l’ONU dans le monde. Enfin, le CEAS-Sahara réitère son soutien au peuple sahraoui et à ceux qui œuvrent pour ses droits, exprimant son engagement de continuer sa lutte pour les droits légitimes de ce peuple à l’autodétermination, malgré toutes les difficultés.
Des journalistes désavouent la position de l’Union des journalistes arabes
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Notons sur un autre registre que des journalistes et militants arabes ont pris leurs distances par rapport au communiqué récent de l’Union des journalistes arabes, qui a exprimé son soutien à ce qu’on appelle le « projet d’autonomie » dans le cadre de la « souveraineté marocaine prétendue » sur le Sahara occidental. Ils considèrent cette position comme une violation flagrante des lois et de la légalité internationale, qui reconnaissent au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination. L’Union des journalistes, écrivains et auteurs sahraouis a indiqué avoir reçu des messages et des prises de position de journalistes et militants arabes, affirmant unanimement que la déclaration de l’Union des journalistes arabes reflète une position illégale et illégitime, étrangère à toute notion de justice. Ils dénoncent un non-respect profond des chartes et de l’éthique de la profession journalistique, ainsi que des principes fondamentaux du travail syndical, qui doit, par essence, soutenir le droit des peuples à l’autodétermination.
C’est également ce qu’a souligné Mahmoud Al-Saleh, président du Comité arabe de solidarité avec le peuple sahraoui, en affirmant que cette position « ne représente pas celle des journalistes arabes, qui, depuis plus d’un demi-siècle, ont exprimé leur soutien à travers des milliers d’articles, d’enquêtes journalistiques et de recherches scientifiques et historiques sur le sujet. » Il a qualifié cette déclaration d’illégale et d’illégitime, la considérant comme une position purement politique visant à satisfaire le régime marocain.
M. Mahmoud Al-Saleh a réaffirmé le soutien de son comité au « droit du peuple arabe sahraoui à l’autodétermination et à la proclamation de son État indépendant sur son territoire reconnu internationalement et historiquement. » Il a insisté sur le fait que « le Sahara occidental n’appartient ni par l’histoire, ni par la géographie, ni par les coutumes, ni par les traditions, ni par le patrimoine populaire au royaume du Maroc. » Par conséquent, « aucune déclaration ou position de l’Union des journalistes arabes ne pourra changer cette réalité ni légitimer un fait accompli illégal. »
De son côté, Hamdi Al-Husseini, écrivain et journaliste égyptien soutenant la cause sahraouie, a affirmé que « le peuple sahraoui mène un combat juste et légitime pour sa libération et son droit à l’autodétermination, une question toujours inscrite à l’agenda des Nations unies et du Conseil de sécurité. » Il a exprimé son regret face à la marginalisation et à la censure délibérée de cette question dans les médias arabes, dénonçant une tentative systématique d’obscurcir et de déformer la réalité pour empêcher l’opinion publique arabe d’accéder à la vérité.
La journaliste palestinienne Sabrine Diab a, quant à elle, affirmé que le peuple palestinien a toujours été aux côtés des peuples en lutte pour leur autodétermination, conformément aux principes du droit international. Elle a insisté sur la nécessité d’accorder au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination et à un État indépendant, à l’instar des autres peuples ayant accédé à la liberté après la colonisation. De son côté, Jihan Al-Louati, membre du Syndicat national des journalistes tunisiens et de l’Union africaine des journalistes, a exprimé sa stupéfaction face à la récente prise de position de l’Union des journalistes arabes. Elle a dénoncé « une atteinte grave aux principes fondamentaux du journalisme et aux valeurs du travail syndical, qui devrait soutenir le droit des peuples à l’autodétermination, tout en respectant la neutralité et la justice. » Elle a également affirmé que « tout journaliste ou syndicaliste se doit d’être du côté de la vérité et des droits des peuples. »
Le militant et journaliste yéménite Abdelaziz Al-Tarib a, quant à lui, estimé qu’il est « temps que le peuple sahraoui puisse enfin jouir de son droit à l’autodétermination après un long combat. » Il a appelé à « un soutien accru pour aider ce peuple à obtenir son indépendance et sa souveraineté. »
L’activiste jordanienne des droits de l’homme Haifa Mossaddah a dénoncé la position adoptée par l’Union des journalistes arabes, affirmant qu’elle « ne reflète pas la véritable position des médias arabes, qui ont toujours soutenu le droit des peuples à l’autodétermination. » Elle a souligné que « la lutte du peuple sahraoui depuis plus d’un demi-siècle ne peut être ignorée ou balayée par une décision irresponsable motivée par des considérations politiques dictées par certains régimes arabes. »
Par ailleurs, la Fédération internationale des journalistes solidaires avec la cause sahraouie a condamné la position de l’Union générale des journalistes arabes, la qualifiant de « violation du droit international et des principes de justice et de paix. »
R.I.