RD Congo: Les M23 se dirigent vers Bukavu
La situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) s’aggrave de jour en jour alors que le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda, poursuit son avancée après la prise de Goma, menaçant désormais la ville de Bukavu. Cette escalade de la violence, qui a déjà fait 700 morts et 2’800 blessés selon les derniers rapports de l’ONU, provoque une crise humanitaire majeure, particulièrement préoccupante pour les enfants de la région. Face à cette situation critique, l’UNICEF vient de lancer un appel urgent de 22 millions de dollars pour venir en aide aux plus jeunes victimes du conflit. La chute de Goma, principale ville de l’est de la RDC, aux mains des rebelles du M23 marque un tournant dramatique dans ce conflit qui déchire la région depuis des années. Les forces rebelles, appuyées par les Forces de défense du Rwanda (FDR), progressent maintenant rapidement vers Bukavu, capitale du Sud-Kivu, une ville d’un million d’habitants. Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de la paix, confirme que les rebelles se trouvent à environ 60 kilomètres au nord de Bukavu, après avoir pris le contrôle de la ville stratégique de Minova le 21 janvier. L’avancée des forces rebelles a déjà dépassé la cité minière de Nyabibwe, située au bord du lac Kivu, semant la terreur parmi les populations locales. Cette progression rapide des combats a provoqué un exode massif de la population. Au cours des trois derniers mois, ce sont 658 000 personnes supplémentaires qui ont été contraintes de fuir leurs foyers dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont au moins 282 000 enfants. La situation est particulièrement dramatique à Goma, où les familles déplacées dans les camps situés à la périphérie nord et ouest de la ville ont dû se réinstaller dans le centre-ville pour échapper aux combats. Certaines de ces familles en sont à leur cinquième déplacement en quelques semaines seulement. Jean François Basse, représentant intérimaire de l’UNICEF en RDC, souligne l’extrême gravité de la situation à Goma, qui ne fait qu’aggraver une crise humanitaire déjà catastrophique. Il lance un appel pressant aux parties en conflit pour qu’elles mettent fin à l’escalade des violences armées, qui ne fait qu’accroître les souffrances des enfants et détériorer davantage des conditions humanitaires déjà épouvantables. Les enfants sont particulièrement vulnérables dans ce contexte. L’UNICEF identifie des risques majeurs pour leur santé et leur protection. Les conditions de vie précaires dans les camps de déplacés, marquées par la promiscuité et l’insalubrité, favorisent la propagation de maladies graves comme le choléra, la rougeole et la variole. La situation est d’autant plus alarmante que l’accès aux soins est devenu extrêmement difficile : les parents hésitent à emmener leurs enfants malades à l’hôpital, craignant d’être pris dans des tirs croisés, sans compter le manque critique de places disponibles dans les établissements de santé. Les fonds demandés par l’UNICEF serviront à fournir une aide vitale couvrant plusieurs besoins essentiels : l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement, la fourniture de médicaments et de matériel médical, le traitement des enfants souffrant de malnutrition sévère, ainsi que la mise en place de services de protection. La communauté internationale observe avec inquiétude cette détérioration rapide de la situation, qui menace non seulement la stabilité de la RDC mais celle de toute la région des Grands Lacs.
R.I.