Soudan: L’ONU condamne les attaques contre les civils
La situation humanitaire au Soudan atteint un niveau critique, marquée par des violences meurtrières et une crise alimentaire sans précédent, selon les rapports récents de l’ONU et des organisations humanitaires. Depuis avril 2023, le conflit opposant l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR) a plongé le pays dans un chaos humanitaire dramatique, causant la mort de milliers de personnes et déplaçant plus de 12 millions d’habitants. Les Nations unies ont condamné une série d’attaques meurtrières contre des civils, notamment le bombardement meurtrier d’un marché près de Khartoum qui a fait au moins 60 morts. La coordinatrice de l’agence humanitaire de l’ONU (OCHA), Clémentine Nkweta-Salami, a dénoncé une attaque « indiscriminée » et « horrible » survenue à Omdourman, dans la banlieue de Khartoum, attribuée par des témoins et des groupes civils aux Forces de soutien rapide. Cette attaque s’est déroulée dans une zone contrôlée par l’armée, soulignant la complexité et la brutalité du conflit en cours. Les violences ne se limitent pas à la région de Khartoum. Des meurtres de civils ont également été signalés dans le Kordofan-Nord et au Darfour, régions particulièrement touchées par les affrontements. L’armée soudanaise a annoncé avoir repris la ville stratégique d’Oum Rawaba, située sur une autoroute reliant le Nord-Kordofan au centre du Soudan, auparavant aux mains des FSR. Mme Nkweta-Salami a souligné que « les souffrances des civils soudanais durent depuis bien trop longtemps » et qu’il est « plus que temps de mettre fin à cette guerre ». La situation sanitaire est tout aussi préoccupante. Selon le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, plus de 1500 attaques contre des structures de soins ont été enregistrées en 2024 dans 15 pays et régions, causant 932 décès et 1767 blessés. Ces attaques, qui sont devenues selon lui « une nouvelle norme », touchent notamment des services de santé à Gaza, au Liban, au Soudan et dans d’autres zones de conflit. Tedros a déploré l’absence de responsabilité, soulignant que « presque personne n’a été tenu responsable de ces violations du droit international ». La crise alimentaire atteint des proportions alarmantes. Médecins sans Frontières (MSF) tire la sonnette d’alarme : la moitié de la population soudanaise, soit 24,6 millions de personnes, fait face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Parmi eux, 8,5 millions sont confrontés à des situations d’urgence ou de famine, selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire. Les besoins logistiques sont immenses. Pour fournir des rations alimentaires mensuelles aux personnes les plus vulnérables, il faudrait 2500 camions d’aide par mois. Or, seulement environ 500 ont traversé la frontière vers le Darfour ces six derniers mois. MSF appelle les agences onusiennes, les organisations internationales et les pays donateurs à explorer toutes les options, y compris les voies aériennes, pour pallier les difficultés d’acheminement. L’organisation humanitaire exhorte également les parties belligérantes, leurs alliés et les États influents à lever les obstacles qui causent morts et souffrances. Stéphane Doyon, responsable des opérations de MSF, souligne que malgré la complexité de la situation, l’aide humanitaire reste possible. Marcella Kraay, coordinatrice d’urgence, rappelle que c’est précisément le rôle des organisations humanitaires et de l’ONU d’intervenir. L’ONU avait déjà averti en octobre que « jamais dans l’histoire autant de personnes n’ont été confrontées à la faim et à la famine » au Soudan. Près d’un an plus tard, la situation continue de se dégrader, nécessitant une mobilisation internationale urgente pour éviter une catastrophe humanitaire de grande ampleur.
L.S.