Exposition de Meriem Hachemi à la galerie Librosa : Des toiles qui invitent au voyage
Dans le paysage artistique algérois, où les galeries d’art fleurissent comme autant de jardins secrets, une nouvelle floraison picturale vient d’éclore sous le pinceau délicat de Meriem Hachemi. La galerie « Librosa », écrin fraîchement inauguré dans la capitale, accueille depuis samedi une exposition qui transporte les visiteurs dans un voyage chromatique entre deux continents, deux cultures, deux sensibilités. « Prélude du printemps », tel un poème visuel, dévoile les trésors rapportés par l’artiste de son séjour en Colombie, terre de contrastes et de lumières qui a nourri son inspiration. Dans cette symphonie visuelle, les fleurs jouent la partition principale, témoins délicats d’une nature généreuse que l’artiste a su capturer avec une sensibilité particulière. Le choix du figuratif, loin d’être une simple reproduction du réel, devient sous son pinceau un dialogue intime avec la beauté visible des paysages colombiens. Chaque toile, qu’elle soit réalisée à l’acrylique ou à l’huile, respire l’harmonie et la maîtrise technique, où les tons doux et profonds s’entremêlent dans une danse subtile qui invite le spectateur à la contemplation. L’artiste, dont le regard est aussi affûté que celui d’une anthropologue des couleurs, explique que ses œuvres comme « Village colombien », « Les vendeuses de fleurs », « Au rythme des éclats de printemps » ou encore « Force et synergie, un symbole d’attraction » ne sont pas de simples représentations florales. « Les fleurs sont utilisées comme une métaphore de la vie dans un contraste de couleurs maîtrisé mettant en évidence les premiers éléments de l’univers », confie-t-elle, dévoilant ainsi la profondeur philosophique qui sous-tend son travail. Elle ajoute avec une conviction tranquille que ses toiles « représentent souvent des émotions et interrogent l’univers humain à travers les fleurs, reflet du monde visible. » Parmi les œuvres exposées, « Un paysage colombien » se distingue par son approche particulière qui fait écho à l’histoire de l’art. L’artiste révèle à l’APS s’être inspirée de « La nuit étoilée » du maître néerlandais Vincent Van Gogh, créant ainsi un pont temporel entre les tourments célestes du XIXe siècle et sa propre vision du monde. Dans cette interprétation contemporaine, Meriem Hachemi pose un regard qu’elle qualifie elle-même de « confus » sur notre monde, où le ciel, le soleil et la terre se mêlent dans une composition dominée par des bleus profonds et des tons vifs, comme autant de questions sur notre place dans l’univers. Le parcours de cette jeune artiste de 28 ans est aussi singulier que sa palette. Diplômée en sciences économiques et sociales, elle a trouvé sa vocation artistique lors de son séjour en Colombie, guidée par l’influence bienveillante de sa mère, elle-même artiste peintre autodidacte. Cette transmission du flambeau artistique, cette filiation créative, ajoute une dimension touchante à une œuvre déjà riche en émotions. « Prélude du printemps », sa première exposition en Algérie, s’impose comme une promesse, celle d’un renouveau artistique qui trouve ses racines dans la diversité culturelle et l’échange entre les peuples. Visible jusqu’au 9 mars dans les murs de la galerie Librosa, cette exposition marque non seulement les débuts prometteurs d’une artiste sur la scène nationale, mais aussi l’émergence d’une voix singulière dans le concert des arts plastiques algériens. À travers ses toiles, Meriem Hachemi nous rappelle que l’art, comme les fleurs qu’elle affectionne tant, a ce pouvoir unique de transcender les frontières et de faire dialoguer les cultures dans un langage universel de beauté et d’harmonie.
M.S.