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Manifestation massive à Marrakech pour dénoncer la corruption: Le Maroc en ébullition

La ville de Marrakech a été hier le théâtre d’une manifestation massive d’une ampleur inédite, reflétant la colère croissante des Marocains face à la corruption ancrée au sein du régime du Makhzen sur fond de dégradation alarmante de leurs conditions de vie. Organisée par l’Association marocaine pour la protection des deniers publics, cette marche avait pour mot d’ordre : « Assez de la corruption et de la collusion entre pouvoir et capital ».

Des centaines de citoyens, issus de diverses régions du pays, ont convergé vers Bab Doukkala, point de départ de la manifestation. Brandissant des pancartes et scandant des slogans tels que « Le peuple veut la fin de la corruption » et « Poursuivez les voleurs de l’argent public », les participants ont exprimé leur exaspération face à la persistance de la corruption, au détournement des fonds publics et à l’impunité dont bénéficient les responsables impliqués. Cette marche nationale reflète un ras-le-bol général face à une situation socio-économique qui se détériore et à une perception d’impunité pour les élites corrompues. Les participants ont appelé à une réforme profonde des institutions, à une véritable séparation des pouvoirs et à une justice indépendante capable de poursuivre efficacement les crimes financiers.

Cette mobilisation intervient dans un contexte socio-économique particulièrement difficile pour le Maroc. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), le taux de chômage a atteint 13,3 % en 2024, contre 13 % l’année précédente, soit 1,63 million de personnes sans emploi sur une population de 37 millions d’habitants. Cette hausse est en grande partie attribuée à une sécheresse persistante qui a durement frappé le secteur agricole, entraînant la perte de 137 000 emplois après sept années consécutives de sécheresse.  Les jeunes sont particulièrement touchés, avec un taux de chômage atteignant 36,7 % en 2024, contre 35,8 % l’année précédente. Les diplômés ne sont pas épargnés, affichant un taux de 19,6 %, tandis que le chômage féminin s’élève à 19,4 %. Ces chiffres traduisent une crise économique profonde, exacerbée par des inégalités régionales marquées. En milieu urbain, le taux de chômage est passé de 19,3 % à 21,2 %, tandis qu’en milieu rural, il a bondi de 10,5 % à 21,4 %. Certaines régions, notamment le Rif, enregistrent des taux dépassant les 30 %.

Une justice restreinte face à la corruption

Face à cette situation, l’opposition critique le gouvernement pour son incapacité à tenir ses promesses en matière de création d’emplois. Parallèlement à la crise économique, les manifestants dénoncent le projet de code de procédure pénale, présenté le 22 janvier 2025 par le ministre de la Justice à la Chambre des représentants. Selon l’Association marocaine pour la protection des deniers publics, ce projet risque de « restreindre les prérogatives du parquet en matière de lutte contre la corruption » et de « limiter le droit des associations de protection des deniers publics à ester en justice ». Mohamed El Ghalloussi, président de l’association, a déclaré que cette démarche constitue une « tentative dangereuse de fermer les dossiers liés à la corruption et à l’enrichissement illicite sous prétexte de préserver la stabilité économique et sociale », ce qui « encourage l’impunité et compromet les engagements internationaux du Maroc en matière de lutte contre la corruption ».  Les manifestants ont également exprimé leur inquiétude face aux pressions croissantes exercées sur les associations de défense des droits humains, qui jouent un rôle essentiel dans la dénonciation des cas de corruption et de détournement de fonds publics. Ils estiment que le climat actuel entrave le travail de ces organisations, compromettant ainsi les efforts de transparence et de reddition des comptes. Le choix de Marrakech pour cette manifestation n’est pas anodin. La ville a été le théâtre de plusieurs scandales de corruption majeurs, allant de manipulations dans les marchés publics à des affaires de blanchiment d’argent et d’appropriation illégale de biens publics. Les organisateurs ont voulu envoyer un message fort aux bénéficiaires de ces pratiques, affirmant leur détermination à lutter contre la corruption et à exiger des comptes. Cette manifestation intervient dans un contexte de ras-le-bol grandissant des Marocains qui battent le pavé depuis plusieurs mois pour dénoncer la corruption, la misère sociale, le chômage et la Hogra, ainsi que la politique de répression du Makhzen et de restriction des libertés menées par le Makhzen, en sus de la normalisation avec l’entité sioniste

Lyes Saïdi

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