Lait : 17 millions de dollars de dollars économisés sur la facture à l’import
L’introduction du lait de vache produit localement et subventionné dans le circuit de distribution en Algérie commence à porter ses fruits sur le plan économique. Selon les dernières données communiquées par la Présidente-directrice Générale du groupe industriel des productions laitières (Giplait), Samah Lahlouh, cette initiative a permis de réduire la facture d’importation de la poudre de lait de 17 millions de dollars depuis son lancement en mai 2024. Cette annonce intervient dans un contexte de transformation majeure du secteur laitier algérien, marqué notamment par le démarrage des premiers essais de production à la nouvelle usine de Rouïba, la plus importante du pays. Cette diminution des importations est le résultat direct de la commercialisation du lait en sachet partiellement écrémé, issu du lait de vache local, vendu au prix réglementé de 25 dinars. Selon Mme Lahlouh, qui s’exprimait en marge du lancement des étapes expérimentales de production à la nouvelle usine de Rouïba, cette initiative « a permis d’économiser une quantité considérable de poudre de lait, et de réduire la facture d’importation de plus de 17 millions de dollars ». Ces économies substantielles pour le Trésor public s’accompagnent d’une production nationale de lait de vache subventionné qui a atteint 68 millions de litres depuis le début de l’opération, selon les chiffres communiqués par le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa.
Nouveaux investissements stratégiques
Cette performance s’inscrit dans une stratégie plus large de développement de la filière laitière, dont la nouvelle usine de Rouïba constitue un pilier majeur. Cette infrastructure moderne, qui s’étend sur plus de 4 hectares dans la zone industrielle de Rouïba, représente un investissement de 5 milliards de dinars, entièrement financé sur fonds propres par le groupe Giplait. Avec une capacité de production quotidienne de 1,4 million de litres, dont 1 million de litres de lait pasteurisé subventionné et 400.000 litres de lait UHT conservable jusqu’à trois mois, cette usine va considérablement renforcer les capacités de production nationales. Sa mise en service permettra au groupe Giplait d’atteindre une capacité de production globale dépassant les 2,6 milliards de litres par an, répartis sur 16 unités à travers le territoire national. Pour le ministre de l’Agriculture, « ce mégaprojet qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie de l’Etat visant à renforcer la sécurité alimentaire, est un acquis important pour la filière du lait, car renforçant la production nationale de cette denrée essentielle ». La réalisation de cette infrastructure en un temps record de 14 mois, conformément aux directives du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, témoigne de la priorité accordée au développement de cette filière stratégique. Dans la perspective d’une généralisation du modèle, le ministre a annoncé que la production du lait en sachet partiellement écrémé à partir du lait de vache frais sera progressivement étendue à l’ensemble des laiteries du pays, y compris celles du secteur privé. Cette expansion s’accompagne d’une réorganisation de la distribution qui, selon le ministre, a déjà prouvé son efficacité puisque « aucune fluctuation n’a été relevée ». Cette stabilisation du marché arrive à point nommé à l’approche du mois de Ramadhan, période traditionnellement marquée par une forte augmentation de la consommation. À cet égard, Mme Lahlouh a tenu à rassurer sur la disponibilité des produits, indiquant que le Groupe « a mis en place tous les moyens afin de satisfaire la demande sur le lait », garantissant que ce produit « sera disponible à travers toutes les wilayas du pays, grâce à la capacité productive des unités du Groupe ». Au-delà de ces avancées dans le secteur laitier, le ministre de l’Agriculture a évoqué des perspectives plus larges pour le secteur agricole en 2025, mentionnant des discussions en cours avec plusieurs investisseurs locaux et étrangers pour la réalisation de nouveaux projets stratégiques. Ces initiatives visent à augmenter la contribution de l’agriculture au Produit intérieur brut (PIB), qui se situe actuellement à 15%. La nouvelle usine de Rouïba, équipée selon la PDG du groupe Giplait de technologies « assurant les plus hauts niveaux de qualité », s’inscrit pleinement dans cette dynamique de modernisation et d’autonomisation du secteur agricole algérien.
Amar Malki