Plus de 4 millions de Marocains sont menacés par la pauvreté !
Plus de 4 millions de Marocains sont menacés par la pauvreté selon un rapport officiel du Haut-commissariat au plan (HCP), révélant une situation sociale alarmante dans le royaume chérifien. Cette étude nationale sur le niveau de vie des ménages met en lumière une « accentuation des inégalités et une vulnérabilité croissante » qui touche désormais massivement les zones urbaines. Le phénomène de précarisation s’étend avec près de 4,75 millions de citoyens considérés comme économiquement vulnérables, dont 47,2% résident en ville, contre seulement 36% en 2014. Cette détérioration marquée du niveau de vie en milieu urbain témoigne d’une crise sociale qui n’épargne plus aucune région du royaume. Les résultats de l’enquête, menée entre mars 2022 et mars 2023 auprès de 18.000 familles, révèlent que 72% des ménages perçoivent un revenu inférieur à la moyenne nationale, un chiffre qui illustre l’ampleur des difficultés financières touchant une large majorité de la population. La pauvreté multidimensionnelle, prenant en compte l’accès à l’éducation, la santé et le logement, frappe particulièrement les régions de Béni Mellal-Khénifra et Fès-Meknès, qui concentrent à elles seules plus de 40% des personnes en situation de précarité. Face à cette crise sociale majeure, le gouvernement d’Aziz Akhannouch fait l’objet de vives critiques pour son incapacité à apporter des réponses concrètes aux souffrances de la population, alors qu’il intensifie la répression face à la montée des revendications sociales.
Montée de la corruption et de la répression
Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, dénonce une série de « régressions » démocratiques et politiques, pointant notamment la multiplication des procès contre les voix dissidentes. Les récentes révélations sur les contrats publics remportés par le chef du gouvernement, estimés à des milliards de dirhams, ont particulièrement choqué l’opinion publique. Pour Benabdellah, ces gains constituent « un véritable scandale que les Marocains ne peuvent pas ignorer », symbolisant un système où les conflits d’intérêts prospèrent au détriment du bien commun. L’incompétence gouvernementale est particulièrement visible dans la gestion des zones sinistrées par le séisme, où des citoyens continuent de vivre sous des tentes délabrées un an et demi après la catastrophe. Plus grave encore, ceux qui osent protester contre cette situation font l’objet de poursuites judiciaires, illustrant une dérive autoritaire inquiétante. La Confédération Démocratique du Travail, dénonçant une « crise sociale profonde », appelle à une marche nationale le 23 février à Casablanca pour protester contre la hausse des prix, la détérioration du pouvoir d’achat et l’indifférence du gouvernement. Le syndicat souligne que la situation actuelle ne relève pas simplement d’une mauvaise gestion mais d’un « mépris manifeste du destin du peuple », où l’État privilégie la répression et l’intimidation plutôt que le dialogue social. Le gouvernement Akhannouch avait promis prospérité et justice sociale, il est devenu, selon les observateurs, le symbole d’un échec politique caractérisé par une déconnexion totale avec les réalités du terrain et une incapacité à répondre aux besoins fondamentaux de la population.
Chokri Hafed