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Double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et de la création de l’UGTA : Se remémorer les luttes du passé, bâtir l’avenir

Le 24 février demeure une date charnière dans l’histoire nationale, symbolisant le processus de recouvrement de la souveraineté politique et économique de l’Algérie.

Cette journée reflète la mobilisation historique des travailleurs à travers la célébration du double anniversaire de la création de l’Union générale des travailleurs algériens en 1956 et de la nationalisation des hydrocarbures en 1971.  Une commémoration qui appelle à la fois au souvenir des sacrifices consentis pour l’indépendance et à la reconnaissance des défis relevés pour recouvrer la souveraineté nationale sur nos richesses. La célébration de cette année s’inscrit dans un contexte particulier, marqué par les mutations géopolitiques et géoéconomiques mondiales qui imposent de se remémorer les sacrifices des générations passées face au colonialisme et au néocolonialisme, tout en appelant à l’unité face au ciblage systématique de l’Algérie et à la mobilisation pour bâtir l’avenir d’une Algérie émergente.

Si la célébration de la création de l’UGTA appelle à se commémorer les luttes pour l’indépendance du pays et la contribution des travailleurs à cette lutte, celle des nationalisations rappelle le souvenir de cette autre lutte, celle pour l’indépendance économique et le recouvrement de la souveraineté nationale sur les richesses pétrolières et gazières du pays, et de la contribution des travailleurs et des ingénieurs de la Sonatrach à ce processus. Et ce n’est pas un fait anodin que le défunt président Houari Boumédiène ait choisi la célébration du 15e anniversaire de la création de l’UGTA pour annoncer la nationalisation des hydrocarbures.

L’histoire de la nationalisation des hydrocarbures reste intimement à l’histoire du processus au niveau du champ pétrolier de Hassi Messaoud, qui fut au cœur de cette épopée historique. Comme en témoigne Abdelaziz Krissat, l’un des jeunes ingénieurs de Sonatrach ayant contribué au recouvrement de la souveraineté nationale sur les richesses du pays, ce gisement était crucial pour le succès opérationnel de la nationalisation. Chef de base à la Direction des services pétroliers à l’époque, il rappelle dans un entretien à l’APS comment les travailleurs, techniciens, ingénieurs et cadres de Sonatrach ont assuré, avec compétence et professionnalisme, la continuité de la production et le bon fonctionnement des installations après le départ des étrangers, quelques semaines seulement après la décision historique prise par le défunt président Houari Boumediene. C’est le 24 février 1971, lors des festivités célébrant le 15e anniversaire de la création de l’UGTA au siège de la Centrale syndicale, que le président Boumediene annonça solennellement la décision de nationaliser l’industrie des hydrocarbures, les infrastructures de transport et de production, ainsi que 51% des actifs détenus alors par les entreprises pétrolières françaises. Cette annonce, qui a pris le monde de court, faisait suite au refus de la partie française de répondre aux demandes algériennes lors des négociations visant à réviser les redevances pétrolières. Le succès de cette nationalisation repose largement sur l’engagement exemplaire des travailleurs algériens, notamment les jeunes diplômés de l’Institut algérien du pétrole et de l’Institut national des hydrocarbures. Comme le souligne M. Krissat : « Nous étions jeunes à l’époque. J’avais seulement 26 ans avec trois ans d’expérience après avoir été diplômé de l’IAP en 1968. Nous devions assumer nos responsabilités. L’amour de la patrie était un élément essentiel pour relever ce défi. »

Des défis importants à relever au cœur de la transition énergétique

Ll’Algérie a constamment augmenté ses investissements dans ce secteur névralgique. La création de Sonatrach le 31 décembre 1963 a marqué le début d’une politique énergétique ambitieuse, renforcée par la nationalisation de 1971. Cette politique s’est traduite par la réalisation de nombreux projets stratégiques : nouveaux complexes de liquéfaction, réseaux de gazoducs internationaux, canalisations nationales, infrastructures de transport et de traitement, ports spécialisés. Aujourd’hui, cinquante-quatre ans après la nationalisation, le secteur fait face à de nouveaux défis dans un contexte de renouveau économique et de mutations internationales. Dans le gaz, industrie stratégique aujourd’hui et appelé à être au cœur de la transition énergétique aujourd’hui, La production gazière de l’Algérie a dépassé 136 milliards de m3 fin 2023, avec un objectif ambitieux de 146,7 milliards de m3 à l’horizon 2028. Ces performances reposent sur l’exploitation de plusieurs champs gaziers majeurs, dont Hassi R’mel reste l’un des plus importants au monde.

Le secteur aujourd’hui est appelé à relever des défis importants à l’aune de la transition et des processus de décarbonation de l’économie mondiale.  Les défis actuels sont nombreux : volatilité des marchés mondiaux, concurrence de nouveaux exportateurs de gaz naturel, diminution des réserves conventionnelles, érosion des revenus due à l’augmentation des coûts de production, et pression internationale croissante pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

La génération d’aujourd’hui appelée à bâtir l’Algérie émergente

Face à ces enjeux, l’Algérie dispose d’atouts considérables, notamment son ensoleillement exceptionnel et ses infrastructures gazières existantes, pour s’intégrer pleinement à la transition énergétique mondiale. L’avenir du secteur repose désormais sur la diversification, l’innovation technologique et l’intelligence artificielle. En capitalisant sur son expertise dans les hydrocarbures, l’Algérie peut accélérer le développement de ses projets d’énergies renouvelables, se positionner sur les filières nucléaire et hydrogène décarboné, et moderniser ses politiques énergétiques pour attirer des investissements durables. Cette transformation permettrait au pays non seulement de préserver son statut de puissance énergétique, mais aussi d’accéder au rang de leader dans l’économie émergente des énergies propres. Au-delà des aspects énergétiques, les générations d’aujourd’hui sont appelé de bâtir l’Algérie émergente de demain à relever de nombreux défis liés à la transition numérique, la diversification économique, la sécurité alimentaire et la sécurité hydrique. Et le potentiel est là !

Comme l’a souligné le président de la République lors de l’inauguration récente de la station de dessalement de Fouka 2, samedi  les compétences algériennes permettent aujourd’hui au pays de se rapprocher de la scène des pays émergents. Cette double commémoration du 24 février nous rappelle ainsi que l’histoire de l’Algérie indépendante est celle d’une nation déterminée à prendre son destin en main, capable de relever les défis les plus complexes grâce à la mobilisation de ses forces vives et à la valorisation de ses compétences nationales.

Samira Ghrib

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