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Pour contrer la flambée des prix des bêtes : Tebboune ordonne l’importation de moutons pour l’Aïd

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, Commandant suprême des Forces armées et ministre de la Défense nationale, a présidé hier une réunion du Conseil des ministres consacrée à plusieurs dossiers stratégiques. Parmi les sujets abordés figuraient l’avancement de la réalisation du tronçon ferroviaire reliant Gara Djebilet à Béchar, les études préliminaires des projets ferroviaires Laghouat-Tamanrasset et El Meniaa-Timimoun-Adrar, ainsi que l’étude de la possibilité d’importer du bétail en prévision de l’Aïd Al-Adha.

À l’approche de la fête de l’Aïd el-Adha, le président de la République a misé sur l’importation de moutons pour permettre aux citoyens d’accomplir le rituel du sacrifice dans un contexte marqué par une flambée des prix des bêtes.

Ces dernières années, les prix du bétail, particulièrement des moutons, ont atteint des niveaux sans précédent. Cette flambée s’explique principalement par la diminution du nombre de têtes disponibles sur le marché national, conséquence directe de l’irrégularité des pluies, de la sécheresse persistante et du manque de fourrages qui affectent le pays. Si la question de l’approvisionnement en viande du marché national durant le mois de Ramadan a pu être en grande partie réglée par des importations, celle liée au rituel du sacrifice de l’Aïd el-Adha restait jusqu’à présent sans réponse concrète.

Lors de la réunion du Conseil des ministres, le président de la République a ordonné au ministre de l’Agriculture de préparer dans les plus brefs délais un cahier des charges pour lancer une consultation internationale avec des pays capables d’approvisionner l’Algérie jusqu’à un million de têtes de bétail. Cette initiative vise non seulement à répondre à la demande croissante, mais aussi à réguler les prix sur le marché local.

« Le cahier des charges devra impérativement inclure un plafonnement des prix », a insisté le président Tebboune, soulignant ainsi la volonté de l’État de protéger le pouvoir d’achat des citoyens. Pour garantir l’efficacité de cette mesure, l’État prendra en charge l’importation par le biais de ses institutions et organismes spécialisés dans la filière ovine.

Au-delà de l’importation elle-même, un dispositif de distribution structuré pour ces moutons est prévu. Le président a ainsi ordonné de travailler avec des coopératives publiques spécialisées à travers les différentes wilayas du pays pour organiser la vente des moutons destinés au sacrifice. La distribution s’appuiera également sur les services sociaux des organismes, institutions et entreprises publiques, qui se chargeront de la coordination avec les partenaires sociaux. Cette approche vise à garantir une répartition équitable et à éviter la spéculation qui accompagne généralement la période précédant l’Aïd el-Adha.

Cette décision gouvernementale a reçu un accueil favorable de la part des organisations de protection des consommateurs. Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection des consommateurs (Apoce), a qualifié cette initiative de « louable », estimant qu’elle permettrait de prévenir « une éventuelle flambée record des prix » des moutons à l’approche de la fête religieuse.

« En ouvrant les portes à l’importation en prévision de la fête du sacrifice, l’Algérie vise non seulement à pallier le manque de moutons sur le marché pour satisfaire la demande, mais aussi à contenir la hausse exagérée des prix du bétail », a-t-il déclaré sur sa page Facebook ce dimanche.

Cette mesure devrait également contribuer à préserver le cheptel ovin national, en réduisant l’épuisement des réserves de productivité du pays. En effet, l’importation temporaire de moutons destinés au sacrifice permettra de soulager la pression sur le bétail local, offrant ainsi aux éleveurs algériens la possibilité de reconstituer leurs troupeaux.

Des projets ferroviaires stratégiques

Cette discussion sur l’importation de bétail s’est inscrite dans une réunion plus large du Conseil des ministres, qui a également abordé d’importants projets d’infrastructure. Parmi eux, le président a ordonné le lancement immédiat de la concrétisation du projet de ligne ferroviaire reliant Laghouat à Tamanrasset, ainsi que de la ligne El Meniaa-Timimoun-Adrar.

Ces projets ferroviaires s’inscrivent dans une vision plus large de développement des infrastructures nationales qui prévoient de relier le Nord et le Sud par le rail et qui s’inscrivent dans le cadre du projet de connexions ferroviaires entre Alger et Tamanrasset et Alger et Adrar. Le ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base, Lakhdar Rekhroukh, avait annoncé le 8 février dernier que les premiers coups de pioche des tronçons manquants de la ligne Alger-Tamanrasset, longue de plus de 2000 km, seraient donnés cette année.

Ce chantier colossal, qui s’étend sur 2039 km et traverse 10 wilayas, permettra de relier le nord et l’extrême sud du pays. Il s’agit du troisième grand projet ferroviaire que l’Algérie met en chantier en 2025, après les lignes reliant Gara Djebilet (Tindouf) à Béchar sur 950 km, et Djebel Onk (Tébessa) à Annaba, destinées respectivement au transport du minerai de fer et du phosphate. Selon les prévisions, le réseau ferroviaire algérien passera de 4737 km actuellement à près de 10 000 km avec l’achèvement de la ligne Alger-Tamanrasset, avant d’atteindre à terme 15 000 km de voies ferrées.

D’autres dossiers ont été examinés. Suite à un exposé détaillé présenté par la Haute commissaire à la numérisation sur l’interconnexion numérique des données fiscales nationales avec la base de données numérique nationale, le président a ordonné d’accélérer davantage le projet de connexion dans ce domaine afin d’éliminer toutes les formes d’intervention humaine dans la gestion des données. Cette démarche facilitera les missions des investisseurs d’une part et assurera la transparence dans la collecte, le suivi et la rectification fiscale, puisque le processus deviendra entièrement électronique. Concernant le secteur du marbre, le président de la République a ordonné l’organisation de ce domaine traditionnel et stratégique et la coopération avec des partenaires internationaux professionnels et leaders dans cette industrie. Pour soutenir la production nationale, il a ordonné l’interdiction de toute importation de plaques de marbre prêtes à l’emploi, tout en initiant de nouveaux investissements et en introduisant des réformes dans cette industrie. Le président Tebboune a encouragé les responsables de ce secteur à augmenter le plafond d’investissement de manière rigoureusement étudiée, car il représente une source non négligeable de devises et permet de créer des emplois pour les jeunes.

En ce qui concerne la rentrée de la formation professionnelle de février 2025, le président a confirmé que le secteur attire désormais les jeunes, le ministère ayant adopté une nouvelle vision de la formation qui répond aux demandes du marché dans des spécialités stratégiques. Il a ordonné une formation accrue des jeunes dans le secteur agricole, particulièrement dans les filières d’élevage dans le cadre de la production familiale, l’arboriculture, ainsi que les jardins de fleurs à usage étendu, ce qui permet l’utilisation des technologies scientifiques modernes. Le président a également ordonné l’organisation d’une exposition nationale dédiée aux petits éleveurs de bétail en coordination avec le ministère de l’Agriculture.

Avant la clôture, le Conseil des ministres a approuvé un décret présidentiel comportant un accord entre l’Algérie et la Slovénie amie sur l’exemption mutuelle des exigences de visa de court séjour pour les titulaires de passeports diplomatiques et de mission.

Samir Benisid

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