L’Algérie intensifie ses efforts pour la reconnaissance mondiale de son patrimoine: 11 sites proposés au classement à l’Unesco
Dans une démarche ambitieuse visant à valoriser le patrimoine culturel algérien sur la scène internationale, le ministère de la Culture et des Arts a dévoilé sa nouvelle liste indicative de sites proposés pour inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie nationale plus large de préservation et de valorisation d’un héritage millénaire, témoin de la richesse et de la diversité du patrimoine national.
Le ministre de la Culture et des Arts, M. Zouhir Ballalou, a officiellement présenté cette liste lors d’une conférence scientifique intitulée: « Mise à jour de la liste indicative du patrimoine mondial en Algérie », organisée au Palais de la Culture Moufdi Zakaria, à Alger. La relation entre l’Algérie et l’organisation onusienne n’est pas nouvelle. Depuis son indépendance, le pays a progressivement inscrit plusieurs sites emblématiques sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial, comme la Casbah d’Alger, le site archéologique de Djémila ou encore celui de Timgad. Cette nouvelle initiative témoigne cependant d’une volonté renouvelée d’accélérer la reconnaissance internationale du patrimoine algérien dans toute sa diversité. La liste présentée comprend onze sites jugés d’importance universelle exceptionnelle, représentant un panorama impressionnant des richesses naturelles et culturelles du pays.
Lors de son allocution, le ministre a souligné lors de cette conférence qui intervient quelques jours avant l’ouverture du mois du patrimoine, que cette mise à jour et cet enrichissement de la liste indicative « reflètent la richesse et la diversité naturelle et culturelle du pays ainsi que la profondeur historique et civilisationnelle de l’Algérie ». Il a précisé que ce travail méticuleux constitue « une fenêtre pour revisiter l’histoire ancestrale de l’Algérie » et « un outil essentiel pour comprendre l’évolution de la civilisation humaine à travers les âges », tout en étant « une composante de l’identité culturelle » nationale.
La diversité des sites proposés est remarquable, allant des parcs naturels aux vestiges archéologiques, en passant par des paysages culturels uniques. La liste comprend deux sites naturels majeurs : le parc national de Djurdjura, situé dans les wilayas de Tizi Ouzou et Bouira, et le parc national d’El Kala dans la wilaya d’El Tarf. S’y ajoutent deux sites mixtes, alliant valeur naturelle et culturelle : Tafedest dans le parc culturel de l’Ahaggar et la région des Balcons de Ghoufi et d’El Kantara. Les paysages culturels de Nedroma et Trara, ainsi que le système d’irrigation traditionnel de Ghout, témoignent quant à eux de l’ingéniosité des populations locales dans leur adaptation à des environnements parfois hostiles.
Le volet culturel n’est pas en reste avec cinq sites d’une valeur historique inestimable : les Ksour de l’Atlas saharien algérien, les Mausolées royaux de l’antiquité, le patrimoine archéologique de Tébessa, les Forteresses du Parc culturel de Touat-Gourara-Tidikelt, ainsi que les sites et itinéraires augustiniens dans l’est et le centre du pays. Cette sélection reflète la diversité des influences qui ont façonné l’identité algérienne au fil des siècles, des civilisations berbères aux périodes romaine, byzantine et islamique.
« Un nouveau départ »
Cette initiative s’accompagne d’une stratégie cohérente, comme l’a souligné M. Ballalou en déclarant que l’actualisation de la liste constitue un « nouveau départ » pour une prise en charge effective et pratique du patrimoine mondial matériel, s’inscrivant « dans le cadre de la stratégie du plan d’action quinquennal (2025-2029) pour le classement des sites proposés sur la liste indicative conformément aux cadres réglementaires et temporels définis par le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO ». Pour mener à bien ce projet ambitieux, le ministre a annoncé « la formation d’une équipe scientifique nationale composée d’experts et de cadres du secteur, avec la participation d’experts de l’UNESCO, pour entamer les préparatifs ». L’aspect économique n’est pas négligé dans cette démarche, puisque le ministère travaille également à « l’élaboration des mécanismes techniques pour une gestion participative du patrimoine mondial matériel, en renforçant les efforts de tous les intervenants et en recherchant de nouvelles ressources à travers une exploitation économique durable du patrimoine culturel et naturel ». Cette vision s’inscrit pleinement dans les tendances mondiales visant à concilier préservation du patrimoine et développement économique durable, notamment via le tourisme culturel responsable.
La Commission nationale algérienne pour l’UNESCO, par la voix de son secrétaire général Karim Kadi, a confirmé son soutien total à cette initiative, soulignant l’importance du travail collaboratif entre experts et institutions pour mener à bien ce projet national d’envergure internationale. Cette démarche illustre parfaitement comment l’Algérie, riche d’un patrimoine exceptionnel mais encore insuffisamment reconnu à l’échelle mondiale, cherche à valoriser ses trésors culturels et naturels tout en renforçant son rayonnement international.
Mohand Seghir