Le ministère de l’Industrie signe un accord avec le constructeur chinois Jetour : Développer une industrie automobile intégrée
Dans le cadre des efforts déployés pour renforcer et développer l’industrie nationale, le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb, a présidé mardi la cérémonie de signature d’un protocole d’entente entre son ministère et le constructeur automobile chinois Jetour. Cette signature s’est déroulée en présence de M. Shandong Ki, vice-président de Jetour Automobiles, et constitue une nouvelle étape dans la stratégie de développement d’une industrie automobile intégrée. Cette démarche vise à établir une industrie automobile nationale avancée, reposant sur un taux d’intégration locale significatif et réduisant la dépendance vis-à-vis de l’étranger, selon un communiqué du ministère de l’Industrie. Le constructeur Jetour rejoint ainsi la liste des constructeurs automobiles qui ont déjà signé des accords similaires dans le cadre de la politique industrielle nationale. Le protocole d’entente cherche à atteindre plusieurs objectifs stratégiques, notamment le renforcement de l’intégration locale en permettant aux fabricants de s’appuyer sur les produits nationaux et de réduire l’importation de composants. Il vise également à soutenir l’industrie des pièces détachées en créant un environnement favorable aux fabricants de composants pour qu’ils puissent intégrer les chaînes de production nationale et internationale.
Un autre élément clé de cet accord est l’assurance d’un taux d’intégration locale dès le début des activités. Le protocole encourage par ailleurs la coopération entre les constructeurs automobiles et les fabricants de pièces détachées et d’accessoires afin de garantir une production de haute qualité conforme aux normes techniques requises. Il permettra également aux fabricants de pièces détachées et d’accessoires d’obtenir les certifications techniques nécessaires. Le ministre de l’Industrie a souligné que le développement d’une industrie automobile nationale avancée nécessite une intensification des efforts entre tous les acteurs et la création d’un environnement d’investissement attractif fondé sur le partenariat entre les secteurs public et privé, tout en fournissant un cadre réglementaire incitatif garantissant une croissance durable de ce secteur vital.
Cette nouvelle signature s’inscrit dans une dynamique plus large initiée au début du mois de mars avec la conclusion d’un accord stratégique entre l’Entreprise nationale de tubes et transformation de produits plats « Anabib » et la société chinoise « Auto Lumiar » pour la production de pièces détachées automobiles. Elle fait également suite à la signature, le mois dernier à Alger, d’accords visant à dynamiser la production locale de pièces détachées et leur intégration progressive dans le secteur automobile du pays.
Ces accords s’inscrivent dans une vision globale de transformation du secteur, conformément aux directives du président Abdelmadjid Tebboune, qui ambitionne de créer une industrie automobile « véritable », reposant sur des bases solides et durables. Rappelons qu’un protocole d’accord principal a été conclu entre le ministère de l’Industrie et treize constructeurs automobiles, tant étrangers que locaux, avec pour objectif l’intégration progressive de composants produits localement et l’accompagnement des fabricants nationaux dans l’obtention des certifications et homologations nécessaires pour leurs produits. Pour structurer cette filière en plein développement, le ministère de l’Industrie a récemment mis en place deux commissions dédiées à la structuration de la filière des pièces détachées. La première commission, dite d’orientation, a pour mission de définir la stratégie globale et d’assurer la coordination entre les acteurs économiques, tandis que la seconde, axée sur les études et l’ingénierie, est chargée des aspects techniques, notamment la définition des normes et standards de qualité.
L’exemple de Stellantis illustre cette nouvelle dynamique industrielle avec des partenariats conclus avec deux universités et sept centres de formation pour accompagner les talents qui façonneront l’industrie automobile algérienne de demain. Le constructeur a déjà nommé cinq sous-traitants locaux, permettant à son usine d’atteindre plus de 10% de taux d’intégration dès 2024, soit un an avant le seuil réglementaire prévu par le cahier des charges.
Cette stratégie globale de développement de l’industrie automobile nationale témoigne d’une volonté politique forte de diversifier l’économie nationale, longtemps dépendante des hydrocarbures, et de créer un secteur industriel compétitif capable de générer des emplois qualifiés et de réduire la facture des importations. L’accord signé aujourd’hui avec Jetour constitue ainsi une nouvelle pierre à l’édifice d’un écosystème industriel automobile que l’Algérie construit méthodiquement.
Amar Malki