Huit nouveaux accords de partenariats signés hier: 4,5 milliards de dollars d’investissements chinois en Algérie
Le partenariat économique algéro-chinois connaît un nouvel élan avec la signature, ce mardi à Alger, de huit accords majeurs portant sur des projets industriels et agricoles d’envergure. Ces signatures, intervenues lors du Forum d’affaires algéro-chinois sur l’investissement, témoignent de l’intensification des relations économiques entre les deux pays et s’inscrivent dans la continuité d’une dynamique déjà bien établie.
Selon les chiffres révélés à l’occasion par le directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), M. Omar Rekkache, « l’agence a enregistré 42 projets d’investissement chinois au niveau du guichet unique des grands projets et des investissements étrangers depuis la création de l’agence en novembre 2022 jusqu’en mars dernier, pour un montant total dépassant 614 milliards de DA, soit 4,5 milliards de dollars. »
Le Forum, organisé au Centre international des conférences Abdelatif-Rahal sous le haut patronage du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a rassemblé un nombre important d’opérateurs économiques des deux pays. Cette rencontre a été l’occasion de mettre en lumière le potentiel considérable de coopération industrielle entre les deux nations. Comme l’a souligné le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, dans son allocution, la position stratégique de l’Algérie « aux portes de l’Afrique et de l’Europe » et « son fort potentiel en matière d’investissement ouvrent de larges perspectives de coopération industrielle, notamment vers les marchés extérieurs. »
Les huit accords signés lors de ce Forum couvrent des secteurs stratégiques variés, reflétant la diversification économique souhaitée par les autorités algériennes. Le premier concerne le domaine ferroviaire, avec un accord entre la Société algérienne de transport ferroviaire et l’entreprise chinoise « Genertec CNTIC », filiale du groupe CRRC, pour la réalisation d’un complexe spécialisé dans la conception, l’ingénierie et la production d’équipements et de matériel ferroviaire ainsi que des pièces connexes.
Ingénierie, automobile, transport maritime et agriculture
Le secteur automobile, prioritaire dans la stratégie industrielle algérienne, a été particulièrement mis en avant avec deux accords majeurs. D’une part, la Société nationale des fonderies algériennes « Fondal », filiale de la Société nationale de sidérurgie (SNS), a signé un accord avec l’entreprise chinoise « Jetour » pour un investissement de « plus de 105 millions de dollars sur cinq ans, visant à créer une entreprise dans la wilaya de Batna qui produira 270 000 véhicules », créant ainsi « 1000 emplois ». D’autre part, le groupe « Iris » a conclu un partenariat avec l’entreprise chinoise « Chery » pour réaliser un projet « sur une superficie de 230 000 mètres carrés, spécialisé dans les travaux de peinture et de soudure pour les carrosseries automobiles », un projet qui devrait générer « 1200 emplois directs ».
Dans le domaine agricole, un accord stratégique a été signé entre « Global Agri Food », l’une des entreprises du groupe holding « Madar », pour la réalisation d’un projet agricole dans les wilayas du Sud, visant à développer des cultures stratégiques en Algérie. Cette initiative s’inscrit dans les efforts nationaux pour renforcer la sécurité alimentaire et réduire la dépendance aux importations.
Le groupe « Madar » a également été à l’origine de deux autres accords significatifs : l’un, à travers sa filiale « Madar Marine », prévoit la création d’une entreprise de fabrication de conteneurs maritimes destinés au transport de matières premières et de produits finis par voies terrestres et maritimes; l’autre, conclu avec l’entreprise chinoise « CCECC », vise à établir une société spécialisée dans l’ingénierie industrielle pour fournir une assistance technologique aux entreprises du groupe et réaliser des études pour les fabricants algériens publics et privés. Le secteur avicole n’est pas en reste, avec un accord de partenariat signé entre le Groupe des industries alimentaires et de la logistique « Agrologh » et l’entreprise chinoise CRCC pour la réalisation d’un projet d’élevage de poulets, contribuant ainsi au renforcement de la filière avicole nationale.
Enfin, le groupe « Condor » a signé un contrat avec l’entreprise « Hisense » pour la construction d’une usine de production de climatiseurs et de machines à laver en Algérie, renforçant ainsi la présence du géant chinois de l’électroménager sur le marché algérien.
Un autre accord a été annoncé lors de la cérémonie de signature : la société « Cycma », productrice de vélos et de motos dans la wilaya de Guelma, signera le 5 mai prochain un accord avec l’entreprise chinoise « QJ Motor » visant à développer sa production grâce au transfert de technologie.
Cette série d’accords témoigne de la transition que semblent opérer les investisseurs chinois en Algérie. Comme l’a précisé M. Rekkache, parmi les 42 projets enregistrés, on compte « 22 projets en investissements directs et 20 projets en partenariat entre des entreprises chinoises et des opérateurs nationaux, la plupart dans le secteur industriel, ce qui témoigne de l’intérêt croissant des opérateurs chinois pour l’investissement direct en Algérie. » Le directeur général de l’AAPI a également souligné que « plusieurs investisseurs chinois ont exprimé leur volonté de lancer des projets d’investissement dans divers domaines, que l’agence examine en coordination avec les secteurs concernés. » Cette orientation, a-t-il expliqué, « reflète une réelle volonté d’élargir la présence de la Chine en Algérie et de passer de la participation aux appels d’offres, commandes et services à l’exploitation des avantages compétitifs offerts par l’Algérie pour la réalisation d’investissements productifs. »
Amélioration constante du climat des affaires
Le président du CREA, Kamel Moula, a rappelé dans son allocution que le climat des affaires en Algérie « connaît une amélioration concrète et constante », et ce, « grâce à la forte volonté politique des hautes autorités du pays, aux profondes réformes engagées et au Plan d’action du Gouvernement qui a levé les obstacles qui entravaient le développement des affaires et de l’investissement en termes de procédures, de délais et de coûts. » Il a ajouté que « cet environnement dans lequel évoluent les entreprises algériennes permet aujourd’hui d’augmenter considérablement nos exportations hors hydrocarbures », soulignant qu' »il s’agit là d’un défi stratégique pour le pays et non pas d’un simple slogan. »
Ce Forum d’affaires, qui prévoit également des rencontres B2B en marge de l’événement principal, devrait permettre, selon M. Moula, « d’identifier les secteurs d’activité offrant de nouvelles perspectives ayant vocation à renforcer les liens entre les opérateurs économiques des deux pays. » Ces rencontres « permettront, quant à elles, de discuter des possibilités de coopération, d’échanger les connaissances et d’examiner les moyens de concrétiser des partenariats effectifs et fructueux. »
Samir Benisid
