Selon l’agence de notation américaine AM Best : Vers une expansion durable du marché algérien des assurances
Le secteur des assurances en Algérie entre dans une phase décisive de transformation, portée par un environnement économique favorable et des réformes structurelles ambitieuses. C’est ce que révèle l’agence de notation internationale AM Best dans son dernier rapport intitulé « le marché algérien de l’assurance, porteur de croissance et d’expansion ». Cette analyse, publiée à un moment où l’Algérie multiplie les initiatives pour diversifier son économie, met en lumière les perspectives prometteuses d’un secteur traditionnellement sous-développé dans la région. Selon l’agence américaine spécialisée dans l’évaluation des compagnies d’assurances à travers le monde, « les développements démographiques, économiques et réglementaires en Algérie sont de bon augure pour le marché de l’assurance du pays, dont le potentiel de croissance, d’expansion, d’investissements étrangers et de rentabilité semble prometteur ». Cette appréciation positive s’appuie sur plusieurs facteurs distinctifs qui permettent, selon AM Best, de « distinguer le secteur de l’assurance en Algérie de ceux des autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), et présentent à la fois des avantages et des défis ». Parmi ces éléments différenciateurs figure notamment la structure démographique du pays. La jeunesse de la population algérienne, combinée à l’élargissement progressif de la classe moyenne, constitue un levier majeur pour le développement du secteur. Ces deux facteurs sont, d’après l’agence de notation, de nature à stimuler « la demande en produits d’assurance-vie, faisant de l’Algérie l’un des rares pays de la région MENA à porter un intérêt significatif à ce type de contrats ». Si l’assurance-vie représente actuellement moins de 10% du marché total, son expansion « pourrait être dynamisée par une consolidation du canal de distribution de la bancassurance », estime le rapport. Dans le même ordre d’idées, AM Best identifie la branche Takaful (assurance islamique) comme présentant « un fort potentiel de croissance à long terme ». Lancée effectivement sur le marché national en 2022, cette branche a déjà vu ses cotisations se multiplier par trois en l’espace de trois ans, témoignant d’une réceptivité certaine du marché algérien à ce type de produits conformes aux principes de la finance islamique.
Une relance économique plus résiliente
Sur le plan macroéconomique, l’agence de notation souligne la position stratégique qu’occupe l’Algérie au niveau continental, figurant parmi les cinq plus grandes économies d’Afrique et constituant la deuxième plus importante économie d’Afrique du Nord. Le rapport note à ce titre que le pays « a connu une relance économique plus résiliente que ses homologues d’Afrique du Nord ». Cette solidité économique relative, conjuguée à la hausse du revenu disponible de la population, représente selon AM Best un terreau favorable pour la croissance du marché assurantiel, suggérant que « la croissance du chiffre d’affaires enregistrée par les assureurs pourrait s’améliorer » dans les années à venir. Le rapport constate d’ailleurs que « le marché algérien de l’assurance poursuit son redressement après la contraction des volumes de primes observée pendant la pandémie de Covid-19 ». Les chiffres officiels communiqués par l’Union algérienne des sociétés d’assurances et de réassurances (UAR) confirment cette tendance positive, avec un chiffre d’affaires en hausse à 131,7 milliards de dinars entre janvier et septembre 2024. L’évolution du cadre réglementaire constitue un autre facteur déterminant dans la transformation du secteur. AM Best met particulièrement en exergue la nouvelle loi sur les assurances, actuellement en cours de finalisation. « Ce nouveau projet de loi se concentre principalement sur la stimulation de la croissance du marché grâce à l’introduction de nouvelles branches d’activité et au développement des secteurs sous-représentés (tels que l’assurance santé et dommages aux biens) », précise le rapport. Plus globalement, l’agence considère que les réformes financières engagées par les autorités algériennes « pourraient favoriser davantage l’expansion à plus long terme du secteur ». Malgré ces perspectives encourageantes, le rapport n’occulte pas les défis auxquels le secteur demeure confronté, au premier rang desquels figure la nécessité de relever le taux de pénétration de l’assurance dans l’économie nationale. Ce taux, qui mesure la contribution du secteur au PIB du pays, reste en effet largement en deçà de son potentiel, même s’il tend à s’améliorer progressivement.
Sabrina Aziouez