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Annaba : Réhabilitation du collecteur d’assainissement pour renforcer la gestion des eaux usées

La wilaya d’Annaba vient de franchir une étape importante dans l’amélioration de son infrastructure d’assainissement avec le lancement officiel des travaux de réhabilitation du collecteur principal d’eaux usées reliant Sidi Salem à Lallaligue. Ce projet structurant vise à résoudre les problèmes chroniques de débordements qui affectent tant la santé publique que l’activité agricole de cette zone sensible. Le tronçon concerné par ces travaux de réhabilitation s’étend de l’entrée du marché hebdomadaire de voitures d’El-Izdihar à Sidi Salem, le long de la route nationale 44 au niveau du point kilométrique 108, jusqu’à la station principale de traitement des eaux usées (STEP) de Lallaligue. Cette canalisation principale constitue un maillon essentiel du système d’assainissement régional, dont le dysfonctionnement génère des impacts environnementaux considérables, notamment dans la zone de l’aéroport international Rabah Bitat. L’entreprise de travaux publics SOGERHWIT, spécialisée dans les grands chantiers d’infrastructure, a été retenue pour mener à bien cette opération complexe. Le projet bénéficie d’un suivi rapproché de la part des représentants de la Direction des ressources en eau, du secteur agricole et des exploitants agricoles riverains, ces derniers étant particulièrement concernés par les incidences environnementales de cette infrastructure défaillante. L’objectif principal de cette intervention consiste à renforcer significativement la capacité de drainage des eaux usées dans une zone historiquement sujette à des débordements fréquents, sources de nuisances sanitaires et de dommages agricoles importants. Une coordination proactive a été établie avec les agriculteurs locaux afin d’anticiper et de lever les contraintes techniques ou foncières susceptibles de retarder la mise en œuvre effective du chantier. Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus globale de modernisation du système d’assainissement de la wilaya. Elle témoigne de l’engagement des autorités locales à répondre aux impératifs de préservation de la santé publique et de protection de l’environnement agricole. Le lancement de ces travaux fait suite aux préoccupations exprimées devant le wali d’Annaba concernant la détérioration de cette canalisation stratégique, qui avait immédiatement instruit la prise de mesures urgentes pour sa réhabilitation. Au-delà de cette intervention ponctuelle, la wilaya d’Annaba s’inscrit dans une vision ambitieuse de modernisation de son infrastructure hydraulique. Elle a bénéficié, au titre de l’exercice 2024, d’une enveloppe financière de 6 milliards de dinars pour la réhabilitation de la station d’épuration de Lallaligue, située dans la commune d’El Bouni. Ce projet majeur du secteur hydraulique s’intègre dans un vaste programme spécial adopté par les pouvoirs publics, doté d’un budget global de 34 milliards de dinars.

Ce programme repose sur un plan stratégique de réutilisation des eaux épurées, articulé autour de deux axes fondamentaux : l’augmentation du taux de traitement des eaux usées et l’optimisation de leur réutilisation. La première phase, programmée pour l’horizon 2026, concerne l’utilisation des eaux traitées dans les zones agricoles, industrielles et urbaines. Elle prévoit la réhabilitation complète des stations d’épuration existantes et l’aménagement de réseaux d’acheminement vers les zones agricoles. Le programme comprend également la remise en service intégrale de la station d’épuration, la réhabilitation de ses équipements, son extension et l’intégration d’un système de traitement tertiaire de pointe. Une attention particulière est accordée au raccordement de la station d’épuration de Lallaligue au complexe sidérurgique d’El Hadjar, dans le cadre d’un projet intitulé « Étude et travaux de réhabilitation de la station d’épuration d’Annaba et amélioration de la collecte des eaux usées et des installations de transfert des eaux usées épurées vers le périmètre agricole de Bounamoussa et le complexe sidérurgique d’El Hadjar ». Actuellement, le secteur hydraulique approvisionne le complexe d’El Hadjar avec 24 000 mètres cubes par jour d’eau brute provenant du barrage de Chaffia, dans la wilaya d’El Tarf, cette quantité pouvant atteindre 32 000 mètres cubes par jour pour remplir le réservoir de réserve de 300 000 mètres cubes du complexe industriel. La réalisation de l’ensemble de ces projets permettra de produire de l’eau épurée de haute qualité selon une répartition optimisée : 30 000 mètres cubes par jour au profit du complexe d’El Hadjar, avec une possibilité d’extension à 60 000 mètres cubes par jour à l’avenir, 20 000 mètres cubes par jour pour l’irrigation dans la région de Bounamoussa aux alentours d’El Bouni, et 30 000 mètres cubes par jour dans les environs d’El Hadjar pour l’irrigation de plus de 2 300 hectares de terres agricoles.

Cette démarche s’inscrit dans les orientations du ministère des Ressources en eau, dont le responsable avait demandé, lors d’une visite à la wilaya d’Annaba, de répertorier les défaillances de la station d’épuration afin d’améliorer les systèmes de filtration et de s’orienter vers les ressources non conventionnelles, notamment les stations de dessalement d’eau de mer et le traitement avancé des eaux usées. Actuellement, la station de traitement des eaux usées de Lallaligue, unique infrastructure de ce type dans la wilaya d’Annaba, ne traite que 10% des rejets produits par une population estimée à plus de 600 000 habitants des communes d’Annaba et d’El Bouni. Cette situation justifie pleinement les investissements programmés. L’équipement fera l’objet d’extensions significatives à l’horizon 2035, afin de porter son débit moyen de traitement à plus de 80 000 mètres cubes par jour, répondant ainsi aux besoins croissants de cette région en pleine expansion démographique et économique. Cette approche intégrée de la gestion des eaux usées illustre parfaitement la transition vers une économie circulaire de l’eau, où chaque goutte traitée devient une ressource précieuse pour l’agriculture et l’industrie, contribuant ainsi au développement durable de la région d’Annaba.

Sofia Chahine

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