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Sécurité sociale : Vers l’arrêt quasi-total des transferts médicaux à l’étranger

L’Algérie investit la réforme de son système de sécurité sociale et sa modernisation en accélérant la digitalisation de ses services.  C’est dans ce sens que l’arrêt quasi-total des transferts médicaux à l’étranger est annoncé. Cette décision majeure, révélée par Abdelhafid Djeghri, directeur central des prestations à la Caisse nationale des travailleurs salariés (CNAS), s’inscrit dans une stratégie globale de rationalisation des dépenses et de valorisation des compétences médicales nationales. « Nous avons arrêté les transferts médicaux à l’étranger pour les maladies cardiaques et vasculaires, sauf dans des cas très exceptionnels », a déclaré M. Djeghri lors de son passage dans l’émission « Invité du matin » de la Radio algérienne ce lundi. Cette mesure s’accompagne de la signature d’accords avec 50 établissements hospitaliers privés spécialisés dans ce domaine, permettant de traiter les patients localement. « Nous avons également intégré la spécialité de neurochirurgie, désormais disponible localement grâce au développement du système de santé national, ce qui procure au patient le confort psychologique et lui permet de rester proche de sa famille », a-t-il ajouté.

Cette réforme intervient dans un contexte budgétaire tendu, la CNAS gérant des dépenses annuelles considérables de 650 milliards de dinars pour couvrir les besoins de près de 30 millions de bénéficiaires du système de sécurité sociale algérien. Ces chiffres illustrent l’ampleur des défis liés au financement de ce système étendu qui dessert 7 millions de travailleurs salariés assurés.

La stratégie de rationalisation des coûts se traduit également par une réorganisation des services de proximité. Le lancement du service de mise à jour de la carte Chifa dans les pharmacies représente une innovation majeure. « Cette procédure nouvelle vise à faciliter la vie de l’assuré et à lui éviter les files d’attente, en accord avec la politique de la caisse visant la digitalisation et la modernisation des services », explique M. Djeghri. Auparavant, cette opération obligeait l’assuré à mettre à jour sa carte annuellement au début du mois d’avril, créant une pression énorme sur les agents de la caisse et nécessitant la mobilisation de ressources humaines et techniques considérables. L’extension du réseau conventionné témoigne de l’ambition de modernisation du système. Le nombre de pharmacies partenaires de la CNAS dépasse désormais 13.000 établissements fonctionnant selon le système du « tiers payant », garantissant une couverture médicale régulière, particulièrement pour les malades chroniques dont le nombre a dépassé 5,8 millions en 2024. Cette expansion inclut également des institutions spécialisées dans la chirurgie cardiaque et vasculaire, la dialyse et le transport sanitaire. Conformément aux directives du président de la République, la prise en charge complète des malades du cancer, y compris les non-assurés, a été annoncée. Plus de 2.050 patients ont bénéficié de cette couverture, illustrant l’engagement social de l’État algérien dans ce domaine sensible. Les chiffres révélés par M. Djeghri soulignent l’importance économique du secteur pharmaceutique dans le système de sécurité sociale. Les dépenses de médicaments ont atteint environ 298 milliards de dinars en 2024, tandis que les remboursements pour les congés maladie, les accidents de la route, les maladies professionnelles, la maternité et l’invalidité ont dépassé 550 milliards de dinars. La caisse contribue en outre à hauteur de 150 milliards de dinars au financement de la santé publique. « Concernant les ordonnances médicales, la caisse a remboursé un million d’ordonnances de médicaments, dont 98% dans le cadre du système de tiers payant », précise le responsable, ajoutant que « les dossiers médicaux dépassant 5.000 dinars peuvent être remboursés directement par la caisse selon l’état de santé après étude du dossier ».

La liste des médicaments remboursables fait l’objet d’une révision mensuelle par une commission nationale multisectorielle, conformément au décret de 2008, et comprend actuellement plus de 7.500 médicaments de marque locale et plus de 1.600 médicaments internationaux. Il précise que « l’objectif des mécanismes de contrôle est d’assurer la pérennité du système et non de faire pression sur le citoyen », rappelant que des organisations internationales encouragent ces mesures pour maintenir l’équilibre financier des systèmes sociaux. Le directeur central a conclu en affirmant que le système d’assurance maladie algérien « figure parmi les meilleurs au monde, couvrant 90% de la population, alors que les organisations internationales considèrent qu’une couverture de seulement 50% est acceptable ».

Samir Benisid

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