Crimes coloniaux en Afrique: L’Algérie réclame justice
L’Algérie a réaffirmé mardi sa détermination à obtenir justice pour les crimes coloniaux perpétrés contre les peuples à travers l’histoire, lors de l’ouverture d’un colloque international consacré à cette thématique.
Organisé par le ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit sous le haut patronage du président Abdelmadjid Tebboune, cet événement scientifique intitulé « Les crimes coloniaux dans l’histoire de l’humanité … des blessures de la mémoire collective à l’exigence de la justice historique » s’inscrit dans le cadre des célébrations du 63e anniversaire de l’indépendance nationale. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebiga, a prononcé le discours d’ouverture de cette rencontre qui rassemble un panel d’enseignants, d’académiciens et d’experts nationaux et étrangers et qui témoigne de la volonté algérienne de porter le débat sur les crimes coloniaux sur la scène internationale et de rompre avec la politique du silence qui entoure encore ces questions historiques sensibles.
« L’Algérie a toujours soutenu et continue de soutenir toutes les nobles démarches réclamant justice pour les crimes coloniaux, en œuvrant avec force à mettre fin à la politique du déni et de l’impunité et à tenir les auteurs de ces crimes pour entièrement responsables des séquelles du colonialisme, de l’esclavage, du pillage des richesses, de l’atteinte aux identités et de la déformation des cultures », a déclaré le ministre Rebiga. Il a insisté sur le caractère imprescriptible de ces crimes, rappelant que « les crimes coloniaux atroces subis par l’Algérie et de nombreux peuples à travers le monde sont des crimes imprescriptibles conformément aux principes et chartes internationaux, et qui ne sauraient être jetés à l’oubli, mais doivent être reconnus ».
L’intervention du ministre s’est également attachée à replacer l’Algérie dans son rôle historique de soutien aux causes de libération. Il a souligné que l’Algérie « est une composante essentielle du tissu mondial, fidèle à la paix et à la sécurité, grâce à sa direction clairvoyante et à son peuple digne, et mobilisée en faveur des causes de libération », affirmant que la Révolution algérienne a toujours été « une source d’inspiration pour les peuples opprimés ».
Ghaza, cimetière des principes juridiques
Le ministre a d’ailleurs rappelé que l’Algérie « n’a jamais failli à son engagement en faveur des causes justes et des aspirations légitimes des peuples, à l’instar de celles des deux peuples frères, sahraoui et palestinien », évoquant la souffrance des Palestiniens à Ghaza qui est devenue, selon ses termes, « un cimetière des principes juridiques fondamentaux sur lesquels repose le système international ».
La dimension mémorielle occupe une place centrale dans cette démarche. M. Rebiga a précisé que « l’Algérie, sous la conduite du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, accorde aujourd’hui un intérêt particulier à la préservation de la mémoire, en tant que source de valeurs et de principes et vecteur essentiel de justice ». Cette politique mémorielle s’inscrit dans une stratégie plus large visant à faire reconnaître les souffrances endurées et à obtenir réparation. Le ministre a observé l’émergence d’une « conscience renouvelée » chez les anciens peuples colonisés, notant qu’il « émerge une prise de conscience croissante des peuples, autrefois victimes de colonialisme, qui renouvellent aujourd’hui leur revendication pour un nouveau processus, non seulement pour tourner la page du passé, mais pour le réécrire sous l’angle de la victime, en jetant les bases d’une justice historique mettant fin à l’arrogance et renforçant la construction d’un avenir commun basé sur la dignité et le respect mutuel ». Cette vision prospective dépasse la simple revendication pour proposer une refondation des relations internationales sur des bases plus équitables.
Le colloque lui-même a été présenté comme « une opportunité pour approfondir le débat sur les crimes du colonialisme », représentant selon le ministre « l’engagement moral, le devoir historique envers le présent et l’avenir et le cri de conscience contre l’oubli ». Les organisateurs ont défini cette rencontre comme « une invitation ouverte à l’ensemble des penseurs, historiens et experts de divers horizons, pour accompagner la dynamique de réalisation d’une justice historique pour réhabiliter la mémoire et asseoir les bases d’un avenir mondial plus conscient et plus humain ».
La problématique centrale du colloque interroge « la manière de transformer la mémoire collective blessée des peuples colonisés en un outil de lutte et de droit qui s’impose sur la scène internationale, et construire un plaidoyer équitable contre les crimes coloniaux, selon une vision juridique et morale qui consacre le principe de responsabilité internationale et établit un système de réparation à même de réhabiliter les victimes et de réconcilier l’humanité avec son histoire ».
Les participants, venus de plusieurs pays, examineront différents aspects de la mémoire coloniale, l’histoire des crimes contre l’humanité, le rôle des acteurs non officiels dans la transmission de la mémoire, ainsi que le rôle de l’Algérie en tant qu’acteur régional dans la défense des causes justes.
Salim Amokrane