L’Algérie adhère au Traité d’amitié et de coopération de l’ASEAN : Un modèle d’intégration régionale à suivre
L’Algérie a officialisé, ce mercredi, son adhésion au Traité d’amitié et de coopération de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), lors d’une cérémonie tenue à Kuala Lumpur. Cette adhésion, soutenue par l’ensemble des États membres de l’organisation, marque un tournant stratégique dans la diplomatie algérienne et témoigne de sa volonté d’élargir sa présence sur la scène internationale.
Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangère, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a exprimé la portée symbolique de cette adhésion : « Ce jour marque un tournant dans les relations entre l’Algérie et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. C’est un honneur pour nous de rejoindre une famille qui fait de l’ASEAN un modèle à suivre et une source d’inspiration dans le monde entier. » Cette adhésion repose sur trois motivations stratégiques clairement énoncées par le chef de la diplomatie algérienne. D’abord, « une admiration profonde pour le parcours de l’ASEAN, qui a su promouvoir la coopération régionale et instaurer stabilité et prospérité partagée ». L’Algérie considère en effet l’ASEAN comme « un modèle inspirant pour les efforts d’intégration dans le monde, en particulier sur notre continent africain ». La deuxième motivation concerne le renforcement des relations bilatérales. Comme l’a souligné M. Attaf : « L’adhésion au Traité d’amitié et de coopération ajoutera, donc, une nouvelle dimension à nos relations bilatérales. Nous renforcerons, élargirons et dynamiserons nos relations avec ces pays amis grâce à cette adhésion. » Enfin, la troisième motivation découle de l’attachement aux principes fondamentaux du traité, en parfaite convergence avec les valeurs de la Charte des Nations Unies, notamment le respect de la souveraineté, le règlement pacifique des différends et le rejet de l’usage de la force.
L’ASEAN représente aux yeux de l’Algérie un exemple remarquable de coopération régionale. Le ministre Attaf l’a exprimé sans détour : « Je le dis franchement, l’ASEAN a réussi à offrir au monde un modèle, un exemple de coopération solide et d’intégration authentique. Nous souhaitons, en toute modestie, apprendre d’eux comment reproduire, dans nos régions respectives, ce qu’ils ont réussi à accomplir. » Cette admiration pour le modèle asiatique s’inscrit dans une perspective plus large de promotion de l’intégration régionale, particulièrement pertinente pour l’Afrique. L’Algérie voit dans l’expérience de l’ASEAN une source d’inspiration pour développer des mécanismes similaires sur le continent africain.
Faire face aux défis géopolitiques
L’adhésion de l’Algérie au Traité intervient dans un contexte géopolitique particulièrement tendu. Le ministre Attaf a alerté sur les menaces pesant sur l’ordre international : « Ce qui nous inquiète, c’est le recours croissant à la force, la violation délibérée du droit international, la marginalisation du rôle des Nations Unies et la paralysie quasi-totale du Conseil de sécurité. » Dans ce contexte préoccupant, l’Algérie réaffirme son engagement à coopérer avec l’ASEAN pour défendre la paix, privilégier le dialogue à la confrontation, faire respecter la primauté du droit face à la logique de la force et promouvoir le multilatéralisme face à l’unilatéralisme. Pour M. Attaf, cette adhésion s’inscrit dans une logique de contribution à la stabilisation de l’ordre mondial : « Nous traversons une période difficile à l’échelle internationale et nous sommes convaincus que des mouvements de cette nature, de cette ampleur, contribuent à stabiliser l’ordre mondial sur la base du droit international, du respect de la Charte des Nations unies et, surtout, du respect de nos intérêts mutuels. »
Cette vision témoigne de l’approche algérienne qui considère les organisations régionales comme des vecteurs essentiels de stabilité et de paix internationale, capables de compenser les défaillances du système multilatéral traditionnel.
Dans ce sens,l’Algérie s’engage à respecter fidèlement les principes du Traité d’amitié et de coopération. Comme l’a conclu M. Attaf : « l’Algérie restera fidèle aux principes fondateurs du Traité d’amitié et de coopération, et continuera à œuvrer de concert avec les pays de l’ASEAN pour bâtir un avenir de paix et de prospérité au profit de tous les peuples du monde. » Cette adhésion ouvre également de nouvelles perspectives de coopération dans des domaines cruciaux. Le ministre a d’ailleurs précisé que lors de ses entretiens bilatéraux avec ses homologues de l’ASEAN, « la Palestine, Ghaza et d’autres questions régionales ont figuré en bonne place dans mes priorités et mes discussions avec mes collègues ».
L’adhésion de l’Algérie au Traité d’amitié et de coopération de l’ASEAN constitue ainsi une nouvelle étape significative dans sa diplomatie, témoignant de sa volonté de contribuer activement à la construction d’un ordre international plus juste et plus équitable, fondé sur le respect du droit international et la coopération entre les nations.
Chokri Hafed