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Adaptation de la législation à la Constitution et changements à la tête des partis : Vers un remodelage de la scène politique

Aucun enjeu politique, du moins pour ce qui est des rendez-vous électoraux, n’est prévu durant l’année 2023. Néanmoins, la scène politique nationale connaîtra, à priori, un certain remodelage, tant sur le plan de sa composante, avec un éventuel changement de son personnel dirigeant, du moins pour ce qui est de certains partis politiques parmi les plus en vue, que sur le plan de la réglementation qui pourrait éventuellement avoir des conséquences sur sa configuration.

Par rapport à ce dernier point, la Constitution adoptée en 2020 a apporté nombres de changements pour ce qui est de l’exercice politique. La mise en conformité du cadre législatif y afférent devient, de facto, une nécessité réglementaire. Si rien n’a été annoncé à ce sujet jusque-là, il n’en demeure pas moins que les uns et les autres, parmi le personnel politique, sont, à cet effet, dans l’attente de la confection et divulgation de la nouvelle loi sur les partis politiques. C’est Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, qui s’est exprimé sur la question tout récemment. Si une mouture est en circulation, cela voudra dire que son passage en Conseil de gouvernement est pour bientôt, du moins durant l’année 2023. Il faut rappeler, dans ce sens, que la nouvelle Constitution a apporté des changements par rapport à l’exercice politique. Par exemple, son article 52 stipule que « les libertés de réunion et de manifestations pacifiques sont garanties, elles s’exercent sur simple déclaration ». A cet effet, en plus de celle relative aux partis politiques, la loi n° 91-19 du 2 décembre 1991 relative aux réunions et manifestations publiques, toujours en vigueur, devrait également être amendée. Celle-ci dans son article 15 indique que « les manifestations publiques sont soumises à une autorisation préalable ». Le contenu de la future loi donnera, en tous cas, un aperçu sur les intentions des autorités en matière de gestion de la classe politique en général et de l’opposition en particulier. Mais au-delà des aspects règlementaires, l’enjeu qui se présente pour la classe politique, d’une manière générale, pour la période à venir, est de pouvoir, une nouvelle fois, s’affirmer sur la scène en tant qu’acteur influent dans la société, ceci sachant que la période passée a connu une certaine « oisiveté ». La démarche entreprise par la Présidence de la République, au mois de mai, avec l’organisation de rencontres de concertations et consultations avec des chefs de partis et des personnalités politiques, s’est estompée depuis. Les formations politiques, du moins bon nombre d’entre elles, s’expriment de moins en moins même lorsqu’il s’agit de questions importantes. Certaines sont préoccupées par des considérations organiques liées à l’organisation de leurs congrès par exemple. D’autres, les partis de l’opposition notamment, évoquent des entraves à l’exercice politique et un problème d’accès aux médias. Dans tous les cas de figure, il est clair qu’en l’état actuel des choses, la scène politique nationale est clairement loin de répondre aux attentes des citoyens.

Des changements de directions des partis

Sur un autre plan, une reconfiguration partielle de la « façade » de la scène politique a été entamée depuis 2019. Les partis, critiqués pour avoir été dans le cercle de soutien à l’ancien Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, principalement le FLN et le RND, mais aussi quelques autres formations politiques comme Taj, ont connu des changements au niveau de leurs directions respectives, globalement parce que leurs anciens chefs ont été emprisonnés dans le cadre d’enquête sur la corruption. Le RND a ainsi propulsé, en 2020, Tayeb Zitouni à sa tête, alors que le FLN est dirigé depuis, la même année aussi, par Abou El Fadl Baadji, même si ce dernier est dans l’attente d’organiser son 11e congrès. Quelques autres formations politiques ont également connu des changements. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a élu, en juin dernier, Atmane Mazouz en tant que président, à la place de Mohcine Belabbas, qui a décidé de ne pas briguer un autre mandat. Le Front des forces socialistes (FFS), lui, a élu le 24 décembre dernier, Youcef Aouchiche, à la tête du parti. Aouchiche est arrivé à ce poste en 2020. Seule exception, le Parti des travailleurs (PT) qui, lors de son 8e congrès, qui s’est tenu au mois de mars 2022, a reconduit sa présidente, Louisa Hanoune, pour un septième mandat. Pour l’année 2023, d’autres changements, au niveau des directions des formations politiques existantes, devront intervenir, notamment chez les partis islamistes, en l’occurrence le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le mouvement Bina. Abderazak Makri, à la tête du MSP depuis 2013, a déclaré le 26 novembre dernier qu’il ne briguerait pas un autre mandat, ni pour le poste de président ni pour un quelconque autre poste de direction, lors du huitième congrès du parti qu’il dirige, prévu à la mi-mars prochaine. « Ce congrès verra la fin de ma mission au niveau des instances dirigeantes du parti afin de reprendre le militantisme au niveau de la base », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que son « long parcours », dans les instances dirigeantes du MSP, « va se terminer durant ce congrès ». Aucun nom n’a été avancé, pour l’heure, pour ce qui est de sa succession. Makri avait emboité le pas à Abdelkader Bengrina, transfuge du MSP, aujourd’hui à la tête du mouvement Bina, fondé en 2013. Le 19 novembre dernier, lors d’une activité du parti, Bengrina s’est dit espérer être « déchargé de la mission de diriger le mouvement », lors de son prochain congrès, prévu au mois de mai.

S’agit-il d’enjeux, strictement internes à toutes ces formations politiques, répondants au principe d’alternance, qui, hasard de calendrier, ont poussés à des changements durant la même période, ou cela est-il le résultat d’éléments exogènes, liés à l’évolution de la scène politique nationale, avec tous les développements, positifs ou négatifs que cela a induit, notamment depuis 2019 ? Probablement tout à la fois. Il faut dire que la scène politique nationale connaît des développements, même si la situation paraît morose, tant sur le plan du discours, et par conséquent des positions des uns et des autres, que celui de la législation et du traitement qui en est fait par les pouvoirs publics. Dans cet ordre, la future loi sur les partis politiques pourrait éventuellement « bousculer » encore d’avantage la scène provoquant inexorablement d’autres changements et développements. Et c’est ces derniers qui vont définir ce que sera l’année 2023 pour la classe politique nationale.

Elyas Nour  

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