Nucléaire : Une équipe de l’AIEA attendue en Iran dans les deux prochaines semaines
L’Agence internationale de l’énergie atomique s’apprête à envoyer une mission technique en Iran au cours des deux prochaines semaines, selon les déclarations du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baghaei, lors de sa conférence de presse hebdomadaire de lundi. Cette annonce fait suite aux récentes déclarations du directeur général de l’AIEA confirmant l’acceptation par Téhéran de recevoir une équipe d’inspecteurs de l’agence onusienne. Esmaeil Baghaei a précisé qu’un manuel détaillant les modalités futures de la coopération entre l’Iran et l’AIEA sera présenté lors de cette mission. Ce document s’appuiera sur un projet de loi récemment adopté par le Parlement iranien visant à restreindre cette coopération, bien que ce texte législatif nécessite encore l’approbation du Conseil suprême de sécurité nationale iranien pour entrer en vigueur. Les relations diplomatiques entre Téhéran et l’AIEA ont connu une dégradation significative depuis les attaques israéliennes et américaines menées en juin dernier contre des installations nucléaires iraniennes. L’Iran maintient fermement que son programme nucléaire poursuit exclusivement des objectifs civils et pacifiques, réfutant toute intention militaire dans ses activités d’enrichissement d’uranium. Concernant les perspectives de négociations avec Washington, le porte-parole iranien a adopté une position nuancée. Baghaei a réaffirmé que l’Iran pourrait reprendre des négociations indirectes avec les États-Unis si les intérêts nationaux iraniens l’exigeaient, tout en précisant qu’aucun projet concret de sixième cycle de négociations nucléaires n’était actuellement à l’agenda. Cette position reflète la prudence de Téhéran face aux développements diplomatiques récents et aux changements dans l’administration américaine. Les déclarations du porte-parole iranien interviennent également en réponse aux propos de l’envoyé américain Steve Witkoff concernant d’éventuelles discussions bilatérales sur le dossier nucléaire. Baghaei a clairement indiqué que pour le moment, aucun plan de négociations n’était établi et qu’une décision serait prise uniquement lorsque les intérêts iraniens le justifieraient. Cette approche conditionnelle témoigne de la stratégie iranienne consistant à lier toute reprise du dialogue à des garanties concrètes concernant la levée des sanctions économiques et le respect des engagements internationaux. La question du mécanisme de déclenchement européen constitue un autre point de friction majeur dans les relations entre l’Iran et ses partenaires occidentaux. Baghaei a fermement rejeté les menaces européennes d’activer ce mécanisme, affirmant que les parties européennes ne disposent d’aucune autorité légale pour entreprendre une telle démarche. Le porte-parole iranien a souligné que ce droit n’existe pas dans le cadre juridique actuel et que l’Iran s’oppose catégoriquement à cette approche, ayant communiqué clairement ses positions aux capitales européennes.
Les tensions avec la troïka européenne, composée de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, se sont intensifiées lors des récentes négociations sur le nucléaire iranien et la question de la levée des sanctions. Selon Baghaei, les Européens ont présenté leur propre interprétation des accords lors de ces discussions, tentant d’utiliser une clause de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU comme instrument de pression sur Téhéran. L’Iran conteste vigoureusement la légitimité de cette approche européenne. Baghaei a souligné que l’Iran avait démontré l’inefficacité de cette stratégie, arguant que les Européens avaient eux-mêmes sapé la légitimité de la résolution 2231 en soutenant l’agression contre l’Iran. Lors des négociations récentes avec les représentants européens, la délégation iranienne a mis l’accent sur un manque d’autorité juridique de la part des Européens. Téhéran a également menacé de riposter de manière appropriée à tout abus de procédure, avertissant que de telles actions ne feraient que compliquer davantage une situation déjà tendue.
L.S.