10e édition du Festival de la création féminine : Le patrimoine du Sud à l’honneur
La ministre de la Culture et des Arts a inauguré à Alger un événement devenu « une tradition ancrée » de valorisation des créatrices.
La ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, a donné samedi le coup d’envoi de la 10e édition du Festival culturel national de la création féminine, marquant ainsi un nouveau jalon dans la reconnaissance institutionnelle de la créativité féminine en Algérie. Organisé à la Villa Boulkine à Hussein Dey jusqu’au 24 octobre, cet événement majeur place cette année les femmes du Sud sous les projecteurs, avec un thème révélateur : « Femmes du Sud…une authenticité qui se raconte et une créativité qui rayonne ». En présence de Nacima Arhab, ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, Mme Bendouda a souligné le caractère important de cette manifestation. «Ce festival est désormais une tradition ancrée des créations féminines», a-t-elle affirmé, avant d’étendre sa vision au-delà de l’événement lui-même. Selon la ministre, la nouvelle approche gouvernementale en matière culturelle repose sur «la promotion et la valorisation de la créativité féminine à travers les différentes wilayas du pays, en accordant une priorité particulière au Sud algérien, à la hauteur de son patrimoine matériel et immatériel».
Cette orientation répond à une réalité que Mme Bendouda a explicitement énoncée : le rôle de passeur de mémoire que jouent les femmes du Sud algérien. «Le patrimoine du Sud nous rappelle l’importance du rôle des femmes exceptionnelles en qui s’incarne le legs civilisationnel dans ses diverses et multiples expressions, notamment la poésie, le chant, l’artisanat ainsi que les us et coutumes», a-t-elle développé. Pour la ministre, cette reconnaissance va au-delà de la simple valorisation locale. Elle considère que «la création féminine en Algérie constitue l’un des piliers de l’identité culturelle nationale», argument central de sa volonté de «valoriser cette créativité et de la classer aux niveaux national et international». Sur le terrain, le festival se déploie comme une véritable célébration pluridisciplinaire de ce savoir-faire. Accompagnée par Mme Arhab, Mme Bendouda a sillonné les différents espaces et ateliers dédiés à l’artisanat traditionnel : teinture naturelle, fabrication de tapis, travail du cuir, poterie traditionnelle, céramique, tissage, couture et stylisme. Ces ateliers sont animés par des associations actives venue des wilayas sudistes comme Ghardaïa, Adrar, Illizi, Laghouat, Tamanrasset, Timimoun et Touggourt, formant un véritable réseau de transmission du savoir-faire féminin.
Le commissaire du festival, Said Ali Benmerabet, a placé cette initiative sous le signe de la résilience. Saluant «le courage et la résilience des femmes algériennes, en particulier celles du Sud du pays», il les a qualifiées de «symbole de fidélité aux racines et à l’identité nationale». Au-delà des traditionnels ateliers de démonstration, le festival accueille un vaste programme événementiel. Des sessions de formation de haut niveau intitulées «Master Class» se concentreront sur les métiers, l’artisanat, l’entrepreneuriat créatif et innovant. Une rencontre spéciale réunira des créatrices, des femmes entrepreneuses et des formatrices au «parcours inspirant», offrant aux visiteurs autant de modèles inspirants. Le volet artistique n’est pas en reste : expositions de peintres et de stylistes dialogueront avec une pièce de théâtre, un spectacle du conteur «hakawati» et diverses conférences. Le programme réserve également des hommages à la poétesse Saliha Ragad et aux icônes de la musique gnawa et tindé, les regrettées Hasna El Becharia et Badi Lalla.
Depuis sa création en 2010 sous le patronage du ministère de la Culture et des Arts, le Festival national de la création féminine s’affirme comme l’événement de référence pour promouvoir les créations et innovations des femmes algériennes. Cette 10e édition confirme son évolution : d’une simple vitrine événementielle, le festival est devenu un véritable outil de politique culturelle gouvernementale, articulé autour d’un projet clair de valorisation internationale du patrimoine immatériel féminin.
Mohand Seghir