Culture

Le film « Frantz Fanon » triomphe au FESPACO : Une œuvre qui ravive la mémoire anticoloniale

Dans une cérémonie empreinte d’émotion, le long métrage « Frantz Fanon » du réalisateur algérien Abdenour Zahzah a été récompensé du prestigieux Prix Clément Tapsoba de la Semaine de la Critique lors de la clôture du 29e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Cette distinction, reçue par l’acteur Omar Boulakirba au nom de l’équipe du film, vient couronner une œuvre profondément ancrée dans l’histoire des luttes anticoloniales africaines.

Produit en 2024 dans le cadre des films subventionnés par le ministère de la Culture et des Arts via le Centre algérien de développement du cinéma (CADC), ce long métrage de 90 minutes revient sur la vie et le parcours du militant anticolonial et psychiatre d’origine martiniquaise Frantz Fanon (1925-1961). Le film explore particulièrement son engagement auprès du peuple algérien pendant la Guerre de libération nationale, mettant en lumière comment le traitement discriminatoire et injuste des malades internés algériens pendant la colonisation française a conduit Fanon à embrasser la cause nationale et à rejoindre la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Dans son message de félicitations adressé à l’équipe du film, le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, a souligné l’importance symbolique de cette récompense décernée au Burkina Faso, terre de Thomas Sankara, « leader révolutionnaire et l’un des symboles de la libération en Afrique ». Il a souligné que le Prix de la Semaine de la Critique « récompense les œuvres cinématographiques qui traitent des problèmes du continent avec profondeur, critique et courage ». Il a également affirmé que l’œuvre de Zahzah « plonge dans la mémoire de l’anticolonialisme et de la résistance des peuples africains », qualifiant ce prix de « prestigieux » et de « réaffirmation du rôle du cinéma » comme outil de mémoire et de résistance.Le ministre a par ailleurs souligné l’importance de cette distinction comme « consolidation de la relation de l’Algérie avec l’Afrique dans un contexte artistique et culturel commun, où l’art continue de porter le flambeau de la libération et du développement ». Une déclaration qui résonne particulièrement dans le contexte actuel de renouveau des relations culturelles panafricaines.

Mêlant habilement écriture fictionnelle et approche documentaire, « Frantz Fanon » avait été présenté en avant-première en octobre dernier à la salle Ibn Zeydoun d’Alger, avant de participer à la compétition officielle du FESPACO dans la catégorie des longs métrages. Le film s’est distingué parmi dix autres œuvres issues de divers pays africains, dont l’Égypte, la Tunisie, le Sénégal, le Togo et le Cameroun.

Cette 29e édition du FESPACO, ouverte le 22 février sous le slogan « Cinémas d’Afrique et identités culturelles », a mis en lumière plus de 230 films provenant de 48 pays. Un événement qui confirme, une fois de plus, la vitalité du cinéma africain et son rôle essentiel dans la construction et la préservation des identités culturelles du continent. Le grand prix du festival, l’Étalon d’Or de Yennenga, a quant à lui été attribué au réalisateur burkinabè Dani Kouyaté pour son long-métrage « Katanga, la danse des scorpions ». Martin Zongo, porte-parole du jury, a expliqué que ce film a été choisi « pour le caractère intemporel et universel de sa cruciale thématique […] pour son fort ancrage culturel à travers ses décors et costumes et la valorisation de son identité linguistique ». Adaptation remarquable de la tragédie de Macbeth de William Shakespeare, l’œuvre retrace l’histoire d’un village pris dans les méandres du pouvoir tyrannique. Tourné à Ouagadougou et ses environs en noir et blanc, avec des dialogues en mooré, la langue la plus parlée au Burkina Faso, le film illustre la volonté du réalisateur de « sortir du temps et de l’espace, sortir une fable politique qui se veut universelle », comme il l’expliquait lors de la projection de son œuvre.

Créé en 1969, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou s’est imposé comme le rendez-vous biennal incontournable du cinéma en Afrique. Au-delà de la simple célébration des talents cinématographiques du continent, il vise à promouvoir les échanges entre professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, contribuant ainsi à l’émergence d’une industrie cinématographique africaine forte et autonome.

Mohand Seghir

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