Sahara occidental : Le conseiller de Trump douche l’euphorie marocaine
Le conseiller du président américain pour les Affaires arabes et africaines, Massad Boulos, a refroidi les ardeurs marocaines après la dernière résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, en affirmant que le plan d’« autonomie » de Rabat n’est pas l’unique issue envisagée par l’ONU. C’est une mise au point qui tombe comme une douche froide sur Rabat. Dans une série de déclarations à plusieurs chaînes de télévision, Massad Boulos, proche conseiller de Donald Trump, a tenu à préciser que la nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies ne consacrait nullement le projet d’« autonomie » proposé par le Maroc comme la seule solution possible au conflit du Sahara occidental. « La résolution ne limite pas la solution exclusivement à ce projet, a-t-il affirmé, mais laisse la porte ouverte à d’autres initiatives et idées que les parties concernées pourraient présenter. » Cette prise de position américaine nuance fortement la lecture triomphaliste que Rabat a tenté de donner du texte adopté fin octobre à New York. Pour Boulos, le message du Conseil est clair : le processus politique reste ouvert, et l’avenir du territoire sahraoui dépend avant tout de l’accord entre les protagonistes directs. « Le seul moyen de mettre fin à ce conflit demeure l’entente entre les deux parties directement concernées, le Front Polisario et le Maroc », a-t-il insisté, saluant au passage « la position du Front Polisario concernant la résolution onusienne », qu’il a qualifiée de « réservée mais légitime ». Selon le conseiller américain, le Front Polisario n’a pas rejeté la résolution, mais formulé « des réserves légitimes qu’il est de son droit d’exprimer sur une question aussi sensible ». Une lecture qui contraste avec les interprétations relayées par la diplomatie marocaine, désireuse de présenter le texte onusien comme une victoire diplomatique. Boulos est allé plus loin en estimant que « la véritable problématique réside dans le préambule de la résolution, pas dans son contenu », soulignant qu’en l’absence de cette divergence rédactionnelle, « l’Algérie aurait voté pour, et la résolution aurait obtenu l’unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité ». Le conseiller de Trump a aussi tenu à rappeler la nature même du mandat onusien dans la région : « La MINURSO a été créée pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination », a-t-il rappelé, ajoutant qu’« il appartient aux parties directement concernées de s’entendre sur les détails de cette option ». En d’autres termes, la perspective du référendum reste juridiquement valable, contrairement aux affirmations marocaines qui la disent dépassée. S’il reconnaît que la position américaine « diffère quelque peu de celle du président Trump », Massad Boulos a tenu à clarifier que Washington n’exclut aucune voie et qu’il « encourage les deux parties au conflit à aller de l’avant dans le processus de dialogue pour parvenir à un accord global et satisfaisant pour toutes les parties ».
Cette mise au point vient relativiser l’enthousiasme de Rabat, qui voyait dans la dernière résolution du Conseil une reconnaissance implicite de son plan d’autonomie comme seule base de négociation. En réalité, la formulation du texte demeure fidèle aux résolutions précédentes, appelant à une solution « mutuellement acceptable » garantissant « l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». En rappelant le cadre initial de la mission onusienne et la centralité du dialogue entre le Maroc et le Front Polisario, Massad Boulos a replacé le débat sur des bases conformes au droit international. Une clarification de poids, qui réaffirme que la question sahraouie reste une affaire de décolonisation inachevée.
Salim Amokrane

