19 tonnes de kif saisies en dix mois : La lutte contre la narco-trafic s’intensifie à la frontière Sud-Ouest
Les unités relevant du troisième Commandement régional de la Gendarmerie nationale ont saisi plus de 19 tonnes de kif traité et 18,832 kilogrammes de drogues dures, cocaïne et crack, dans le sud-ouest du pays durant la période allant de janvier à octobre 2025, un bilan qui met en lumière l’intensité du trafic de stupéfiants transitant par la frontière ouest avec le Maroc. Ce chiffre impressionnant, révélé samedi à Béchar lors des journées portes s’ouvertes sur la Gendarmerie nationale organisées au centre de loisir familial de la troisième Région militaire, témoigne de la pression croissante exercée par les réseaux criminels internationaux sur cette zone frontalière stratégique. Les forces de sécurité ont également intercepté 37 millions de capsules et autres comprimés psychotropes ainsi que sept litres de liquide hallucinogène, selon les chiffres communiqués par le corps de sécurité. Ces importantes opérations de saisie ont été effectuées lors du traitement de 456 affaires criminelles liées à la détention, au trafic et au transport illicites de drogues, impliquant 567 individus. L’ampleur de ces chiffres révèle non seulement l’efficacité des dispositifs de contrôle mis en place, mais surtout la persistance d’un phénomène criminel qui trouve ses racines de l’autre côté de la frontière.
Cette menace s’inscrit dans un contexte régional particulièrement préoccupant. Le Maroc est devenu, selon les données officielles de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, le principal producteur mondial de cannabis, avec 40% du haschich mondial et près de 80% du haschich européen, soit une production estimée à 901 tonnes en 2022. Cette production massive alimente des réseaux criminels transnationaux sophistiqués qui utilisent tous les moyens disponibles pour acheminer leur marchandise, y compris des aéronefs sans pilote comme l’a récemment révélé le démantèlement d’un réseau par la police espagnole.
Le royaume chérifien a développé une véritable économie souterraine du trafic de cannabis, notamment dans la région du Rif maintenue dans la précarité économique et sociale, où les autorités marocaines ont historiquement pratiqué une tolérance tacite face à cette activité illégale. Les revenus générés par ce trafic servent à alimenter un système de corruption généralisé et financent une multitude d’activités illégales qui constituent autant d’instruments de pression et de chantage au service des ambitions expansionnistes du régime du Makhzen. Face à cette menace multiforme, les forces de sécurité algériennes ont également intensifié leur lutte contre la criminalité transfrontalière sous toutes ses formes. En matière de crime de droit commun, 688 affaires ont été traitées durant la même période, impliquant 292 individus. Ces affaires se répartissent entre 361 cas d’atteinte aux biens, 239 d’atteintes aux personnes, 49 d’atteinte à la moralité publique, 22 affaires de vol de véhicules et 17 de vol de cheptel. Dans le cadre de la lutte contre la contrebande, les unités de la Gendarmerie nationale ont traité 262 affaires et saisi à travers les zones frontalières du sud-ouest différents produits, dont plus de trois tonnes de pâtes alimentaires, blé et légumes secs, 54 115 litres d’huile de table, 323 578 litres de carburant, 1 394 appareils de téléphonie mobile, 30 006 pièces détachées de véhicules, 170 272 unités de produits cosmétiques, 1 616 kilogrammes de fruits, 158 têtes de cheptel camelin, ainsi que 170 véhicules et motocycles utilisés par les contrebandiers. Un total de 240 individus impliqués dans ces affaires de contrebande ont été arrêtés. L’immigration clandestine constitue un autre défi majeur pour les forces de sécurité dans cette région. Pas moins de 462 affaires concernant l’immigration illégale ont été traitées durant la même période, ce qui s’est traduit par l’arrestation de 5 145 individus de 16 nationalités étrangères impliqués dans ces affaires. Ces chiffres illustrent la position géographique stratégique de cette région frontalière, devenue un point de passage privilégié pour diverses activités criminelles transfrontalières. Les conséquences de ce trafic en provenance du Maroc dépassent largement les aspects économiques pour devenir un enjeu géopolitique et sécuritaire majeur. Les réseaux criminels ont développé des connexions transnationales qui ne se limitent pas au cannabis mais s’étendent aux drogues dures, créant un écosystème criminel particulièrement dangereux qui menace la stabilité de toute la région nord-africaine et même de l’Europe.
Malik Meziane
Les kits de détection de la cocaïne et du crack produits en Algérie
Les kits de détection de la cocaïne et du crack sont désormais produits en Algérie par le centre de Recherche et développement de la Gendarmerie nationale (CRD-GN), a-t-on appris samedi auprès du troisième Commandement régional de ce corps de sécurité à Béchar. Outre ces kits, le même centre spécialisé de la Gendarmerie nationale, produit également des lingettes permettant de détecter la présence de cocaïne et de crack sur diverses surfaces, telles que l’intérieur d’un véhicule, des bagages, des conteneurs, des colis ou encore du textile, a-t-on précisé en marge des journées portes ouvertes sur la Gendarmerie nationale.

