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Il craint que les tensions actuelles ne conduisent à une nouvelle guerre mondiale : La dernière prophétie de Kissinger

L’extrême tension que connaissent les relations entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine peut-elle dégénérer en une guerre mondiale ? Pour l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger (chef du département d’État de 1973 à 1977), il ne fait pas l’ombre d’un doute. 

Le risque est important. Il estime même que les États-Unis sont « au bord de la guerre » avec Moscou et Pékin sur des questions qu’ils ont en partie eux-mêmes créées. «Nous sommes au bord de la guerre avec la Russie et la Chine sur des questions que nous avons partiellement créées. Personne n’a une idée de comment cela va se terminer ni où cela devrait mener», a déclaré Kissinger cette semaine dans une interview au Wall Street Journal. L’ancien secrétaire d’État américain a noté que « tout ce qui peut être fait n’est pas d’aggraver les tensions et de créer des options (…). Depuis le début il fallait un but derrière cette escalade». Comment pourrait se terminer la guerre en Ukraine ? Henry Kissinger pense que la Russie gardera « la Crimée et certaines parties du Donbass ».

Ce n’est pas la première fois que l’ancien chef de la diplomatie américaine met en garde contre une possible confrontation de grande ampleur entre les trois grandes puissances que sont la Chine, la Russie et les Etats-Unis. Lors d’un entretien accordé le 19 juillet dernier à un média américain, Henry Kissinger avait mis déjà en garde le président américain Joe Biden contre une « confrontation sans fin avec la Chine ». « La géopolitique exige aujourd’hui une flexibilité nixonienne pour aider à désamorcer les conflits entre les États-Unis et la Chine ainsi qu’entre la Russie et le reste de l’Europe », avait-il suggéré, tout en avertissant que « la Chine ne devrait pas devenir un hégémon mondial ». 

L’homme qui a aidé à rétablir les relations américano-chinoises dans les années 1970 a déclaré que le président Joe Biden devrait se méfier de laisser la politique intérieure interférer dans les questions internationales tout en soulignant « l’importance de comprendre la permanence de la Chine ». « Biden et les administrations précédentes ont été trop influencés par les aspects nationaux de la vision de la Chine », a-t-il estimé même s’il entretient la vision américaine sur la nécessité de maintenir l’hégémonie exclusive US. « Il est, bien sûr, important d’empêcher l’hégémonie chinoise ou de tout autre pays mais ce n’est pas quelque chose qui peut être réalisé par des confrontations sans fin», a-t-il poursuivi. L’ancien chef de la diplomatie américaine a déjà eu à soutenir que les relations de plus en plus conflictuelles entre les États-Unis et la Chine risquaient de provoquer une « catastrophe mondiale comparable à la Première Guerre mondiale ». Scénario que Washington a tenu à éviter durant les années 70. A ce propos, il est à rappeler que l’ancien président américain Richard Nixon a combattu dans les années 1960 le communisme. Il a toutefois surpris nombre de ses partisans en décidant de se rapprocher de la Chine de Mao Zedong et en se rendant à Pékin en 1972 lors d’un voyage qui est devenu un tournant historique pour les deux nations.

Dans son ouvrage intitulé « De la Chine » publié en 2012, avait en quelque sorte prévu que les relations sino-américaines allaient devenir conflictuelles en raison de la myopie (ou de l’amnésie) américaine. «Les Américains n’ont pas besoin d’être d’accord avec l’analyse chinoise pour comprendre que faire la leçon à un pays ayant une histoire millénaire sur son besoin de « grandir » peut être inutilement grinçant », avait-il averti. Avec l’administration Trump qui a évité consciemment le messianisme des valeurs universelles en faveur d’une politique d’intérêt national plus réaliste, les remontrances de Kissinger avaient été moins pertinentes que d’habitude. En revanche, ses mises en garde sont pertinentes avec le retour des États-Unis à leur messianisme traditionnel. C’est justement ce messianisme plus que déplacé qui risque aujourd’hui de précipiter la planète toute entière dans le chaos.

Khider Larbi

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