Sahara occidental : Aminatou Haïdar dénonce la perpétuation d’une occupation illégale
Cinquante ans après la signature des Accords de Madrid, le peuple sahraoui réaffirme sa détermination à poursuivre sa lutte pour l’indépendance, tandis que la militante Aminatou Haïdar dénonce le soutien de l’Espagne au plan marocain d’autonomie comme une contribution à la perpétuation d’une occupation illégale. Ces déclarations interviennent lors de manifestations et d’événements commémoratifs organisés en Espagne ce week-end. À Lanzarote, ville des Canaries où elle avait trouvé refuge en 2009 après son expulsion des territoires occupés par les autorités marocaines, Aminatou Haïdar a prononcé vendredi un discours sans concession en marge de la projection d’un documentaire retraçant son parcours. L’événement était organisé par la fondation culturelle espagnole César Manrique. « En soutenant l’idée que le Sahara occidental devienne une région autonome sous souveraineté marocaine, l’Espagne contribue à perpétuer une occupation illégale, facilite le pillage de nos ressources et légitime de graves violations des droits humains », a affirmé la militante sahraouie. Aminatou Haïdar a considéré la décision du gouvernement espagnol de reconnaître le prétendu plan marocain d’autonomie comme un « abandon délibéré » de ses obligations en tant que puissance administrante. « L’Espagne doit remplir son devoir juridique et historique : garantir la décolonisation et le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Elle ne peut continuer à normaliser un discours qui légitime l’occupation », a-t-elle martelé. La militante a également dénoncé la complicité des gouvernements et des entreprises internationales qui « continuent de financer une occupation illégale au prix des souffrances d’un peuple ». Elle a ajouté : « Nous ne demandons ni faveurs ni concessions politiques : nous demandons le respect du droit international. Le peuple sahraoui restera ferme ». Le documentaire présenté, intitulé « Aminatou : 50 ans d’occupation », relate l’histoire de cette militante qui avait observé une grève de la faim à Lanzarote il y a seize ans pour dénoncer son expulsion par les autorités marocaines et la complicité de l’État espagnol.
À Madrid, samedi, des milliers de Sahraouis et d’Espagnols se sont rassemblés pour une manifestation sous le slogan « 50 ans de résistance/occupation », commémorant le cinquantième anniversaire des Accords de Madrid signés le 14 novembre 1975. Le représentant du Front Polisario en Espagne, Abdallah Arabi, a déclaré que « le peuple sahraoui est pleinement déterminé à poursuivre sa lutte et sa résistance jusqu’à l’obtention de son droit légitime à l’autodétermination et à l’indépendance ». Soulignant que l’action du jour intervenait pour dénoncer ces accords signés il y a un demi-siècle, le diplomate a appelé le gouvernement espagnol à « prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple et de la République sahraouis ». Abdallah Arabi a rappelé que « l’occupation, la violation des droits de l’homme et la non-application du droit international au Sahara occidental sont les conséquences des Accords de Madrid ». Il a néanmoins souligné le soutien dont bénéficie le peuple sahraoui : « Durant ces 50 années, le peuple sahraoui n’a jamais été seul. Il a bénéficié d’un soutien indéfectible de la part d’un mouvement solidaire ».
La manifestation a également connu la participation de plusieurs politiciens espagnols venus apporter leur soutien à la cause sahraouie. Julio Rodrigez, secrétaire à la Paix et à la Sécurité au parti Podemos, a insisté sur le fait que « le peuple sahraoui a droit à son indépendance et à sa souveraineté ». « Aujourd’hui, 50 ans après la signature des Accords de Madrid, nous manifestons pour défendre le droit du peuple sahraoui à la liberté et à l’indépendance », a-t-il déclaré. À la veille de la manifestation, un mouvement de solidarité avait installé un campement de sensibilisation devant le ministère espagnol des Affaires étrangères afin de mieux faire connaître la lutte du peuple sahraoui pour l’autodétermination et l’indépendance. Les Accords de Madrid, signés le 14 novembre 1975, constituent selon les militants un crime à l’encontre du peuple sahraoui, l’Espagne ayant renoncé à sa responsabilité historique de mener à terme le processus de décolonisation du Sahara occidental, en permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, à travers l’organisation d’un référendum libre, démocratique et transparent, tel que reconnu par l’ONU depuis 1966.
L.S.

