Barrage écrêteur de Bouhdid à Annaba : Un projet qui peine à voir le jour
Considéré comme un projet important pour la ville d’Annaba, de par sa vocation protectrice contre les inondations, ce projet lancé en 2019 est toujours en cours de réalisation.
Le projet d’importance capitale qui vise à protéger la ville des inondations était censé entrer en service en juin 2024. Or, le chantier a accumulé un important retard en raison de plusieurs contraintes rencontrées, notamment la présence d’habitations sur le site destiné à accueillir le barrage. Les travaux de construction de la structure ont été précédés par de nombreuses études et opérations préparatoires, telles que des tests pour choisir le type de béton adapté à l’ouvrage. L’objectif est de retenir les eaux de pluie de la région de l’Edough et des oueds environnants pour les évacuer progressivement, réduisant ainsi le débit avant évacuation vers Oued Boudjemaa. De plus, les responsables du projet ont étudié la possibilité de purifier l’eau collectée dans le barrage afin de la rendre potable. Ces opérations, lancées en juin 2021, ont préparé le terrain pour la deuxième étape du projet, qui a débuté mais affiche également un retard. Notons que ce projet avait été annoncé en 2015 mais n’a été lancé qu’en 2019, après les inondations qui ont affecté la wilaya à cette époque. Aujourd’hui, le taux de réalisation n’est que de 60%, soit 10 mois au-delà de la dernière date butoir fixée à la fin de l’année 2024. Mieux encore, ce même projet avait été annoncé pour être opérationnel à la fin de l’année 2023, notamment après la visite, en septembre de la même année, du ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, qui avait pointé du doigt le retard accumulé. Le ministre avait affiché son insatisfaction, voire son mécontentement, et n’avait laissé aucune chance aux entreprises chargées de la réalisation d’avancer une quelconque justification, d’autant plus qu’il avait rappelé que l’État a débloqué les moyens financiers nécessaires pour ce projet. Dès lors, Taha Derbal avait, sur un ton sec, ordonné le renforcement du chantier en moyens humains et logistiques, avec une réorganisation du travail en mode 3×8 afin d’accélérer la cadence des travaux.
Néanmoins, il est utile de rappeler que les retards ont été justifiés notamment par la présence de constructions illicites sur le site. Il a fallu presque 5 ans pour résoudre cette situation, avec le relogement des 7 familles vivant sur les lieux. Une opération qui s’est révélée complexe en raison du manque de logements sociaux disponibles dans la commune de Seraïdi. Au-delà, il y a eu également le dédommagement de ces familles qui ont été expropriées de leurs terres dans le cadre de l’intérêt public. Le groupement d’entreprises Hydrotechnique/GTH a versé 12,1 milliards de centimes aux familles concernées, sur les 12,3 milliards initialement prévus.
Après quoi, les travaux ont été lancés pour la réalisation de ce barrage, dont la capacité est de 750 000 m³. La vocation initiale de ce projet est d’endiguer et de contenir les eaux pluviales provenant des monts de l’Edough et des cours d’eau environnants. L’objectif principal est de protéger la ville des inondations pouvant être occasionnées par les fortes précipitations. Quant à l’autre objectif, c’est la collecte des eaux pluviales qui seront, dans un premier temps, orientées pour être réutilisées dans le secteur industriel. Tous ces objectifs et ces vocations de ce projet vital pour la ville d’Annaba n’attendent que leur concrétisation, bien entendu après l’achèvement des travaux. Ces derniers ont, convient-il de le souligner, coûté au Trésor public une enveloppe globale s’élevant à près de 150 milliards de centimes.
Or, au vu du taux d’avancement des travaux, le projet du barrage écrêteur de Bouhdid n’est pas prêt à être mis en service pour cet exercice qui touche à sa fin, et ce, en dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics et les autorités locales de la wilaya d’Annaba.
Sofia Chahine

