Ouverture du passage de Rafah dans un seul sens : Le projet d’une nouvelle Nakba dénoncé
Les déclarations récentes des autorités d’occupation concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens ont provoqué une vague de condamnations internationales, les observateurs dénonçant une nouvelle tentative de déportation forcée des Palestiniens de Ghaza. Le président du Parlement arabe, Mohamed Al-Yamahi, a dénoncé fermement ce projet dans un communiqué publié dimanche, qualifiant ces intentions de grave violation du droit international humanitaire et de manquement flagrant à l’accord de Charm el-Cheikh sur le cessez-le-feu. Il souligne que cette manœuvre s’inscrit dans le projet global de l’entité sioniste visant à liquider définitivement la cause palestinienne en vidant le territoire de sa population. Al-Yamahi a affirmé que toute tentative d’imposer une ouverture unilatérale du passage n’a rien d’une initiative humanitaire, mais s’inscrit au contraire dans une politique systématique de transfert forcé et de pression intolérable sur la population palestinienne. Le responsable arabe a mis en garde contre des mesures qui relèvent clairement de crimes de guerre et contreviennent aux accords internationaux affirmant l’unité des territoires palestiniens et le droit inaliénable du peuple palestinien à rester sur sa terre ancestrale. Cette position reflète la conviction largement partagée dans le monde arabe et musulman que l’objectif réel de l’occupation est de provoquer un nouvel exode des Palestiniens, reproduisant ainsi la Nakba de 1948 dans des conditions encore plus dramatiques.
L’Organisation de coopération islamique a rejoint ce concert de protestations samedi, dénonçant avec vigueur les déclarations de l’entité sioniste et appelant la communauté internationale à remplir ses obligations en faisant pression sur l’occupation pour assurer l’ouverture permanente et sûre du point de passage dans les deux sens. L’OCI a explicitement souligné que la volonté d’ouvrir le terminal de Rafah dans un seul sens s’inscrit dans la politique délibérée de l’entité sioniste visant à faire durer les souffrances des Ghazaouis pour les pousser à quitter définitivement leur terre. L’organisation a rappelé avec force que le déplacement forcé des Palestiniens constitue un crime de guerre et une violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire, ajoutant que l’agression continue et les violations répétées de l’occupation constituent une menace directe pour la sécurité et la stabilité régionales et internationales. Dans ce contexte explosif, Al-Yamahi a également dénoncé les violations sionistes incessantes de l’accord de cessez-le-feu conclu en octobre, qu’il s’agisse d’entraver l’entrée de l’aide humanitaire, de cibler des zones supposées sûres ou d’élargir les agressions militaires dans tout le territoire. Ces tentatives de contournement de l’accord visent manifestement à faire échouer tout effort international destiné à garantir un cessez-le-feu durable et à stabiliser la situation humanitaire catastrophique qui règne à Ghaza depuis plus de quatorze mois.
Doha et Le Caire appellent au retrait des forces d’occupation
La situation sur le terrain demeure extrêmement précaire malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre dernier. Le Qatar et l’Égypte, parmi les principaux médiateurs et garants de la trêve, ont appelé samedi au retrait total des forces de l’armée d’occupation du territoire palestinien et au déploiement rapide d’une force internationale de stabilisation pour consolider la fragile trêve. Le Premier ministre qatari, Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, a été particulièrement clair lors d’une conférence à Doha, déclarant que nous sommes à un moment critique et qu’on ne peut pas encore considérer qu’il y a un véritable cessez-le-feu. Selon lui, un cessez-le-feu ne peut être complet qu’avec le retrait total des forces de l’armée sioniste et un retour effectif de la stabilité à Ghaza, ce qui est loin d’être le cas actuellement puisque l’occupation conserve le contrôle d’environ cinquante pour cent du territoire. Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a également mis en garde contre les conséquences d’un échec du plan de cessez-le-feu, notant l’implication personnelle du président américain Donald Trump dans ce dossier. Dans une interview en marge du forum de Doha, le ministre a souligné la nécessité de mettre en place une administration civile palestinienne crédible et une force de police entraînée pour permettre une transition ordonnée, insistant sur le fait que ce sont les Palestiniens eux-mêmes qui doivent reprendre le contrôle de leur territoire. Sur le plan humanitaire, la situation continue de se détériorer malgré la trêve théorique. Le Syndicat des journalistes palestiniens a dénoncé les agressions systématiques de l’armée et des colons sionistes à l’encontre des professionnels des médias dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie occupée, appelant à une protection internationale urgente. Selon un rapport du syndicat, ces violations reflètent une escalade systématique continue visant à empêcher les équipes médiatiques d’accomplir leurs missions professionnelles et de témoigner des crimes commis. Le rapport fait état de 22 attaques commises par des colons contre des journalistes, de 16 cas de détention et d’entrave au travail journalistique, ainsi que de six cas d’agressions physiques directes.
Le bilan humain de l’agression génocidaire sioniste contre Ghaza continue de s’alourdir dramatiquement. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, le nombre de martyrs a atteint 70.360, et celui des blessés 171.047, en majorité des femmes et des enfants, depuis le 7 octobre 2023. Depuis l’entrée en vigueur du prétendu cessez-le-feu en octobre dernier, pas moins de 373 Palestiniens sont tombés en martyrs et 970 autres ont été blessés, tandis que les corps de 624 martyrs ont été récupérés. De nombreux corps se trouvent encore sous les décombres, rendant impossible l’établissement d’un bilan définitif de cette tragédie sans précédent.
Face à cette situation catastrophique, Al-Yamahi a insisté sur la nécessité absolue d’un cessez-le-feu complet, de mettre un terme définitif à la souffrance des civils et d’assurer l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire vers Ghaza. Il a conclu en affirmant que Ghaza doit être reconstruite pour garantir une vie digne à ses habitants et que la seule voie vers une véritable sécurité et stabilité passe par le respect scrupuleux des accords internationaux et l’ouverture d’un processus politique sérieux menant à l’établissement d’un État palestinien indépendant et pleinement souverain, avec Al-Qods Est pour capitale.
L.S.

