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Décolonisation : Le Kenya demande justice et réparations à la Grande-Bretagne

Les appels se multiplient au Kenya pour réclamer à la Grande-Bretagne la restitution des restes d’un chef tribal vénéré qui entra en résistance contre le régime colonial il y a plus d’un siècle. Koitalel Arap Samoei mena durant plus de 10 ans, à partir de 1895, une opposition farouche à la construction du «Lunatic Express», un chemin de fer reliant Mombasa, port kényan de l’océan Indien, via Nandi dans la vallée du Rift, jusqu’au lac Victoria en Ouganda. Des milliers de personnes entrées en résistance contre ce projet ont été tuées dans la répression du mouvement. Selon des historiens kényans, les autorités coloniales ont attiré Samoei à une réunion en octobre 1905, officiellement pour négocier une trêve, en fait un piège pour l’abattre avec plusieurs de ses compagnons de lutte. Samoei, chef spirituel du peuple Nandi, fut décapité et sa tête emportée en Angleterre comme trophée de guerre, selon des anciens de la communauté nandi. Le gouvernement kényan œuvre depuis des mois auprès de plusieurs chancelleries occidentales pour obtenir la restitution d’un certain nombre d’objets de son patrimoine national. Depuis le décès jeudi de la reine Elizabeth II, qui était en visite au Kenya en 1952 lorsqu’elle est devenue monarque, plusieurs voix se sont élevées pour demander à la Grande-Bretagne de faire face aux atrocités commises par le régime colonial. Le peuple Nandi réclame le retour de la tête de Samoei sur sa terre ancestrale afin de lui offrir un enterrement convenable, un appel largement relayé et partagé sur les réseaux sociaux au Kenya. La reine «signifiait tellement pour tant de gens (…) malgré l’histoire de l’empire britannique et ses atrocités», a déclaré à la presse française l’avocat du comté de Nandi, George Tarus. «Mais alors que le monde pleure le décès de la reine Elizabeth II, le moment est peut-être venu d’implorer le gouvernement britannique de faire ce qui est juste – rendre la tête de Koitalel Samoei et présenter publiquement des excuses au peuple Nandi». Selon Me Tarus, qui estime le nombre de victimes tuées pendant le soulèvement populaire à 20.000, les autorités britanniques doivent également réparation aux habitants de la région pour avoir saisi des terres fertiles, aujourd’hui exploitées comme plantations de thé par des multinationales britanniques. «À ce jour, il n’y a eu aucune compensation de la part du gouvernement britannique», affirme l’avocat, qui dirige les efforts juridiques pour obtenir justice auprès de l’ancienne puissance coloniale. En 2006, des effets personnels ayant appartenu au chef tribal Samoei, une canne et un bâton, avaient déjà été restitués au Kenya.

R.I.

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