L’UNESCO consacre la primauté algérienne sur le Caftan : Une victoire diplomatique majeure
La 20e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, réunie jeudi à New Delhi, a confirmé de manière claire et sans équivoque la primauté de l’inscription du Caftan par l’Algérie, consolidant ainsi la position du pays face aux tentatives d’appropriation, notamment marocaines, sur cet élément emblématique de l’identité nationale.
Depuis plusieurs années, l’Algérie dénonce les tentatives du Maroc de revendiquer des éléments patrimoniaux partagés ou historiquement algériens. Le dossier du Caftan cristallise ces rivalités culturelles qui dépassent largement le cadre vestimentaire pour toucher à l’identité nationale et à la reconnaissance internationale. La victoire algérienne à New Delhi constitue donc un précédent majeur dans cette bataille pour la préservation de l’authenticité patrimoniale. Le Comité intergouvernemental a procédé à une double modification des inscriptions algériennes existantes. D’une part, l’élément inscrit en 2024 a vu son intitulé étendu pour devenir « Le costume féminin de cérémonies dans le Grand Est algérien: savoirs et savoir-faire associés à la confection et à la parure de la Gandoura, la Melehfa, le Caftan, le Quat et le Lhaf ». D’autre part, le dossier relatif aux « rites et les savoir-faire artisanaux associés à la tradition du costume nuptial de Tlemcen », inscrit depuis 2012, intègre désormais explicitement « le Port du Caftan » dans sa section B3, conformément au formulaire ICH-02.
Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, ces décisions constituent « un nouveau succès diplomatique majeur pour l’Algérie, tant sur la scène culturelle internationale que dans le cadre de la diplomatie multilatérale ». Le texte souligne que cette reconnaissance « réaffirme avec force la primauté historique et culturelle de l’inscription du Caftan par l’Algérie sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité et renforce la reconnaissance internationale de ce patrimoine immatériel d’une valeur exceptionnelle ».
Le ministère y voit également « une reconnaissance explicite et méritée des efforts soutenus et constants de l’État visant à valoriser, préserver et faire connaître le riche patrimoine culturel de l’Algérie, héritage de plusieurs siècles d’histoire reflétant la profondeur et l’authenticité de notre nation ». Cette formulation met en lumière la stratégie algérienne de documentation minutieuse et de défense active de son patrimoine face aux revendications infondées.
Au-delà de sa dimension vestimentaire, le Caftan représente un condensé de savoir-faire transmis de génération en génération, associant broderie, couture et symboliques régionales. Son inscription reflète la diversité des traditions algériennes, du Grand Est aux traditions tlemcéniennes, témoignant d’un artisanat vivant ancré dans les cérémonies familiales et sociales. La reconnaissance de l’UNESCO valide cette approche globale qui lie le vêtement à son contexte culturel et à ses pratiques associées.
Le communiqué officiel conclut en affirmant que cette reconnaissance « incarne également la pertinence de l’approche adoptée dans la mise en œuvre des instructions des hautes autorités du pays, visant à promouvoir notre patrimoine culturel dans toutes ses composantes et formes, tout en le protégeant de toute tentative d’imitation, d’appropriation et de falsification ». Cette formulation sans ambiguïté vise clairement les pratiques d’appropriation culturelle.
Mohand Seghir

