Culture

Résidence artistique « One Beat Sahara » : Karim Ziad, la passion du Diwane

Karim Ziad est un batteur algérien de renommée mondiale qui a accompagné tout au long de sa carrière de grands noms de la musique algérienne, mais aussi des musiciens et des artistes européens, américains et internationaux.

Dans un entretien à l’APS, en marge de la résidence artistique « One Beat Sahara » qui se tient à Taghit dans la wilaya de Bechar, l’artiste né en 1966 revient sur son enfance à Alger et son initiation à la musique à Belcourt (Belouizdad) avec la Troupe Baba Salem et la musique Diwane, un genre musical qu’il affectionne tout particulièrement. « J’étais fasciné depuis tout petit par Baba Salem. Le spectacle insolite que donnait cette troupe sur fond de percussions (bendir, karkabou, etc.) était captivant et cette ambiance envoûtante ne m’a depuis jamais quitté (…) c’est un peu ma madeleine de Proust », a dit Karim Ziad. Et d’ajouter: « ma passion pour la musique est partie de là ». « Au début des années 80, j’ai commencé à jouer de la batterie, mais ma carrière professionnelle a débuté lorsque j’ai rejoint une troupe algéroise qui animait des soirées dans des hôtels et des clubs, et grâce à laquelle je me suis familiarisé avec les traditions et les rythmes de la musique algérienne », a indiqué le musicien.  Le tournant de sa carrière aura été son départ pour la France suite aux événements d’octobre 1988 avec l’espoir de pouvoir vivre de sa musique et son intégration du Conservatoire de musique de Paris. En effet, il commence progressivement à percer en France et à s’imposer comme un batteur de talent, ce qui lui a valu d’accompagner Cheb Mami dans les années 80 et 90 et d’assurer la première partie de Cheb Khaled à l’Olympia. Il a également travaillé avec Nguyên Lê, musicien-guitariste et compositeur de jazz français d’origine vietnamienne. Le CD « Maghreb and Friends » (1998), une fusion entre les musiques viétnamienne et algéro-maghrégbine, fut le fruit de cette collaboration. Une fois installé aux Etats Unis, Ziad renoue avec le succès suite à une collaboration avec le célèbre pianiste autrichien Joe Zawinul, dont la troupe « Weather Report » compte parmi les plus célèbres groupes  américains de jazz dans les années 70 et 80. Les deux musiciens ont travaillé ensemble pendant quatre ans et animé plusieurs concerts aux Etats Unis et dans d’autres pays.Karim Ziad a voulu, par la suite, produire sa propre musique. En 2001, il crée son groupe « Ifrikya » qui a sorti 6 CD, dont « Yobadi », une collaboration avec le célèbre Maâlem gnawi, Hamid El Kasri. Ont collaboré à ces albums, classés dans le répertoire « Musiques du monde », des musiciens de renommé internationale. Toutefois, l’album « Jdid » est d’inspiration Jazz avec des sonorités nord africaines, un brassage musical que l’artiste affectionne par excellence.

En 2015, Ziad collabore avec Amazigh Kateb, chanteur et joueur du « Guembri » et « Ptit Moh » de son vrai nom Mohamed Abdennour, chanteur « Chaâbi » et joueur de banjo, de Mandoline et d’Oud. Le trio a animé des concerts en Chine durant un mois. Ziad a également animé des concerts au Pays-Bas, en Allemagne, en Hongrie et autres pays. Il s’est illustré dans le style jazz, les « Musiques du monde » mais aussi dans la musique Diwane, un genre musical très répandu en Afrique du nord qui constitue pour l’artiste, un art maghrébin par excellence. A propos de la musique Diwane très appréciée à Bechar, Ziad a dit que « la culture africaine y est très bien représentée, étant une musique que respirent les populations de la région », ajoutant que cet art « reflète extraordinairement l’appartenance africaine de l’Algérie ».

Pour Ziad, la musique algérienne, devenue universelle, est « l’une des plus connues, après les musiques américaine et européenne (…), grâce à des artistes célèbres du raï ou du chaâbi, comme Khaled, Mami et Dahmane El Harrachi dont la renommée est mondiale ». C’est en fait, dira-t-il, « un héritage divers et impressionnant à la fois ». Les rythmes algérien et nord-africain sont « assez particuliers », a assuré l’artiste qui a témoigné de « son expérience pendant des années pour faire découvrir ces rythmes auprès des Américains et des Français, lesquels ont fini par se familiariser avec notre musique qu’il fait ressortir à travers ses divers opus… « . Le musicien qui qualifie la musique de « transfrontalière », a souligné que les pays du Maghreb, par exemple, partagent plusieurs genres musicaux, comme le Diwan (Gnaoua). Quant à sa participation à « One Beat Sahara », M. Karim Ziyad s’est dit « content d’être invité en tant que formateur et coach », expliquant qu’il « dispense des cours de solfège aux participants, algériens et étrangers, et leur apprend des rythmes spécifiques à la région d’Afrique du Nord, des rythmes asymétriques, difficiles d’ailleurs et très intéressants… ». Le percussionniste s’est dit « fier » de la nouvelle génération de musiciens algériens, estimant que les musiciens de sa génération « n’auraient pas pu réaliser autant de succès lorsqu’ils étaient jeunes ». Cette résidence musicale « a eu un effet très positif sur l’image de l’Algérie », a assuré l’artiste, indiquant que « les Américains étaient fascinés par la beauté du pays et du patrimoine immatériel » appelant, par la même, à exploiter les lieux touristiques comme Taghit « connu et reconnu pour son hospitalité, mais également pour la sérénité et la beauté ensorcelante qui la caractérisent ».

APS

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