Services bancaires et transactions boursières : Les banques accélèrent leur digitalisation
Trois grandes banques publiques s’apprêtent à lancer simultanément en janvier 2026 des services numériques permettant de négocier des titres à distance, marquant un cap dans la modernisation du secteur financier du pays et l’élargissement de l’accès aux marchés de capitaux.
L’Algérie franchit une étape majeure dans la transformation numérique de son écosystème financier. La Banque extérieure d’Algérie (BEA), le Crédit populaire d’Algérie (CPA) et la Banque de développement local (BDL) ont annoncé le déploiement prochain de solutions digitales destinées à démocratiser l’accès à la Bourse d’Alger, illustrant une volonté institutionnelle d’intégrer davantage les citoyens et les entreprises dans le financement de l’économie nationale. La BEA ouvrira le bal dès janvier avec sa plateforme baptisée « la Bourse digitale », accessible via son site web et son application mobile. Cette initiative constitue, selon l’établissement, « un moyen électronique sécurisé permettant aux clients d’émettre à distance des ordres d’achat et de vente de valeurs mobilières, sans nécessité de déplacement ni de procédures manuelles, tout en offrant la possibilité de suivre et de gérer les portefeuilles d’investissement avec facilité et fluidité ». Au-delà de la simple dématérialisation des transactions, la banque publique affirme que ce dispositif s’inscrit dans ses efforts visant à « accélérer la transformation numérique dans le secteur bancaire » et à renforcer « l’inclusion financière, grâce à une plateforme numérique à haute performance respectant les normes de qualité et de sécurité ».
Le CPA emboîte le pas avec le lancement simultané de sa propre solution, dénommée « CPA-Moussahim ». Cette plateforme permettra aux clients adhérents de « gérer de manière efficace et sécurisée leurs ordres d’achat ou de vente des titres, à distance, ainsi que la consultation de leurs avoirs titres ». L’établissement bancaire positionne cette innovation comme un levier stratégique pour « élargir l’accès au marché financier à tous types d’investisseurs en offrant une expérience digitale, alliant performance, simplicité et sécurité ». Les fonctionnalités proposées couvrent une gamme étendue d’instruments financiers, notamment les actions et les obligations, offrant ainsi une flexibilité accrue dans la gestion des portefeuilles d’investissement.
Cette convergence d’initiatives n’est pas fortuite. Elle reflète une dynamique institutionnelle portée par les autorités pour moderniser l’infrastructure financière du pays et stimuler le développement du marché des capitaux, longtemps resté en marge du financement de l’économie nationale. La BDL, troisième acteur majeur de ce mouvement de digitalisation, a clairement affiché ses ambitions lors de sa participation au Salon des banques, assurances et produits financiers « Expo Finances 2025 ». Abdelhakim Hafed, cadre de l’établissement, a déclaré que l’année 2026 sera « exceptionnelle » pour la banque, avec un accent particulier mis sur « le développement de la numérisation et l’amélioration de la qualité des services destinés aux particuliers et aux entreprises ».
La stratégie de la BDL ne se limite pas à la dimension boursière. L’établissement prévoit également une extension significative de son réseau commercial, particulièrement dans les nouvelles wilayas du Grand Sud et des Hauts Plateaux, afin d’améliorer la couverture bancaire et de « mieux accompagner les particuliers et les opérateurs économiques en facilitant l’accès aux services bancaires modernes ». Cette approche intégrée témoigne d’une vision globale où digitalisation et maillage territorial se complètent pour favoriser l’inclusion financière.
L’année 2025 a d’ailleurs été marquée par plusieurs innovations significatives. La BDL a lancé l’application WIMPAY BDL pour les opérations de paiement instantané et, plus récemment, un service de paiement électronique depuis l’étranger vers l’Algérie via les cartes internationales Mastercard, une première au niveau national. Ce dernier dispositif permet aux entreprises algériennes de commercialiser leurs produits et services à l’international via une plateforme électronique sécurisée conforme aux normes internationales, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour le commerce extérieur.
Ces avancées technologiques s’inscrivent également dans un contexte de développement du marché boursier algérien. La BDL a été introduite à la Bourse d’Alger début 2025, après une opération de souscription réussie totalisant 61,88 milliards de dinars, succédant ainsi au CPA qui avait franchi le pas en 2024. Ces opérations d’ouverture du capital des banques publiques constituent des signaux forts destinés à redynamiser un marché des capitaux encore peu développé et à diversifier les sources de financement de l’économie nationale, trop dépendante du crédit bancaire traditionnel.
Amar Malki

