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Une année charnière pour l’économie nationale

Diversification, grands projets et leadership continental marquent une transformation profonde de l’économie nationale.

L’Algérie a franchi en 2025 une étape décisive dans sa mutation économique. Entre croissance robuste hors hydrocarbures, mise en service de méga-projets miniers et affirmation de son leadership africain, le pays consolide les fondations d’une économie résiliente et diversifiée. Cette année marque un tournant historique vers la souveraineté économique, portée par des investissements massifs et des réformes structurelles.

Les indicateurs économiques confirment cette dynamique positive : une croissance de 3,8% sur l’année, tirée par une expansion de 5,4% du secteur hors hydrocarbures, une inflation maîtrisée à 1,7%, des réserves de change confortables et un endettement extérieur quasi inexistant. Cette performance traduit l’efficacité des politiques publiques engagées pour accélérer la diversification et réduire la dépendance aux hydrocarbures.

Une croissance portée par la diversification sectorielle

L’économie algérienne a démontré sa capacité de résilience et de diversification en 2025. Selon la Banque mondiale, la croissance de 4,1% au premier semestre, portée à 3,8% sur l’ensemble de l’année, résulte principalement des secteurs hors hydrocarbures qui affichent une expansion de 5,4%. L’Office national des statistiques confirme cette tendance positive, relevant les effets bénéfiques des efforts de diversification. Au deuxième trimestre 2025, l’industrie a enregistré une hausse de 6,4%, le commerce 6,7%, l’agriculture 4,5%, et le secteur de l’électricité et du gaz 9,7%. Le PIB du premier semestre s’est établi à 19.433 milliards de dinars, soit près de 150 milliards de dollars. Le secteur agricole, considéré comme stratégique, a consolidé ses performances avec une contribution au PIB d’environ 15% et une valeur de production dépassant 37 milliards de dollars. Plusieurs filières ont atteint des niveaux record : pomme de terre, tomate industrielle, oignon, dattes, agrumes et viandes blanches. Le secteur emploie plus de 2,7 millions de travailleurs. L’industrie représente près de 50% des nouveaux investissements enregistrés auprès de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement. La production industrielle du secteur public a progressé de 6,3% au deuxième trimestre 2025, soutenue par les performances de l’énergie, des mines et carrières, ainsi que des matériaux de construction. Le secteur du logement a été dynamisé par le lancement du programme AADL3 sur l’ensemble du territoire national, dans le cadre de l’ambitieux objectif de réalisation de deux millions d’unités à l’horizon 2029. L’hydraulique s’est renforcée avec la mise en service de cinq grandes usines de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 300.000 m³/jour chacune, portant à 19 le nombre total de stations opérationnelles.

Gara Djebilet : Le fer algérien entre dans l’histoire

Le secteur minier reste cependant au cœur de cette transformation économique. Le projet d’exploitation du minerai de fer de Gara Djebilet à Tindouf constitue l’événement économique majeur de 2025. Avec ses réserves estimées à 3,5 milliards de tonnes, cette mine figure parmi les plus grandes au monde et représente un tournant historique pour l’Algérie indépendante. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné que cette exploitation locale incarne une nouvelle orientation fondée sur la souveraineté économique et la diversification des ressources hors hydrocarbures. Lancés en juillet 2022, les travaux ont progressé à un rythme remarquable, avec la mise en service de l’usine de traitement primaire prévue pour le premier trimestre 2026.

L’infrastructure ferroviaire accompagnant ce projet impressionne par son ampleur : la ligne Tindouf-Béchar, longue de 950 kilomètres, sera totalement achevée début 2026 pour acheminer le minerai vers le complexe sidérurgique de Tosyali à Bethioua. Cette réalisation, menée exclusivement par des compétences algériennes, témoigne du savoir-faire national dans les grands projets d’infrastructures. L’impact économique attendu dépasse les frontières nationales. Une fois opérationnel, le site créera des milliers d’emplois directs et indirects, tout en positionnant l’Algérie comme acteur majeur sur le marché mondial du fer. Ce projet stratégique illustre la volonté du pays de valoriser ses ressources minérales et de conquérir de nouveaux marchés d’exportation hors hydrocarbures.

Le phosphate de Bled El Hadba : Une arme économique stratégique

Autre projet minier d’envergure qui a connu des avancées majeures en 2025, le projet intégré de phosphate de Bled El Hadba à Tébessa représente un autre pilier de la transformation économique algérienne. Suivant de près les directives présidentielles, ce mégaprojet a connu une accélération décisive en 2025, avec l’achèvement des ultimes ajustements avant sa mise en exploitation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec des réserves de 1,2 milliard de tonnes à Bled El Hadba et plus de 3 milliards de tonnes dans l’est du pays, l’Algérie figure parmi les dix premiers détenteurs mondiaux de phosphate. La capacité de production annuelle passera de 2,5 à 10,5 millions de tonnes, générant des revenus estimés à 2 milliards de dollars par an. L’infrastructure ferroviaire de 422 kilomètres reliant Bled El Hadba au port d’Annaba a franchi des étapes déterminantes, avec l’achèvement de tous les ouvrages d’art. Cette ligne permettra le transport de plus de 10 millions de tonnes de phosphate par an destinées au traitement, à la transformation et à l’exportation vers les marchés internationaux. Réalisé entièrement par des Algériens dans le cadre d’un partenariat entre Sonatrach et Sonarem, ce projet créera environ 12.000 emplois directs. Il offrira des perspectives prometteuses aux jeunes diplômés des wilayas de l’est, dans les domaines des mines, des travaux publics, des ressources en eau et des technologies modernes. Le président Tebboune a qualifié la production de minerais et d’engrais de nouvelle arme dans le monde, soulignant l’importance stratégique de ce secteur pour l’économie nationale. Au-delà de Gara Djebilet et Bled El Hadba, d’autres initiatives majeures ont progressé significativement. La mine de zinc et de plomb d’Oued-Amizour à Béjaïa, avec ses réserves exploitables de 34 millions de tonnes et sa production annuelle prévue de 170.000 tonnes de concentré de zinc, dynamise le secteur minier. Ce site créera 786 emplois directs et plus de 4.000 emplois indirects, pour un chiffre d’affaires annuel de 215 millions de dollars. La promulgation de la nouvelle loi minière en 2025 constitue une avancée législative majeure. Elle comprend des mesures incitatives destinées à attirer les investisseurs tout en respectant les normes environnementales et en préservant les ressources nationales. Cette réforme vise à consolider la souveraineté économique et à diversifier les sources de revenus hors hydrocarbures.

Énergie: Une cadence de réalisation impressionnante

Le secteur énergétique a également connu en 2025 une dynamique sans précédent, marquée par l’accélération de plusieurs projets d’infrastructures stratégiques

Dans le domaine des hydrocarbures, Sonatrach a conclu de nombreux accords d’exploration avec de grandes compagnies internationales. Le succès de l’appel d’offres Algeria Bid Round 2024 confirme l’attractivité du climat des affaires dans le secteur, grâce aux réformes mises en œuvre et à la confiance internationale dans le cadre juridique algérien. Les énergies renouvelables progressent également avec le programme d’installation de 15.000 MW d’ici 2035. Les stations de la première phase, estimée à 3.200 MW en photovoltaïque, connaissent un bon avancement et devraient être opérationnelles en 2026. La stratégie nationale de développement de l’hydrogène, lancée en 2023, enregistre des progrès significatifs, avec le lancement du corridor sud SoutH2 et du projet de connexion électrique Medlink reliant l’Algérie à l’Italie.

Lutte contre l’informel : La fin du règne du cash

L’année économique a également été marquée par des réformes importantes pour assainir la sphère économique. Au-delà des mesures prises pour renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent à travers le renforcement des mesures de vigilance, la publication de plusieurs rapports d’évaluation des risques sectorielles, ainsi que la création d’un fichier des bénéficiaires réels des entreprises et associations, l’Algérie a franchi un cap décisif dans sa lutte contre l’économie informelle, avec l’interdiction du versement de sommes en espèces dans les comptes commerciaux. Cette mesure radicale, prise par la Banque d’Algérie, vise à réduire le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale dans un contexte où des sommes colossales circulent en dehors des circuits bancaires. La décision fait suite aux avertissements répétés du président Tebboune qui, en juillet dernier, avait décrété que l’économie informelle devait disparaître, dénonçant ceux qui possèdent des appartements pleins de billets de banque. Le régulateur justifie cette interdiction par le niveau de risque élevé associé aux dépôts en espèces.

Cette mesure s’inscrit dans les efforts de l’Algérie pour sortir de la liste grise du Groupe d’action financière, l’organisme international qui traque le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. 

Leadership africain et intégration continentale

L’année 2025 a, enfin, confirmé le rôle moteur de l’Algérie dans l’intégration économique africaine. En accueillant de grands événements continentaux et en lançant des initiatives stratégiques, le pays a démontré son engagement en faveur du développement du continent. La quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine tenue à Alger a constitué l’événement phare de l’année. Avec 2.148 exposants et 112.476 visiteurs, cette édition a enregistré un montant record de 48,3 milliards de dollars de contrats, dépassant l’objectif initial de 44 milliards. L’Algérie s’est taillée la part du lion avec 23 milliards de dollars de contrats signés. La Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et de technologies de santé, organisée sous le haut patronage du président Tebboune en collaboration avec l’OMS, a réuni des ministres de plus de 29 pays africains. L’adoption de la Déclaration d’Alger a fixé une vision commune pour le développement de l’industrie pharmaceutique continentale, avec la levée des barrières réglementaires et l’harmonisation des procédures. La Conférence africaine des startups a rassemblé plus de 200 exposants et investisseurs africains et internationaux, confirmant l’ambition de bâtir un écosystème africain interconnecté fondé sur l’innovation et l’entrepreneuriat. La Déclaration d’Alger issue de cette rencontre engage les participants à soutenir les startups du continent pour étendre leurs activités vers les marchés régionaux et internationaux.

L’Algérie a également porté la voix du continent lors du Sommet du G20 à Johannesburg, où le président Tebboune a plaidé pour l’annulation ou la conversion de la dette des pays en développement en investissements directs et productifs, soulignant l’urgence de faire face aux défis politiques et économiques menaçant la cohésion mondiale.

L’année 2025 restera donc dans les annales comme un tournant décisif pour l’économie nationale au cours de laquelle l’Algérie jette les bases d’une transformation économique profonde. Cette dynamique, portée par une vision stratégique claire et des investissements massifs dans les infrastructures et les secteurs productifs, positionne le pays sur la voie de la souveraineté économique et de la diversification durable.

Sabrina Aziouez

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