Aïmene Benabderrahmane depuis Oran : Les propos de Macron sont « inacceptables »
Les propos tenus par le président français, Emmanuel Macron, continuent de susciter l’indignation et laisse entrevoir une crise diplomatique profonde. Des propos scandaleux et inacceptables qui portent atteinte à l’histoire, à la mémoire et à l’identité de l’Algérie.
Hier, c’est le Premier ministre qui a vivement réagi au dérapage du chef de l’État français. En marge de sa visite à Oran, AïmeneBenabderrahmane a indiqué que l’Algérie «ne saurait être affectée par des déclarations qui tentent de porter atteinte à son histoire et à ses racines ». Le Premier ministre, ministre des Finances, a ajouté dans ce sens que les dernières déclarations du président français, Emmanuel Macron, sur l’histoire de l’Algérie « sont inacceptables ». « Nous n’accepterons jamais ce genre de déclarations, car l’Algérie est un peuple et une nation debout ayant marqué l’Histoire. Il suffit de se référer à Imedghassen, Massinissa et l’Emir Abdelkader », a souligné le chef de l’Exécutif.
Les propos tenus par Emmanuel Macron, lors d’une rencontre avec ce qu’il a appelé « les enfants de la guerre d’Algérie » et rapporté par le quotidien « Le Monde » sont plus que scandaleux. Il a remis en cause l’existence de la Nation algérienne avant la colonisation versant sans gêne dans le discours usité par la droite et l’extrême droite françaises sur les prétendus bienfaits de la colonisation. Il a également prétendu que l’histoire « officielle » a été réécrite et bâti sur « une haine de la France » avant d’ajouter que l’Algérie vivrait sur une rente mémorielle. Ce qui n’a pas manqué de provoquer l’ire et l’indignation des Algériens. Samedi, la présidence de la République a dénoncé un propos qui porte atteinte aux 5,63 millions de martyrs tombés en résistant au colonialisme. Les propos du président français ont été largement condamnés par la classe politique. C’est un nouvel incident qui risque d’ailleurs de mettre en péril les relations algéro-françaises, d’autant que les appels se multiplient pour revoir ces relations et prendre des mesures coercitives.
Revoir les relations algéro-françaises
C’est le cas de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) qui a soulignéhier dans un communiqué, qu' »il est temps de revoir les relations algéro-françaises » et « d’évaluer tous leurs aspects ».Cela constitue « une priorité » et « une responsabilité nationale », selon l’ONM qui a relevé l’urgence de « réfléchir sérieusement à une évaluation de tous les aspects » des ces relations bilatérales.L’ONM, qui rejette l’interprétation tendancieuse par le président français des faits de notre histoire nationale », souligne que Macron aurait du prendre conscience que le pays dont il évoque, avec mépris, l’histoire ancestrale, a su façonner l’histoire au moment où son pays sombrait dans un profond sommeil », lit-on dans le communiqué. Pour sa part, l’Assemblée populaire nationale a indiqué hier dans un communiqué que les propos d’Emmanuel Macron « mettent à rude épreuve les relations entre les deux pays ». Et d’ajouter que l’avenir d’un « partenariat exceptionnel » entre l’Algérie et le France a pris un coup. L’Algérie, affirme encore le même communiqué, « ne peut pas plier devant une tentative désespérée de la rabaisser, une tentative qui n’a pour objectif que de répondre à des calculs de campagne électorale». Il est utile de noter que le dérapage de Macron a également fait réagir Jean Ziegler, vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Dans une déclaration à la Radio algérienne, Jean Ziegler a estimé qu’ « Emmanuel Macron a tort », et que ses propos « sont scandaleux », avant de rappeler au président français que les « crimes coloniaux sont des crimes contre l’Humanité ».
Chokri Hafed